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Les stéréotypes de genre persistent dans les médias romands, selon l'institut décadréE

Les journalistes romands se préoccupent de ne pas reproduire du sexisme, mais malgré ces efforts les stéréotypes persistent, selon l'institut décadréE. [Fotolia - itakdalee]
Les stéréotypes de genre persistent dans les médias romands, selon l'institut décadréE / Le Journal horaire / 25 sec. / le 21 septembre 2023
Les journalistes romands se préoccupent de ne pas reproduire du sexisme, mais malgré ces efforts les stéréotypes persistent, selon l'institut décadréE. Une étude sur le traitement médiatique des élections cantonales genevoises révèle que plus d'un quart des articles analysés reproduisent des biais de manière problématique.

Au total, 25 portraits, parfois suivis ou précédés d'entretiens, ont été décryptés pour les représentations des politiques, selon le rapport de l'institut de recherche et de formation et laboratoire d'idées sur l'égalité dans les médias, publié jeudi. Parmi les articles contenant un biais, 71% concernent des portraits de femmes.

Les écueils se manifestent souvent par la reproduction des représentations sociales attendues selon le genre. L'institut a recensé le vocabulaire spécifique au féminin et au masculin. Il a aussi retenu toutes les citations de l'entourage. La conclusion est claire: les candidates sont souvent décrites par un lexique infantilisant les renvoyant à une éternelle jeunesse professionnelle.

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Infantilisées

Selon l'étude, le vocabulaire va même jusqu'à renvoyer une candidate à l'état de nourrisson en utilisant l'expression "biberonnée à la politique" pour parler de sa présence dans les sphères politiques. Les candidates sont volontiers décrites comme de "jeunes femmes", leur scolarité étant également mentionnée, même lorsqu'elles ont une longue carrière derrière elles.

La "jeunesse" est largement accentuée pour les candidates remettant en question les compétences et les capacités à exercer la fonction politique. Autre constat: la figure du "père" représente un mentor essentiel ou un élément-clé dans leur carrière. Pour les hommes, cet élément est bien moins prépondérant et surtout beaucoup moins infantilisant, selon décadréE.

Savoir-être ou savoir-faire

Un autre biais relevé par l'étude concerne les allusions au caractère "belliqueux" des candidates et des candidats au Conseil d'Etat: 50% des portraits de femmes utilisent un vocabulaire guerrier contre 15% des portraits d'hommes. Mais cet usage du lexique belliqueux peut glisser en défaveur des femmes, selon décadréE. Virilisées, les candidates en deviennent contre-nature, voire dangereuses pour l'équilibre politique, selon l'étude.

L'institut a aussi constaté que les portraits d'hommes se passent généralement de sources externes pour nuancer ou éclairer leurs parcours. Par contre, pour les portraits de femmes, les journalistes insèrent toujours un ou plusieurs avis. Et ces avis soulignent le savoir-être des candidates. Elles sont ainsi perçues au travers de leurs attitudes et non au travers de leurs réalisations.

Des recommandations

décadréE publie en marge de ce rapport un livret de recommandations pour les journalistes. La première de ces recommandations est de chercher la parité. En effet, les études montrent que seulement 20% des expertes et des experts interrogés sont des femmes.

Ces dernières ne sont représentées au total qu'à hauteur de 28% dans les médias, alors qu'elles représentent plus de la moitié de la population.

ats/hkr

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