Les propos sont d'une rare violence et font froid dans le dos. Dans le courrier anonyme que Mathilde Marendaz a reçu chez elle cette semaine, on lui souhaite la mort. "Tu vas brûler comme Jeanne d'Arc", peut-on lire entre autres.
Le ou les auteurs menacent aussi de lui enfoncer "une lame de 20 centimètres" dans la colonne vertébrale. "Non, on ne va pas te tuer, mais t'handicaper à vie sale p***", poursuit le document.
La lettre anonyme a été partagée sur Instagram par l'élue d'Ensemble à Gauche qui se dit très affectée par ces menaces et a annoncé qu'elle allait déposer une plainte pénale.
Pas un cas isolé
Mais Mathilde Marendaz n'est de loin pas la seule élue à être menacée. En Suisse, les témoignages de politiciennes et politiciens victimes d'insultes ou de menaces sont légion et ce, à tous les échelons politiques.
A l'image du cas de l'élue vaudoise, les menaces peuvent parfois être très violentes. Elles se matérialisent par des lettres, des e-mails ou des colis mais peuvent aussi se présenter sur les réseaux sociaux ou même directement dans la rue. Il n'est d'ailleurs plus rare de voir des élus sous protection policière lors de certaines apparitions publiques.
Difficile à chiffrer
Il existe des statistiques pour les personnes protégées par la police fédérale, à savoir les conseillers fédéraux, les parlementaires et les employés de la Confédération. Ainsi, Fedpol a dénombré l'an dernier 528 signalements de menaces, 68 étant effectives et pénalement répréhensibles.
Pourtant, le phénomène global reste difficile à chiffer. De l'aveu même de la police fédérale, ces données ne représentent que la pointe de l'iceberg, car toutes les menaces ne sont pas systématiquement signalées.
En 2021, au plus fort de la crise sanitaire, le nombre de menaces envers le corps politique avait littéralement explosé, avec 1215 signalements sur l'année. Depuis, le climat s'est un peu apaisé, mais le nombre de signalements reste à un haut niveau. Selon Fedpol, "le ton demeure particulièrement violent et le contenu des menaces très préoccupant".
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La police fédérale pointe en particulier les réseaux sociaux, où les débats sur des thèmes polarisants se font sans retenue et avec un certain sentiment d'impunité.
Des politiciens visés lors des élections et des votations
En pleine campagne pour les élections fédérales, la classe politique connaît une période de forte attention médiatique. En plus des insultes ou menaces, il est courant de voir certaines affiches arrachées ou taguées.
Cette semaine, dans le canton de Fribourg, des affiches du PLR ont par exemple été vandalisées avec des tags où l'on pouvait lire "arrêtez de voter pour des nazis". A Zurich aussi, une affiche de campagne d'Andri Silberschmidt (PLR) a été dégradée, avec des symboles censés rapprocher le conseiller national sortant d'Adolf Hitler et du nazisme.
Mais les campagnes électorales sont toutefois souvent moins vives que lors de certaines votations, très polarisantes. En 2021, lors des initiatives sur les pesticides, le climat avait par exemple été très délétère, avec de nombreuses menaces de mort, des insultes, des affiches taguées ou incendiées. Une élue verte avait même fini sous protection policière après un débat à la télévision.
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Valentin Emery/ther