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Pour le don d’organes, il est toujours essentiel de faire connaître son choix

Swisstransplant alerte sur le manque d'organes disponibles en Suisse. [Keystone - Martial Trezzini]
Mise en place compliquée de la nouvelle loi en Suisse sur le don d’organes / La Matinale / 4 min. / le 7 septembre 2023
La révision de loi sur la transplantation acceptée par le peuple l'an dernier ne devrait pas être mise en oeuvre avant 2025, selon Swisstransplant. La Fondation nationale suisse pour le don d’organes rappelle l'importance de consigner sa décision.

Actuellement, de nombreux partisans du don d'organes pensent qu'avec le référendum de l'an dernier, l'expression de la volonté n'est plus nécessaire. "Elle reste cependant centrale", a signalé mercredi Franz Immer, chirurgien cardiaque et directeur de Swisstransplant, la fondation pour le don d'organes.

Et même avec l'application du consentement présumé au sens large, "le fait de connaître le souhait de la personne décédée est un grand soulagement", a-t-il dit.

Le 15 mai 2022, le peuple suisse approuvait le principe du consentement présumé pour le don d'organes. Ainsi à l'avenir, chaque personne sera en principe considérée comme donneuse, sauf si elle a précisé de son vivant qu'elle ne le voulait pas.

>> Relire : La Suisse dit oui au consentement présumé du don d'organes

Pas avant 2025

La mise en oeuvre de cette révision de la loi se fera au plus tôt en 2025. C'est le temps qu'il faut pour créer un registre, estime l'Office fédéral de la santé publique. Les données sont sensibles donc il faut s'assurer qu'elles sont bien protégées.

>> Lire à ce sujet : Le consentement présumé du don d'organes ne sera pas introduit avant 2025

Mais cette attente est trop longue pour les médecins, les parlementaires et les transplantés qui se sont réunis à Berne mardi pour demander une introduction rapide du consentement présumé.

Comme un meilleur copain

"Dès que j'ai ouvert les yeux en soins intensifs, je me sentais comme si j'étais accompagnée. C'était comme si j'avais un meilleur copain qui allait partout avec moi", raconte dans La Matinale de jeudi Liz Schick qui a eu une greffe du foie il y a 25 ans.

"Je crois qu'on fait une bonne équipe. J'ai eu l'occasion de grimper le Kilimandjaro en 2003. J'ai été greffée en 1998. Avant, j'étais fâchée avec mon corps car j'avais pour habitude d'être robuste, invincible puis on m'a dit que j'étais malade. Au sommet du Kilimandjaro, j'ai fait la paix avec mon corps. C'était un moment très fort."'

Beaucoup de transplantés en attente

Mille quatre cents personnes attendent un don d'organe en Suisse. La concrétisation de la nouvelle loi est vitale pour elles car beaucoup meurent pendant cette phase d'attente.

"La mortalité en liste d'attente augmente, ce qui nous cause beaucoup de soucis. Il y a quelques années, on est parti avec 50 décès à l'année et aujourd'hui on en est à 100. Il y a essentiellement une liste d'attente pour le foie. La mortalité est très prononcée, raison pour laquelle on espère vraiment que cette loi entrera bientôt en vigueur", s'inquiète Franz Immer.

>> Pour en savoir plus, lire : En 2022, 88 personnes sont décédées alors qu'elles attendaient un don d'organes.

Pas assez de donneurs en Suisse

Il faut savoir que la Suisse est moins généreuse dans les dons d’organes que l’Italie, la France ou l’Espagne par exemple.

Mais le problème est plutôt lié à une mauvaise communication dans les familles: trop peu de personnes disent ce qu’elles veulent faire de leurs organes en cas de décès. Et, dans le doute, dans un moment très difficile comme le décès d’un proche, l’entourage risque de dire non.

>> En savoir plus sur le manque de dons d'organes : La pénurie de don d'organes persiste, malgré un nombre de donneurs stable

Se positionner clairement

Le consentement présumé permettra de partir du principe que la personne est d’accord de donner ses organes si elle n’a rien précisé. Mais les médecins devront continuer à consulter les proches. Se positionner clairement est et sera donc essentiel pour faire don de ses organes. Pour cela, en parler à ses proches suffit ou il est aussi possible de demander une carte de donneur, demander à ce que ce soit inscrit dans son dossier électronique de patient ou faire des directives anticipées.

Aux soins intensifs, le fait de connaître les souhaits des patients et patientes simplifie aussi la démarche en permettant d’aller plus vite. Et le temps est déterminant pour sauver une vie et même plusieurs vies, comme le dit Liz Schick.

"Sans le don je serais morte et à ce moment-là, j'avais des enfants de 5 et 8 ans. Avec le don, on peut sauver plusieurs personnes: le bien-être et la vie de tout leur entourage! Quand ça marche, c'est un don de vie et ça, ça ne s'achète pas."

Tous donneurs, peu importe l'âge

Pratiquement tout le monde est donneur potentiel, peu importe l'âge et l'état de santé, explique Franz Immer.

"Le donneur le plus âgé l'année passée avait 88 ans. Il n'y a pas de limite d'âge et presque pas de critères d'exclusion pour un don médical, même si l'on a une tumeur, un diabète ou des infections."

Sujet radio: Alexandra Richard

Adaptation web: juma

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