En Suisse, les données statistiques policières révèlent environ 350 cas par an de mineurs victimes de violences sexuelles au sein de leur propre famille. L'inceste semble demeurer dans l'ombre, dénoncent les spécialistes. Pas davantage de chiffres, ni de rapport précis.
Cependant, il est important de noter que ces chiffres ne représentent probablement que la pointe de l'iceberg, comme le souligne Alessandra Duc Marwood, pédopsychiatre au CHUV à Lausanne, vendredi dans La Matinale de la RTS. Sur le terrain, de nombreux témoignages continuent d'affluer, laissant supposer que l'inceste demeure un problème largement "sous-estimé" en Suisse. "Les victimes ont peu de moyens de s'exprimer", estime Alessandra Duc Marwood.
En 2021, le mouvement #MeTooIncest a également secoué la Suisse, incitant les victimes à briser le silence. Ce mouvement faisait écho au livre de Camille Kouchner, "La familia grande", dans lequel elle accuse son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, d'avoir violé son jumeau durant son adolescence.
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Encore du chemin
Malgré cette sensibilisation accrue aux souffrances des victimes, une certaine omerta et une faible reconnaissance judiciaire persistent en Suisse.
Le délit d'inceste dans le Code pénal suisse se limite actuellement à la procréation et à la lutte contre la consanguinité, ne couvrant pas spécifiquement l'intégrité sexuelle des personnes. "Les témoignages, ça ne répare pas. Ce qui va réparer, c'est que la société reconnaisse que la personne est victime, qu'elle est blessée et qu'elle a besoin d'être aidée. Mais aussi que l'auteur soit considéré comme lui ayant fait du mal", dit-elle.
Alessandra Duc Marwood rappelle que, en matière d'abus sexuel, ce sont au sein de leur propre famille que les enfants sont le plus en danger.
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Anne Fournier/vajo