Le Parti vert'libéral (PVL) avait fait un carton aux dernières élections fédérales. La formation, née en 2004 d'une scission au sein des Verts zurichois, passait à 16 élus au Conseil national, soit un gain de neuf sièges.
Son objectif cet automne est de franchir la barre des 10% de force électorale à la Chambre du peuple (contre 7,8% en 2019) et de revenir au Conseil des Etats, après une absence de deux législatures.
Mais le PVL va peut-être tomber sur un os: selon le dernier baromètre électoral de la SSR, il perdrait quelques plumes (-0,5% par rapport au score de 2019).
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"Il faut être ambitieux"
Michel Matter se dit toutefois optimiste. "Dans la vie, il faut être ambitieux", lance le conseiller national genevois au micro de La Matinale.
A la question de savoir s'il n'entretient pas des ambitions un peu plus réalistes, il répond: "Si nous pouvons garder les sièges que nous avons et en obtenir de nouveaux; et que nous pouvons entrer au Conseil des Etats, nous aurons réalisé la campagne que nous souhaitons."
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Objectif Conseil fédéral?
Réclamer une place au gouvernement est-il envisageable? Tout dépendra des "équilibres" qui se dégageront des urnes le 22 octobre, soutient Michel Matter. L'élu genevois inclut dans l'équation les Verts - dont le positionnement est, rappelons-le, fermement à gauche. Les deux principaux partis écologistes de Suisse représentent ensemble un électeur sur cinq au niveau national. "On ne peut pas continuer avec 20% de la population qui n'est pas représentée au Conseil fédéral", estime Michel Matter.
Nous sommes là pour le compromis, pour amener des idées et faire avancer la Suisse
Le médecin genevois soutient par ailleurs que la question européenne doit être portée au gouvernement: "On voit qu'il y a des blocages dans le dossier européen, où le Conseil fédéral tire la prise sans plan B, sans même oser aller devant le peuple. Nous sommes là pour le compromis, pour amener des idées et faire avancer la Suisse", déclare-t-il.
Michel Matter insiste sur cette volonté de se rapprocher des institutions européennes, qui est au cœur du credo vert'libéral. Il lie cette position politique à d'autres sujets mis en avant par son parti: "On parle très peu des PME, des start-ups, de la recherche et de l'innovation. Pourtant, notre futur est fait par les PME, la recherche et l'innovation!"
Une écologie orientée solutions
Mais on ne peut pas avoir le mot "vert" dans le nom de son parti sans aborder la question sous l'angle de l'écologie, que le PVL veut pragmatique.
"Je crois que ce qui ne marche pas, c'est le dogme, l'idéologie. Notre écologie veut soutenir et chercher des solutions. C'est pourquoi nous sommes très forts dans le dossier européen, parce que nous voulons être proches des PME et des entreprises. Ce sont elles qui ont les solutions pour demain", affirme Michel Matter.
Il faut dire stop au gaspillage, qu'il soit alimentaire ou énergétique
Au centre de ces préoccupations écologistes, la question de l'énergie tient une place centrale: "Le [barrage au] Grimsel a été achevé en 1932. Il y a un siècle, des gens se sont dit qu'ils devaient faire quelque chose du point de vue de l'énergie. Nous devons faire beaucoup plus, que ce soit avec le soleil, l'eau ou le vent. Il y a des ressources naturelles et renouvelables. Il faut y aller! (…) Nous devons devenir efficients dans le pays. Il faut dire stop au gaspillage, qu'il soit alimentaire ou énergétique. On doit apprendre et éduquer", développe le vice-président du PVL.
Volonté de créer des compromis
Les Vert'libéraux se réclament d'une position centriste et se voient comme des facilitateurs au sein des hémicyles. A l'image du président du Centre Gerhard Pfister, Michel Matter exprime une certaine préoccupation vis-à-vis de la polarisation du paysage politique suisse.
"Mon grand souci aujourd'hui, c'est que les forces de compromis ne soient pas suffisamment fortes et que la Suisse avance uniquement par initiative et référendum", déclare-t-il.
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Texte web: Antoine Michel
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