Publié

Cartes sur table, quand les dirigeants des partis se dévoilent durant un repas

Avant les élections fédérales, l'émission de la RTS Mise au point a invité chaque semaine des responsables des principaux partis pour un repas au Kornhauskeller, un restaurant emblématique de Berne où se font et se défont les alliances. L'occasion de se dévoiler et de répondre aux questions d'un invité surprise.

Michel Matter (Parti vert'libéral)

Le vice-président des Vert'libéraux Michel Matter savoure un vin blanc romand pour l'apéritif. "Le canton m'est égal", précise-t-il avant de goûter à une Petite Arvine. Comme plat principal, il se délecte d'un filet de boeuf avec frites, mais sans légumes.

Le conseiller national genevois est ambitieux pour les Vert'libéraux cet automne après le score de 7,8% des voix obtenu en 2019, se félicitant de constater que son parti continue de croître en Romandie. Cet ophtalmologue de profession dit se sentir bien au sein de sa formation, "un parti du XXIe siècle", dit-il, qui allie économie et écologie.

Rejoint à table par l'ancien conseiller aux Etats verts genevois Robert Cramer, les deux hommes évoquent le poids des lobbys sous la Coupole fédérale. Michel Matter convient que celui des assureurs maladie est très présent, par exemple, pour le sucre ou le tabac.

Alors que Robert Cramer dénonce un "système de corruption institutionnalisé" avec des parlementaires qui ne font que lire les papiers qui leur sont remis, Michel Matter est plus mesuré et affirme que si tout le monde est influencé par son parcours de vie, son but à lui est en premier lieu de défendre les patients et les patientes.

Cartes sur table : Michel Matter, vice-président des Vert’libéraux
Cartes sur table : Michel Matter, Vert’libéraux / Mise au point / 7 min. / le 24 septembre 2023

Cédric Wermuth (Parti socialiste)

Co-président du Parti socialiste (PS), Cédric Wermuth préfère prendre une bière pour l'apéritif avant de s'attaquer avec appétit à un plat bernois, avec jambon, lard, saucisses et langue.

Comme objectif pour le mois d'octobre, le conseiller national argovien souhaite en rigolant arriver à 51% des voix avant de revenir plus sérieusement à une augmentation du nombre de voix, soit au-delà des 16,8%. "Je préférerais atteindre les 20%", conclut-il.

Pour sa première campagne fédérale à la tête du PS, il se dit surpris par "le manque d'espace pour un vrai débat politique". Et d'ajouter qu'on est "plus souvent invité à faire du théâtre que du débat politique".

C'est Nicolas Jutzet, ancien vice-président des Jeunes libéraux-radicaux suisses et désormais retraité de la politique, qui vient s'attabler avec celui qui a longtemps été l'un des animateurs des Jeunesses socialistes.

Tous deux regrettent qu'il est difficile de mettre en place des réformes en Suisse et que le Parlement est incapable de discuter des grands problèmes. "On attend que Berlin, Paris ou Washington décident pour nous et puis on change", relève Cédric Wermuth.

Cédric Wermuth : Cartes sur table
Cédric Wermuth : Cartes sur table / Mise au point / 7 min. / le 17 septembre 2023

Isabelle Pasquier-Eichenberger (Les Vert-e-s)

La vice-présidente des Vert-e-s Isabelle Pasquier-Eichenberger prend un jus de pommes local pour l'apéritif et un ragoût au quinoa en plat. Végétarienne depuis trente ans, l'élue dit manger bio de préférence.

Même si le dernier baromètre électoral prédit un recul de sa formation le 22 octobre, la conseillère nationale genevoise confie que l'ambition des Vert-e-s est de devenir le troisième parti de Suisse devant le PLR. "Les sondages montrent aussi que la question environnementale, le changement climatique, est la préoccupation majeure de la population", ajoute-t-elle.

Isabelle Pasquier-Eichenberger est rejointe pour le repas par l'infectiologue Valérie d'Acremont, par ailleurs membre d'Extinction Rebellion. La parlementaire dit comprendre l'action de ces militants et estime que "certaines politiques néo-libérales provoquent aussi de la violence". Elle regrette aussi que l'on stigmatise les gens qui se collent la main ou jouent du tennis dans une succursale bancaire.

Cartes sur table: Isabelle Pasquier-Eichenberger, vice-présidente des Verts
Cartes sur table: Isabelle Pasquier-Eichenberger, vice-présidente des Verts / Mise au point / 7 min. / le 10 septembre 2023

Marco Chiesa (UDC)

Premier Tessinois à présider l'UDC suisse Marco Chiesa choisit du vin blanc pour l'apéritif et une entrecôte pour le repas. Il regrette toutefois qu'aucun vin des caves Parmelin ne figure sur la carte.

Après le recul de l'UDC en 2019, le conseiller national espère mobiliser 100'000 électeurs et électrices pour son parti lors des élections fédérales. Il a pour cela demandé des apparentements généralisés avec le PLR.

C'est l'ancien conseiller national et ex-conseiller d'Etat valaisan Oskar Freysinger qui accompagne Marco Chiesa durant le repas. Tous deux évoquent l'énorme investissement que représente un engagement politique. "Les gens ne se rendent pas compte du sacrifice qu'est la présidence d'un parti, même si on l'assume, parce qu'on l'a décidé", note le Tessinois.

Cartes sur table : Marco Chiesa
Cartes sur table : Marco Chiesa / Mise au point / 6 min. / le 3 septembre 2023

Johanna Gapany (PLR)

Pour l'apéritif, la vice-présidente du PLR Johanna Gapany choisi un verre de vin blanc, même si elle avoue ne pas boire beaucoup en début de semaine. Celle qui adorait le riz casimir lorsqu'elle était enfant opte pour le saumon en plat principal.

La conseillère aux Etats fribourgeoise souhaite un renforcement de son parti lors des prochaines élections avec une nouvelle direction pour mener la campagne (elle et Philippe Nantermod pour la Suisse romande). "On veut transmettre une Suisse dans laquelle on permet, on motive, on encourage les gens", affirme-t-elle.

Durant le repas, Johanna Gapany a la surprise de voir arriver l'ancienne conseillère fédérale socialiste Micheline Calmy-Rey, qui a loué sa carrière fulgurante.

Toutes deux ont évoqué le fait qu'elles ont dû prendre la place d'un homme pour être élues, tout en estimant que la politique est avant tout un travail d'équipe. Et le sénatrice fribourgeoise d'assurer finalement qu'une élection au Conseil fédéral ne l'attire pas du tout.

Cartes sur table : Johanna Gapany
Cartes sur table : Johanna Gapany / Mise au point / 7 min. / le 27 août 2023

Gerhard Pfister (Le Centre)

Le président du Centre Gerhard Pfister opte pour le campari en apéritif avant de s'attaquer à une tranche de saumon. Il dit faire attention à ce qu'il mange, mais sans se montrer très assidu. "Manger est très important", avoue-t-il.

Le conseiller national zougois estime qu'être président du Centre n'est pas différent d'être président du PDC, "parce que le parti n'a pas changé". Il relève toutefois qu'il ne faut désormais plus expliquer aux électeurs et électrices qu'ils peuvent voter pour le parti même s'ils ne sont pas catholiques.

C'est la conseillère d'Etat vaudoise Valérie Dittli, également membre du Centre et originaire de la même commune que Gerhard Pfister, qui vient le rejoindre pour ce repas. Le président du Centre a avoué que son plus grand défaut était qu'il se montrait parfois trop convaincu de ses opinions, ce qui peut gêner les autres.

Cartes sur table : Gerhard Pfister
Cartes sur table : Gerhard Pfister / Mise au point / 7 min. / le 20 août 2023

Propos recueillis par Nathalie Ducommun

Adaptation web: Frédéric Boillat

Publié