La Confédération et non les cantons doivent être en charge des hôpitaux, selon le président de Santésuisse, Martin Landolt. Les cantons sont pris dans un "gigantesque conflit d'intérêts", déclare mercredi le président de la faîtière des assureurs dans les titres alémaniques du groupe Tamedia. La Suisse s'offre ainsi des hôpitaux "trop chers et superflus". En résulte une hausse des coûts, poursuit-il.
Alors que si les décisions sont prises "de haut en bas", la proximité émotionnelle disparaît et les décisions deviennent plus objectives, assure Martin Landolt. Selon lui, l'admission des médecins doit également être réglementée au niveau national.
Le conseiller national du Centre glaronnais, qui ne se représente pas aux élections fédérales, indique vouloir faire élaborer une initiative en ce sens l'année prochaine. Cette dernière doit permettre d'une part d'atteindre une planification nationale et d'autre part de tenir compte des "besoins régionaux minimaux". Pour le centriste, la planification hospitalière nationale est aussi une solution à la pénurie de personnel qualifié.
Réduire le catalogue
Pour Thomas Boyer, directeur de l'assurance Groupe Mutuel, "la seule manière efficace de faire baisser les primes, c'est de baisser les coûts de la santé".
Afin d'y parvenir, il propose notamment de réduire le nombre d'hôpitaux. "On a aujourd'hui la plus forte densité d'hôpitaux en Europe, derrière la France", explique-t-il dans La Matinale de la RTS. "Ça veut dire des coûts trop élevés".
"Ça veut dire aussi un problème de qualité", poursuit-il. "On sait que 50% des hôpitaux suisses n'atteignent pas le nombre minimaux de cas pour garantir la qualité dans certaines opérations", poursuit Thomas Boyer. "Donc de toute façon, on doit réduire le nombre d'hôpitaux".
Il dénonce également un trop grand nombre de spécialistes et un manque de généralistes et estime qu'il faut revoir le catalogue de prestations.
L'assureur affirme que l'ajout de l'accès aux psychologues le 1er janvier dernier correspond à 1 des 8,7% d'augmentation des primes. "L'accès direct aux psychologues, c'est certainement très bien dans la perspective du patient, sauf qu'on n'a rien enlevé", affirme Thomas Boyer.
"Pour moi, c'est un principe de bonne gestion. Si on ajoute, on enlève", poursuit-il. "Mais je pense qu'il faut aller plus loin. Il faut même réduire".
"Garder des prestations de qualité"
Le conseiller fédéral en charge de la Santé Alain Berset s'oppose à cette proposition. S'il estime que des mesures doivent être prises, cela ne doit pas se faire au détriment de la qualité du système de santé suisse, car "garder des prestations de très haute qualité, c'est vraiment au bénéfice de tout le monde".
"On a un système de santé dont je suis assez fier", déclare-t-il dans La Matinale. "Et il ne faut surtout pas le casser. C'est très fragile et c'est très important".
Il s'oppose donc à une suppression de certaines prestations, qui pénaliserait les personnes n'ayant pas les moyens de payer certains traitements elles-mêmes. "Une assurance maladie 'light' ou bien avec une partie du catalogue, pour moi, c'est inimaginable", affirme Alain Berset.
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"Ce système de santé est d'abord là pour servir des prestations essentielles pour les gens lorsqu'ils en ont besoin", poursuit-il. "Qui est malade, qui attrape un cancer, qui a un problème de santé grave doit pouvoir avoir les meilleurs traitements possibles".
Selon Alain Berset, certains problèmes dans le système de santé sont "inhérents au système suisse". "Ce système est très atomisé, il y a des responsabilités un peu partout", explique-t-il. "Tous les partenaires directs ont des responsabilités. Les cantons ont des responsabilités. La Confédération a des responsabilités".
Le ministre de la Santé déplore un manque fondamental de transparence et de conduite. Il rappelle aussi que ses propositions devant le Parlement, permettant de mieux maîtriser les coûts tout en favorisant la transparence, sont passées à la trappe en raison d'intérêts multiples.
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Il cite par exemple un projet du Conseil fédéral visant à économiser entre 350 et 500 millions par année dans le domaine des génériques. "Cette mesure a été rejetée, parce qu'il se trouve qu'il y a un parlementaire qui est président d'intergenerika, qui a un intérêt direct à ce que les prix restent élevés dans ce domaine", affirme-t-il
Le conseiller fédéral voit toutefois au moins un avantage à cette annonce de hausse des primes: "c'est que maintenant il y a au moins plus personne qui peut prétendre que ce n'est pas nécessaire d'agir".
edel avec ats
A chaque parti politique sa proposition
Avant l'annonce de l'augmentation des primes maladie, plusieurs propositions étaient déjà évoquées. Au Parlement, les solutions envisagées divergent selon les partis politiques. La gauche et les écologistes s'attaquent aux primes.
"On a une initiative pour bloquer le poids des primes pour qu'il ne dépasse pas 10% du revenu", explique Samuel Bendahan, conseiller national (PS/VD). "On pourrait aussi mettre en place une caisse unique avec des primes en fonction du revenu, ce qui bénéficierait à 95% de la population."
"Les primes augmentent plus que les coûts, donc il faut vraiment maintenant les geler et les répartir en fonction du revenu. C'est inacceptable que ce soit le seul impôt qui n'ait pas de plafond", accuse la conseillère nationale Léonore Porchet (Verte/VD).
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A travers une initiative populaire, Le Centre propose d'introduire un frein aux coûts, qui devraient évoluer en fonction de l'économie et des salaires. Pour les Vert'libéraux, il faut changer la manière de calculer les primes d'une année sur l'autre.
Au PLR, on plaide pour une assurance maladie "low cost". L'idée est de remplacer l'actuel système à prime fixe, donnant droit à l'assuré "de tout consommer", par un menu "à la carte".
L'UDC plaide pour une meilleure gouvernance des coûts de la santé. La conseillère d'Etat zurichoise Natalie Rickli propose de son côté de supprimer carrément l'obligation de s'assurer.
Mode d’emploi pour obtenir les subsides
De nombreux assurés devront désormais recourir aux subsides de l'Etat. Actuellement 26% des Suisses en bénéficient. Mais les conditions d'octroi de ces subsides varient selon les cantons.