La Confédération et les cantons doivent accélérer les procédures d'autorisation relatives aux installations de production d'énergies renouvelables et aux réseaux électriques, estime l'AIE dans un audit présenté lundi à Berne par sa directrice exécutive adjointe Mary Burce Warlick.
Le conseiller fédéral Albert Rösti, également présent, a déclaré que le Conseil fédéral avait déjà reconnu le besoin d'accélérer les procédures en la matière, notamment en soumettant au Parlement une proposition en ce sens. Il a déclaré que ce point était "le plus grand défi dans la décentralisation de la production d'énergie".
Manque de main d'oeuvre qualifiée
Si elle salue les offensives solaire et éolienne du pays, l'AIE évalue le manque de main-d'oeuvre qualifiée en lien avec les énergies renouvelables comme un obstacle. Notamment pour l'installation de pompes à chaleur ou l'installation de bornes de recharge pour les véhicules électriques.
L'agence basée à Paris conseille de plus à la Suisse de conclure un accord sur l'électricité avec l'Union européenne, notamment afin de réduire les coûts des consommateurs helvétiques.
Sur ce point, Albert Rösti a indiqué que des discussions sont en cours, notamment au sein de son département. Le ministre de l'Energie a dit que, si un tel accord aiderait la Suisse, il serait aussi bénéfique à l'UE. Le sud de l'Allemagne en tête, l'UE a par exemple fait appel à la Suisse trois fois l'hiver dernier pour son approvisionnement en électricité.
Le conseiller fédéral précise toutefois que les chances effectives d'un tel accord se situent à un autre niveau, plus précisément sur le plan institutionnel. C'est de ce facteur que dépend un éventuel mandat de négociations pour un accord sur l'électricité avec l'UE qui pourrait être présenté au Parlement à la fin de cette année ou l'année prochaine.
"Nous ne devons cependant pas oublier que si l'Europe est confrontée à une pénurie d'électricité, un accord sur l'électricité ne nous sera d'aucune aide. Ce dont nous avons besoin en premier lieu, c'est de production indigène", a dit Albert Rösti.
Pas de mesures contraignantes
Alors que l'AIE demande à la Suisse d'accélérer sa transition énergétique, certaines résistances semblent se faite sentir au sein de la population. En Valais par exemple, le peuple vient de rejeter un décret permettant d'accélérer les procédures d'autorisation des grands projets solaires alpins.
>> Relire : Rejet du décret sur les grands parcs solaires alpins en Valais
Albert Rösti ne s'en inquiète toutefois pas, estimant qu'il s'agissait d'un refus "de couvrir une grande partie de nos alpages avec des panneaux solaires" et non pas un rejet des parcs alpins en général.
S'il reconnaît le besoin "d'accélérer les processus", le conseiller fédéral estime qu'il est important que le peuple ait son mot à dire. "On ne veut pas du tout réduire le droit du peuple à pouvoir influencer les décisions, on veut plutôt accélérer les processus", affirme-t-il dans l'émission Forum.
Il ne souhaite donc pas imposer des mesures telles que l'installation obligatoire de panneaux solaires sur les toits des particuliers par exemple, estimant que ceux-ci jouent déjà le jeu. "Les privés ne doivent pas être forcé, ils le font d'eux-mêmes", dit-il.
Une autorité de régulation pour le gaz
Concernant le gaz, l'AIE estime que la Suisse aurait besoin d'une autorité de régulation et d'une société coordonnant le réseau afin d'assurer son approvisionnement. La Confédération devrait également élaborer des stratégies nationales en matière d'hydrogène, de carburants synthétiques (e-carburants) et d'autres gaz renouvelables.
L'AIE soumet la politique énergétique de ses pays membres à un audit approfondi tous les cinq ans environ. Des experts internationaux se sont rendus en Suisse en novembre dernier. Durant une semaine, ils ont rencontré les acteurs du secteur énergétique, y compris la Confédération et les cantons, des entreprises et associations, ainsi que des ONG et des académiques, a indiqué Mme Burce Warlick.
ats/ami