Plusieurs facteurs sont à l'origine de cette décision. La Suisse est mieux préparée que l'automne dernier, le parc nucléaire français va mieux, davantage de réacteurs sont en activité, les lacs de barrage affichent un bon niveau et les stocks de gaz aussi.
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Nouveaux fournisseurs en gaz
Le gaz est également plus facile à importer que l'automne dernier, observe l'ingénieur spécialisé en énergies Marc Müller. "On était massivement approvisionnés par la Russie, de façon directe, avec un gaz pas cher", explique-t-il dans La Matinale de la RTS.
En raison de la guerre en Ukraine, la Suisse a dû adapter sa stratégie et se tourner vers d'autres fournisseurs. "Il a fallu créer des infrastructures notamment portuaires, des méthaniers, pour pouvoir importer du gaz liquéfié par les mers en très grande quantité", poursuit Marc Müller.
L'ingénieur explique que la Suisse a donc pu "changer complètement de fournisseur" et "s'approvisionner notamment par le Qatar et les États-Unis".
"Objectivement, c'est une énorme réussite industrielle d'avoir pu faire ça en si peu de temps", s'enthousiasme-t-il.
Avis divergents
Cette décision de ne pas relancer de campagne de sensibilisation ne convainc toutefois pas tout le monde. Le conseiller national Bastien Girod (Vert/ZH), par exemple, aurait souhaité cette année encore des encouragements à économiser l'énergie. Il regrette que la Confédération n'ait pas une vision à plus long terme.
"La dernière fois, on s'était plutôt focalisé sur les mesures très immédiates", affirme-t-il. Maintenant que le risque immédiat est plus faible, Bastien Girod estime qu'il faudrait encourager les gens à acheter des appareils énergétiquement efficaces ou encore analyser où l'électricité est consommée dans les maisons, afin que "les ménages aient les informations nécessaires pour réduire leur consommation".
Pour le conseiller national Jacques Bourgeois (PLR/FR) en revanche, sensibiliser la population maintenant serait "un coup d'épée dans l'eau".
"Actuellement, avec les températures encore très élevées dont nous sommes gratifiés, on ne va pas avoir des chauffages qui tournent dans nos bâtiments", affirme-t-il. "Je pense que lorsqu'il y aura une consommation d'énergie forte, ça vaudra la peine de sensibiliser les gens".
Si la Confédération aborde l’hiver plus détendue que l'année dernière sur le plan énergétique, elle n'est toutefois pas complètement insouciante.
Le risque d'une pénurie pourrait ressurgir en cas de perturbations sur le marché du gaz, si les centrales nucléaires françaises défaillent ou même en cas d'hiver particulièrement rigoureux. Les campagnes nous demandant d'économiser l'énergie devraient alors réapparaître.
Philéas Authier/edel