Face à cette troisième hausse la plus élevée depuis l'introduction de la Loi sur l'assurance maladie (LAMal) en 1996 - et qui équivaut à une hausse moyenne de 28,70 francs par mois - les principaux partis ont tous exprimé leur indignation, pour des raisons diverses.
L'UDC s'attaque au "bilan honteux" du ministre de la Santé Alain Berset. "Sous son règne, les primes ont explosé de plus de 40%", relève-t-elle. Aux yeux du parti, la classe moyenne passe deux fois à la caisse: pour payer ses primes mais aussi, via les impôts sur le revenu, celles "des requérants d'asile, des immigrés et des spécialistes de l'optimisation".
En plus de douze ans de gestion socialiste de la santé à Berne et dans les cantons, "le constat est éloquent", tonne également le PLR. "Les coûts n'ont cessé d'augmenter et de nombreuses prestations ont été ajoutées au catalogue de base". Pour le PLR, il s'agit là d'un "lourd échec". Le système santé est devenu "gargantuesque", ajoute-t-il. "C'est un aveu d'échec."
Le PS réplique en fustigeant la droite: "La population n'en peut plus d'attendre des allègements. En refusant d'agir, la majorité de droite et du centre au Parlement met sous pression le pouvoir d'achat des ménages", dénonce-t-il. "Les partis bourgeois ferment les yeux, c'est irresponsable", poursuit-il, eu égard au renchérissement général des prix.
Le Centre parle d'un "choc des primes" qui touche en particulier la classe moyenne et les familles, déjà très affectées par l'inflation générale. "Cela ne peut pas continuer ainsi", souligne le parti.
Les Vert-e-s parlent eux aussi d'un "choc des primes" et d'une "défaillance du système de santé".
Pour les Vert'libéraux, "le financement du système de santé est à l'agonie". Son vice-président Michel Matter estime qu'il est temps "pour plus de transparence, d'efficience et pour de véritables réformes non partisanes" et "sans toucher à la solidarité".
Cantons aussi inquiets
"C'est un véritable coup d'assommoir pour la population dans le contexte de vie chère qu'on connaît", a déclaré mardi conseillère d'Etat vaudoise, Rebecca Ruiz. Le canton de Vaud encourage "vivement la population à optimiser ses primes". Les autorités cantonales invitent à se rendre sur un site internet dédié pour mieux comprendre comment changer d'assurance ou de modèle de primes.
"Cette hausse est intolérable pour la population", a réagi également le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet. Genève est déjà le canton où les primes sont les plus élevées de Suisse. "La question est donc de savoir ce que l'on fait maintenant pour mettre fin à un système opaque qui a définitivement atteint ses limites".
"C'est une très mauvaise nouvelle. Cette hausse de trop doit constituer un électrochoc. Il est urgent de se mettre autour de la table pour mettre sur pied des assises de la santé", a déclaré la conseillère d'Etat neuchâteloise Florence Nater.
L'Etat du Valais s'est dit "inquiet" de l'"importante" augmentation des primes maladie pour l'an prochain. Le Conseil d'Etat demande à la Confédération de prendre "rapidement" des mesures pour limiter la hausse des coûts de la santé.
Des coûts à contenir
Des coûts plus élevés entraînent des primes plus élevées: le calcul est simple, estime Santésuisse, la faîtière des assureurs. Les coûts des médicaments, les soins, la psychothérapie et la physiothérapie ont particulièrement augmenté en 2023, ce qui justifie la hausse de 8,7% en 2024, estime-t-elle. Des réformes sont indispensables.
La Fédération des médecins suisse (FMH) estime que la hausse des primes maladie dans les proportions annoncées mardi n'est pas une fatalité. "D'importantes réformes pourraient la freiner, mais elles sont bloquées", regrette-t-elle.
Curafutura déplore "l'inaction politique" en Suisse. Selon cette association qui regroupe plusieurs caisses maladie, le Département fédéral de l'Intérieur n'a pas assez exploité sa marge de manoeuvre pour contenir les coûts.
Un bien social aussi essentiel que la santé ne doit pas être considéré uniquement sous l'angle de l'économie, "comme c'est malheureusement le cas depuis des années dans le débat politique", indique de son côté la faîtière des hôpitaux H+. Malgré la hausse des primes, les hôpitaux et les cliniques ne parviennent pas à couvrir leurs coûts.
Précarité en vue
Le poids des primes écrase les ménages à bas revenus, dénonce Caritas, l'organisme d'entraide de l'Eglise catholique. "Avec cette nouvelle hausse massive, la charge des primes prendra l'année prochaine des proportions écrasantes pour de nombreuses personnes".
La Fédération romande des consommateurs (FRC) demande un moratoire sur les primes. "Les assurés ne devraient pas payer seuls les effets de cet immobilisme. (...) Alors que le Parlement s’est montré incapable de mettre en place des réformes ambitieuses, les assurés essuient durement les plâtres de cette législature perdue", écrit la FRC.
Cette hausse des primes, la plus forte depuis 2010, fera des dégâts sociaux particulièrement importants, selon la section romande de la Fédération suisse des Patient-e-s (FSP). De nombreux assurés pourraient tomber dans la précarité, en particulier les familles.
ats/lan