Chiesa, Wermuth, Nantermod, Pfister, Glättli et Matter, les dirigeants des principaux partis à l'interview
Marco Chiesa, président de l'UDC
Grande perdante il y a quatre ans, l'UDC entend réagir le 22 octobre et les sondages laissent présager un rebond. Le conseiller aux Etats tessinois Marco Chiesa, qui dirige le parti depuis trois ans, reste toutefois prudent: "Beaucoup de monde, surtout dans les médias, nous voient déjà ouvrir le champagne. Moi, franchement, je prépare de l'Ovomaltine, parce qu'on vient de commencer la campagne."
L'immigration et la sécurité de l'approvisionnement énergétique sont au coeur de la campagne du premier parti de Suisse. "L'immigration a des conséquences extraordinaires sur notre pays. Nous sommes déjà 9 millions et nous filons vers la barre des 10 millions de personnes. Chaque année, 80'000 personnes arrivent (...) Ce sont des thèmes sur lesquels l'UDC a toujours eu une clarté et une cohérence. Ce sont ces positions qui vont mobiliser les personnes", estime Marco Chiesa.
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Cédric Wermuth, co-président du PS
Le Parti socialiste entend assurer sa place de deuxième parti de Suisse. Son objectif est d'arrêter sa chute entamée depuis deux décennies et de stopper la fuite des voix vers ses "cousins" écologistes. Le conseiller national zurichois Cédric Wermuth, qui co-préside le PS avec Mattea Meyer depuis 2020, se dit "assez confiant", car "la gauche est plus forte que jamais dans ce pays".
Cette année, le PS mise sur le pouvoir d'achat, l'égalité et le climat pour convaincre. "Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, une majorité de la population connaît un perte de pouvoir d'achat trois ans de suite", rappelle-t-il. Et d'ajouter: "Depuis des mois, voire des années, le PS a essayé de mettre en avant le danger d'une crise sociale en Suisse. Ce n'est pas seulement une crise conjoncturelle, mais une crise structurelle - les loyers, surtout dans les villes, augmentent sans contrôle, les primes maladie explosent... Nous avons vu venir cette situation. Mais le Parlement, à majorité de droite, a refusé d'en prendre conscience."
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Philippe Nantermod, vice-président du PLR
Après avoir perdu des plumes il y a quatre ans, le PLR se montre conquérant et veut ravir au PS la place de deuxième parti du pays. Pour son vice-président Philippe Nantermod, par ailleurs conseiller national valaisan, "cette place sur le podium politique nous garantit notre présence au Conseil fédéral et permet à la Suisse de maintenir un gouvernement de droite - centre-droit qui a fait le succès de notre pays au cours des dernières décennies".
Philippe Nantermod estime aussi que la vague verte d'il y a quatre ans, qui a coûté des voix à son parti, a finalement débouché sur "peu de solutions concrètes", alors que l'économie suisse et européenne est à la traîne: "Cela fait quinze ans qu'on n'a pas de croissance." Et le "peu de croissance" est aspiré par les primes maladie et les retraites, selon lui. Il y a également un problème dans l'apprivoisement de l'électricité et les assurances sociales. "Ce sont des sujets sur lesquels la population attend des réponses, parfois difficiles à entendre, mais nécessaires pour aller dans la bonne direction."
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Gerhard Pfister, président du Centre
Le Centre veut que son nouveau nom soit bel et bien le reflet de son positionnement. Dans sa campagne pour les élections fédérales, l'ex-PDC met en avant son rejet de la polarisation et sa volonté de tisser des compromis à Berne. Il en va de la cohésion du pays, estime son président Gerhard Pfister. Et de répondre à ceux qui critiquent cet argumentaire: "La gauche dit que nous sommes trop à droite, la droite dit que nous sommes trop à gauche. Cela signifie que nous sommes le centre." Or, selon lui, une majorité des adhérents soutiennent ce positionnement à cheval entre les blocs. Les sondages prédisent d'ailleurs une progression du parti en octobre.
Le Centre se donne ainsi pour tâche principale de "préserver la cohésion", déclare celui qui est aussi conseiller national zougois. A Berne, le parti veut être celui qui façonne des majorités pour aller de l'avant. A l'occasion des élections fédérales, les centristes refusent donc les positions radicales. Comme autres axes de campagne, Gerhard Pfister évoque un frein aux coûts de la santé pour contrer l'augmentation des primes d'assurance maladie et l'adaptation des rentes AVS à l'inflation.
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Balthasar Glättli, président des Vert-e-s
Après la vague verte de 2019 et un bond à 13,2% des suffrages, les Vert-e-s espèrent pérenniser leur succès en octobre, malgré des sondages plutôt défavorables. Pas de quoi décourager le président du parti Balthasar Glättli, qui rappelle qu'il y a quatre ans les écologistes avaient fait la différence dans les jours précédant le vote. "Le travail le plus difficile est de convaincre les gens concernés par le climat que c'est le bon moment d'aller aux urnes, ce qu'on a réussi à faire il y a quatre ans dans les semaines qui ont précédé l'élection", note le conseiller national zurichois.
Pour séduire, le parti écologiste entend encore incarner le tournant climatique, qu'il soit financier, énergétique ou agricole. "Un de nos plus grands succès, c'est d'avoir abouti à la continuation d'un cadre soutenant et garantissant la création du photovoltaïque et des énergies renouvelables. On cherche aussi à créer un équilibre entre la construction de ces énergies et la protection de la nature", conclut Balthasar Glättli.
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Michel Matter, vice-président des Vert'libéraux
Le Parti vert'libéral avait fait un carton aux dernières élections fédérales avec un gain de neuf sièges, pour un total de seize élus. Si les sondages ne sont pas forcément favorables, l'objectif est maintenant de franchir la barre des 10% au Conseil national et de revenir au Conseil des Etats, confie Michel Matter, vice-président du parti.
Pour y parvenir, le conseiller national genevois rappelle les positions de son parti, qui est favorable à l'innovation et aux entreprises pour trouver des solutions aux enjeux écologiques. Il soutient par ailleurs que la question européenne doit être portée au gouvernement. Il lie cette position politique à d'autres sujets mis en avant par son parti: "On parle très peu des PME, des start-ups, de la recherche et de l'innovation. Pourtant, notre futur est fait par les PME, la recherche et l'innovation!" Et Michel Matter de conclure: "Je crois que ce qui ne marche pas, c'est le dogme, l'idéologie. Notre écologie veut soutenir et chercher des solutions.
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RTSinfo