Pour 2024, la hausse moyenne des primes d'assurance maladie sera de 8,7%, selon l'annonce du jour. Depuis son entrée au Département fédéral de l'intérieur, Alain Berset fait cette année face à la plus forte augmentation de l'assurance maladie. Invité mardi dans l'émission Forum, il explique s'être battu durant tout son mandat pour maîtriser ce renchérissement: "Franchement, cela fait douze ans que je me bats comme je peux".
Selon lui, le système manque fondamentalement de transparence et de conduite. "On pourrait se dire, c'est bizarre, le conseiller fédéral en charge du dossier trouve qu'il manque de conduite. Oui, parce que je n'ai pas les outils dans les mains", argue-t-il.
Ce pilotage est l'affaire d'un ensemble de partenaires tarifaires et d'acteurs différents, notamment les cantons, la Confédération et aussi le Parlement, rappelle le Alain Berset. "Ce qui a été difficile ces dernières années, c'est de faire comprendre qu'il valait mieux agir avec de l'anticipation, augmenter la transparence et le pilotage du système, plutôt que d'attendre que cela n'aille plus. Je dois constater que je n'ai pas dû être assez convaincant parce que je n'ai pas réussi", reconnaît le Fribourgeois.
De ne pas avoir réussi à les convaincre (...), eh bien oui, c'est un échec.
Ses propositions devant le Parlement, permettant de mieux maîtriser les coûts tout en favorisant la transparence, sont passées à la trappe en raison d'intérêts multiples, explique encore l'élu socialiste. "Ne pas avoir réussi à les convaincre (...), et qu'au final, c'est rejeté, eh bien oui, c'est un échec". Son regret: ne pas avoir réussi à mettre en oeuvre différents outils existant avant d'en arriver à la hausse d'aujourd'hui.
Une révolution du système ne lui semble pourtant pas souhaitable. Alain Berset plaide également pour une médecine accessible à tous et non pas réservée à une élite. Ainsi, sortir des prestations du catalogue de base - et de fait les réserver à un petit nombre de privilégiés - est une logique contre laquelle il s'est toujours opposée, fait-il valoir.
Toutefois, l'heure n'est pas à la résignation face à une hausse régulière des coûts: durant son mandat, de nombreuses victoires ont été possibles, souligne le conseiller fédéral. "On a fait baisser les prix des médicaments d'un milliard de francs, on a touché à Tarmed en générant 500 millions de francs de réductions, au prix des analyses (...) Tout ce que le Conseil fédéral avait dans ses mains pour agir, il l'a utilisé. Mais aujourd'hui, il faut modifier des lois et pour cela, il faut des majorités au Parlement", conclut Alain Berset.
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Propos recueillis: Esther Coquoz
Adaptation web: Miroslav Mares