"La question de l'inflation doit devenir une priorité politique", a lancé Sophie Michaud Gigon, secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs (FRC), lors d'une conférence de presse donnée au terme de la rencontre. "Nous espérons que l'intérêt médiatique va se reporter sur le débat public et politique", a-t-elle ajouté.
L'organisation d'un tel sommet a été jugée nécessaire vu la forte hausse des charges financières qui pèsent sur les consommateurs et consommatrices, et les raisons parfois opaques de cette évolution, a de son côté insisté Stefan Meierhans. Les organisations et le Surveillant des prix se sont mis d'accord pour collaborer de manière ciblée sur ce dossier.
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Des soucis financiers croissants
Les soucis financiers auxquels sont confrontés les Suisses et Suissesses vont croissant. On le voit entre autres à la multiplication des annonces envoyées chaque jour aux organisations de protection des consommateurs et au Surveillant des prix, a rappelé celui-ci.
Les doléances des consommateurs quant aux hausses de prix portent aujourd'hui sur des domaines qui suscitaient peu d'inquiétude jusqu'à présent, comme l'alimentation et l'énergie
"Les doléances des consommateurs quant aux hausses de prix portent aujourd'hui sur des domaines qui suscitaient peu d'inquiétude jusqu'à présent, comme l'alimentation et l'énergie", a indiqué Sophie Michaud Gigon. "Les préoccupations s'étendent à la classe moyenne qui se lézarde, mais aussi aux PME", s'inquiète-t-elle.
L'agenda a voulu que ce mardi la Commission fédérale de l'électricité (ElCom) annonce une hausse de 18% des tarifs pour l'approvisionnement de base. Sur l'année, la facture s'alourdira ainsi de 222 francs par rapport à 2023 pour un ménage "moyen" consommant 4500 kWh.
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Appel à La Poste et aux CFF
Rien de contraignant n'a émergé de ce premier sommet sur le pouvoir d'achat, mais plusieurs propositions et demandes ont été formulées dans une déclaration commune. Les participants attendent une retenue en matière de prix de la part de l'Etat et des entreprises proches de l'Etat, notamment La Poste et les CFF.
Les organisations de consommateurs demandent également un effort de la part des entreprises privées. Et en particulier les banques. "Lorsque les taux étaient bas, elles ont rivalisé de créativité pour prélever de nouveaux frais bancaires. En particulier pour clôturer des comptes. Aujourd'hui, la roue a tourné et les taux d'intérêt ont augmenté. Nous demandons qu'elles reviennent en arrière sur ces frais bancaires", a exigé Sara Stalder de l'organisation alémanique de protection des consommateurs (SKS).
Nous lançons un cri du coeur pour geler la hausse de primes, en attendant que les réformes qui sont actuellement sur la table aboutissent
Parmi les autres thèmes prioritaires figure la santé. "Nous lançons un cri du coeur pour geler la hausse de primes, en attendant que les réformes qui sont actuellement sur la table aboutissent", a insisté Sophie Michaud Gigon.
D'autant plus face aux augmentations de prix attendues dans le domaine de l'énergie et les hausses de prix à la consommation qui fragilisent déjà la classe moyenne.
Nouvelle rencontre début 2024
La FRC exige d'ailleurs d'augmenter la transparence sur les prix et sur les marges réalisées dans ces deux domaines du commerce alimentaire et de l'énergie. "Nous attendons en outre des milieux politiques une action rapide et résolue pour débloquer les réformes de prix" dans les secteurs de l'énergie et de la santé, ont martelé les organisations de consommateurs.
Les participants au sommet ont prévu une nouvelle rencontre au début de l'an prochain où seront invitées l'économie privée, certaines collectivités et les institutions, a précisé Stefan Meierhans.
ats/vajo
Des thèmes "secondaires" selon le PS
Le Parti socialiste suisse a réagi à ces annonces en déplorant que le Surveillant des prix ne se concentre que sur des thèmes jugés "secondaires".
Ce sans aborder dans la déclaration commune la question des loyers et des primes d'assurance maladie, décrits comme "les plus gros fossoyeurs du pouvoir d’achat" par la coprésidente du PS Suisse Mattea Meyer.