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En Europe, de grandes disparités sur le nombre d'abus sexuels dans l'Eglise catholique

Un homme prie pendant la messe à l'église catholique romaine St Mary à Belfast, en Irlande du Nord. [KEYSTONE - Peter Morrison / AP Photo]
RTSreligion - Les chiffres sur les abus sexuels en contexte catholique / Chronique de RTSreligion / 2 min. / le 15 septembre 2023
Après la publication de l’enquête sur les abus sexuels commis au sein de l’Eglise catholique, comment se situe la Suisse parmi les enquêtes similaires dans les pays environnants? Elle n’est pas le premier pays où ce sujet fait l’objet d’un examen détaillé. Un peu partout, les autorités tentent de mesurer l'ampleur de la tragédie.

L’estimation la plus impressionnante est venue de France il y a deux ans. Calculée par une Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise, 330'000 victimes ont été dénombrées depuis les années 50.

D'autres chiffres ont été calculés dans les pays alentours pour la même période historique. En Allemagne, une enquête universitaire a recensé 3600 mineurs victimes. Au Portugal, une commission indépendante a identifié plus de 4800 mineurs victimes d’abus. Pour la Belgique, une instance spécialisée créée au sein de l’Eglise belge arrive à un total de 800 signalements. Des chiffres à comparer aux 1000 victimes identifiées dans le rapport suisse qui vient de sortir.

>> Lire à ce sujet : Mille situations d'abus sexuels documentées dans l'Eglise catholique en Suisse

Ecart de grandeur, écart de méthode

La grande disparité de ces chiffres pose question. Par exemple, alors que la population française est huit fois plus importante que la population suisse, pourquoi l'Hexagone compte-t-il 330 fois plus de cas d'abus que la Suisse sur son territoire durant une même période de temps?

Ces différences traduisent en réalité plusieurs moyens de compter. Les Français ont complété leur enquête de terrain par un sondage, touchant ainsi des victimes qui n’ont jamais fait la démarche de se signaler. C’est donc une estimation "haute", compte-tenu du fait que les sondés n’ont pas de preuve à présenter, par exemple.

A l’inverse, les pays qui se sont contentés d’examiner les archives existantes font une estimation "basse", n’identifiant que les victimes qui ont fait une démarche et dont le dossier n’a pas été détruit par l’administration de l'Eglise catholique. D’où l’expression "pointe de l’iceberg" concernant le résultat de ces enquêtes, dont celle de la Suisse.

Et les pays de tradition catholique?

Dans plusieurs pays de tradition catholique, il est en outre encore difficile d’avoir une vision claire de la situation. En Pologne, le nombre de victimes identifiées ne dépasse pas un millier, soit quatre fois moins que dans un pays confessionnellement mixte comme l’Allemagne.

En Espagne, l'Eglise catholique a même refusé qu'une commission indépendante accède à ses archives, contraignant le Parlement à créer sa propre commission d’enquête. Les chiffres ne sont pas encore connus.

En Italie, enfin, la Conférence épiscopale ne s’intéresse qu'aux cas plus récents que l’an 2000. L'Eglise italienne a rendu public fin 2022 le nombre d'abus qu'elle a enregistrés: 86, pour un pays de 60 millions d’habitants.

Sujet radio: Fabien Hünenberger
Adaptation web: Julien Furrer

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