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La lutte contre le non-recours à l'aide sociale s'organise en Suisse

Une personne au guichet d'un bureau de l'aide sociale. [Keystone - Christian Beutler]
La lutte contre le non-recours à l’aide sociale tente de s’organiser en Suisse / Le 12h30 / 1 min. / le 17 septembre 2023
La lutte contre le non-recours à l'aide sociale, source de précarité, tente de s’organiser en Suisse. Son ampleur reste difficile à apprécier, rappelait cette semaine un colloque organisé à Delémont.

Selon une étude menée dans le canton de Berne, plus d'un quart de la population qui pourrait recevoir une prestation ne la perçoit pas. A Lausanne, l'Observatoire des précarités tente d'identifier des solutions pour endiguer le phénomène.

Le constat est connu, rappelle l'Association jurassienne pour l'action sociale. Parfois par résistance, parfois par méconnaissance de leurs droits ou encore par découragement, certaines personnes précaires renoncent à demander de l'aide.

Situation plus tendue

Pour Pierluigi Fedele, président de l'association, il y a urgence. "Les personnes qui aujourd'hui bénéficient de prestations sociales souffrent", souligne-t-il, en rappelant que la dégradation des conditions économiques touche aussi très durement toute une population de personnes salariées ne bénéficiant pas de prestations sociales.

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Quant aux personnes "qui avaient déjà renoncé, pour une raison ou une autre, à activer les prestations sociales", leur souffrance "a certainement augmenté". "Nous pensons que c'est une thématique dont les pouvoirs publics devraient se saisir très rapidement", alerte-t-il.

Difficile recensement

Mais la plus grande difficulté est le recensement des bénéficiaires potentiels. Les cantons de Genève, Vaud, Neuchâtel et Fribourg ont ainsi lancé récemment des expériences de dispositifs, à l'instar du projet Oasis dans le Jura-Nord vaudois.

"Contrairement à ce qui se fait d'habitude - où on attend que les personnes viennent au guichet - des coordinatrices de proximité sortent des locaux pour aller vers les personnes concernées pour mieux répondre à leurs besoins", explique Émilie Rosenstein, responsable de l'Observatoire des précarités de la Haute école de travail social de Lausanne.

Monitorage et automatisation

D'autres modalités existent, par exemple le travail sur la "communication" et les "réflexes de collaboration au sein du réseau de l'action sociale", afin d'éviter que des personnes éligibles "se retrouvent entre les mailles du filet et se perdent dans cette jungle potentielle de structures existantes", fait valoir la responsable.

Les solutions pour lutter contre le non-recours à l'aide sociale pourraient aussi passer par un monitorage des processus d'exclusion ou par l'automatisation d'un maximum de subsides.

Créé début 2022, sous l'influence notamment de la précarité révélée par la pandémie de Covid-19, l'Observatoire des précarités va réunir le mois prochain de nombreux partenaires afin de tenter de renforcer l'accessibilité des prestations sociales.

Gaël Klein/kkub

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