La faîtière des hôpitaux H+ demande une discussion sur le financement du système de santé
Anne-Geneviève Bütikofer ne soutient pas l'idée d'une caisse unique, comme le laisse entendre le SonntagsBlick. Après l'article du journal dominical, la directrice de H+ a publié un communiqué dans lequel elle précise sa position: "H+ ne demande pas la caisse unique", mais une discussion sur le financement du système de santé.
Et de préciser: "Les hôpitaux et les cliniques sont aujourd'hui confrontés à de grands défis financiers, mais les primes représentent également une charge importante pour les citoyens. Pour cette raison, des discussions de fond sur le système de santé de demain sont néces-saires. Dans le cadre de ces réflexions, toutes les options devraient être examinées sans oeillères."
La question est hautement politique, car la hausse des coûts de la santé est un des thèmes phares de la campagne pour ces élections fédérales et la hausse des primes maladie va être annoncée ce mardi à Berne. De son côté, le Parti socialiste planche sur une nouvelle initiative pour instaurer une caisse maladie unique.
Pour des tarifs hospitaliers plus élevés
Pour Anne-Geneviève Bütikofer, les hôpitaux et les cliniques sont soumis à une forte pression financière et les tarifs en vigueur "ne couvrent plus les coûts effectifs". Il en résulte à ses yeux un sous-financement chronique de ces établissements.
"L’inflation, la pénurie de personnel et l’évolution démographique aggravent encore cette situation. H+ réclame des adaptations immédiates du système de financement et des tarifs. Sinon, la population risque de subir une dégradation de la qualité, voire des pénuries dans l’offre en soins", conclut la directrice de H+. Dans le SonntagsBlick, elle demande une augmentation de 5% de tous les tarifs hospitaliers.
Selon la directrice, ces hausses ne devraient cependant pas se répercuter sur les primes de l'assurance maladie. "Je pose la question de savoir si, dans le système, nous finançons les bonnes choses avec les bonnes sources de financement."
"Aujourd'hui, toutes les prestations hospitalières sont financées par l'assurance maladie obligatoire", ajoute-t-elle, soulignant qu'il n'y a ainsi pas de sources de rémunération supplémentaires pour les nouvelles dépenses.
boi/jfav avec ats
"Le système de santé suisse est une voie sans issue"
Interrogé dimanche soir dans le 19h30, le directeur du groupe hospitalier privé Swiss Medical Network Raymond Loretan estime que "le système suisse de santé est une voie sans issue" qui va "droit dans le mur".
Pour le Valaisan, ancien secrétaire général du PDC Suisse, les prochains mois seront extrêmement importants. "On est à un momentum, mais il y a aussi une chance, parce qu'il y a un Parlement qui va être renouvelé et il y aura bientôt un nouveau ministre de la Santé. Le moment est venu d'avoir des états généraux de la santé pour mettre sur la table toutes les idées, faire le tri et réformer le système", indique-t-il sur la RTS.
Sans donner de nom, Raymond Loretan donne le profil qu'il souhaiterait voir comme successeur d'Alain Berset à la Santé: "C'est quelqu'un qui doit être à l'écoute des nouveaux modèles, des propositions, qui doit être prêt à faire la révolution. C'est une personne qui doit aussi avoir un certain leadership."
Un système de soins intégrés
Raymond Loretan milite pour la mise en place de centres de soins intégrés, comme celui que son groupe va mettre en place dans l'Arc jurassien et qui regroupera les assurances, les prestataires de soins et le Canton de Berne. "On va mettre sous le même toit, ceux qui étaient adversaires jusqu'à maintenant", explique celui qui a aussi eu une carrière dans la diplomatie.
"Les assureurs voulaient payer le moins possible; les prestataires de soins voulaient faire le plus d'actes possibles. Notre projet va mettre en place un système axé sur la prévention, qui était ignorée, et nous pourrons tuer les mauvais incitatifs, tout en coordonnant les prestations sanitaires", détaille-t-il.