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Le Parlement donne son feu vert au crédit de 2,6 milliards pour le déminage de Mitholz

L'ancien dépôt de munitions se trouve sous la montagne qui surplombe Mitholz (BE). [Keystone - Gaëtan Bally]
Le Parlement donne son feu vert au crédit de 2,6 milliards pour le déminage de Mitholz / Le Journal horaire / 24 sec. / le 19 septembre 2023
Le déminage complet de l’ancien dépôt de munitions de Mitholz (BE) est acquis. Le Conseil des Etats a entériné mardi sans opposition le crédit de 2,59 milliards de francs sollicité par le Conseil fédéral. Il estime cette solution comme la plus sûre et la plus durable.

Le dépôt situé à Mitholz, dans l'Oberland bernois, a explosé en 1947, détruisant des dizaines de maisons et faisant neuf morts. En 2018, le Département fédéral de la défense (DDPS) a annoncé sur la base d'un nouveau rapport, que les risques étaient plus élevés que ce que l'on pensait et qu'il fallait évacuer le village.

Il reste quelque 3500 tonnes de résidus d'explosifs, de débris et de munitions brutes, selon le DDPS. Problème, des incertitudes subsistent sur leur emplacement, leur dispersion et leur état.

La situation actuelle dans l'installation et dans le cône d'éboulis représente un risque inacceptable, a indiqué pour la commission Olivier Français (PLR/VD). L'évacuation complète est surtout nécessaire en raison des risques de pollution de la nappe phréatique.

>> Revoir le reportage du 19h30 :

Le Conseil national veut débloquer 2,6 milliards de francs pour sécuriser l’ancien dépôt de munitions de Mitholz
Le Conseil national veut débloquer 2,6 milliards de francs pour sécuriser l’ancien dépôt de munitions de Mitholz / 19h30 / 2 min. / le 4 mai 2023

Un coût très élevé

Mais plusieurs sénateurs ont rappelé le caractère extrêmement complexe et technique de ce projet qui rend toute décision difficile. Beaucoup se sont irrités du coup très élevé de cet assainissement. Thomas Minder (Ind./SH), qui s'est abstenu, a critiqué une décision politique.

Pour Andrea Gmür-Schönenberger (Centre/LU), on ne peut pas exclure une nouvelle explosion d'explosifs. "Le projet est très cher, mais l'évacuation complète est la solution plus sûre et la plus durable", selon elle.

La ministre de la Défense a aussi plaidé pour le crédit complet. Les cantons concernés, Berne et Valais, comptent sur l'avancement de ce projet et la population vit dans l'incertitude depuis cinq ans. Au total, 19 variantes ont été étudiées par les experts, a-t-elle rappelé à l'adresse des sceptiques.

Une proposition de Thomas Hefti (PLR/GL) de raboter le crédit global de 190 millions, au vu de la situation délicate des finances fédérales et du nombre d'inconnues liées au projet, a été rejetée par 29 voix contre 13.

Mais la Chambre des cantons est bien décidée à demander à la session de décembre la mise sur pied d'une délégation de surveillance pour le déminage de Mitholz. Le National avait déjà avalisé le crédit en mai à la quasi unanimité.

25 ans de travaux

Le déminage de Mitholz coûtera 2,59 milliards à la Confédération. Le crédit sera versé sur 25 ans. Une première tranche de 1,09 milliard englobe les mesures préliminaires et de protection ainsi que les préparations liées à l'élimination des déchets.

La deuxième tranche, de 740 millions, finance l'élimination des munitions, la remise en état du terrain et le retour de la population. Une enveloppe de 760 millions est prévue pour le renchérissement et les risques du projet.

Les coûts sont à la charge de la Confédération et non du DDPS. Un rapport de 1950 a en effet déchargé le département militaire de sa responsabilité.

Le projet prévoit de vider l'ancienne galerie ferroviaire, les munitions se trouvant sous le cône d'éboulis à l'entrée de la galerie et l'ensemble de la zone touchée par l'explosion de 1947. Un tunnel devra être construit pour protéger la route nationale et une galerie pour la voie ferroviaire. Durant toute la période des travaux, le trafic par le rail et la route seront garantis.

Quant à la population, certains habitants pourront rester chez eux. Mais une vingtaine de maisons, situées dans le périmètre de sécurité, devront être évacuées d'ici fin 2030.

ats/ther

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