L'étude du professeur Frédéric Varone a porté sur plus de 4600 citoyens qui ont été invités à répondre à un questionnaire. Il s'agissait de connaître leur position par rapport à des sujets comme l'âge de la retraite, l'adoption d'enfants par des couples de même sexe ou encore l'achat de nouveaux avions de combat.
En parallèle, les chercheurs se sont rendus au Palais fédéral pour y interroger des élus fédéraux. Au total, 124 conseillers nationaux et 27 conseillers aux Etats ont participé à l'enquête. Les questions portaient sur les mêmes thèmes que ceux sur lesquels leurs électeurs se sont prononcés.
Des électeurs moins conservateurs qu'estimé
La perception des uns et des autres a ensuite été comparée. Il ressort de l'étude que les élus peinent à estimer le niveau d'approbation de leur électorat. L'écart est de l'ordre de 18%. En outre, dans 29% de leurs estimations, les élus ne parviennent pas à évaluer correctement où se situe la majorité de leur électorat.
Selon l'étude, les élus parlementaires sont affectés par un "biais de conservatisme". En d'autres termes, ils voient souvent leurs électeurs plus conservateurs qu'ils ne le sont en réalité. Ce constat est valable aussi bien pour des questions fiscales que pour des sujets de société.
Les élus ont également tendance à projeter "leurs préférences sur celles de leurs électeurs", pensant "de manière erronée", que leurs ceux-ci partagent leurs positions. Les parlementaires font toutefois de meilleures estimations sur des sujets au coeur du programme politique de leur parti.
Démocratie directe
La démocratie directe apparaît être une aide précieuse pour les élus parlementaires. Ils perçoivent en effet "plus correctement les préférences de leurs électeurs sur des propositions politiques qui ont déjà été soumises" à une votation. Le résultat des scrutins s'avère être une source d'information "précieuse".
Enfin, les parlementaires les moins bien élus sont ceux "qui font probablement le plus d'efforts", une fois en place, pour mieux connaître les préférences de leur électorat, par crainte de passer à la trappe lors de la prochaine élection. L'étude atteste donc des effets positifs de la compétition électorale entre candidats.
ats/ther