Le vicaire général, soit l'adjoint direct de l'évêque Charles Morerod, a préféré se retirer le temps de l'enquête, a indiqué vendredi le diocèse devant la presse à Fribourg. Le signalement provient de la lettre d'une victime présumée, envoyée à Mgr Morerod.
Le type d'accusation visant Bernard Sonney n'a pas été précisé. Le diocèse s'est contenté de rapporter le "grand étonnement" du vicaire lorsqu'il a appris qu'il avait été dénoncé en justice.
De nouveaux cas signalés
Le diocèse a aussi annoncé vendredi avoir suspendu un prêtre dans le canton de Neuchâtel. Son identité et la nature des faits, signalés par un évêque étranger, n'ont pas non plus été mentionnées.
Mgr Morerod, opéré mi-septembre à la suite d'un saignement intracrânien et toujours convalescent, était absent vendredi devant la presse. La reprise de ses activités devrait avoir lieu dès la mi-octobre "au plus tôt".
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Un comité de quatre laïcs
Désormais aussi privé de son vicaire général, le diocèse est actuellement dépourvu de prêtre au sein de sa gouvernance. Un comité de gestion, formé de quatre laïcs, a été mis en place ad intérim.
Ce comité a expliqué que 36 cas d'abus avaient été répertoriés à ce jour, sur les 370 prêtres du diocèse. Parmi ceux-là, 23 ont été signalés aux autorités pénales et 12 ont fait l'objet d'une sanction canonique (suspension ou interdiction de ministère). Quelque 200 victimes sont recensées dans les archives du diocèse.
Ces annonces visent à montrer que le diocèse ne reste pas inactif, même si Jean-Baptiste Henry de Diesbach, le président du conseil d'administration du diocèse, admet être "un peu sous l'eau".
"On est extrêmement chargé, on a des imperfections, on a des archives qui ne sont pas en parfait état, on a des suivis qui ne sont pas faciles", explique-t-il dans le 12h45 de la RTS.
Le diocèse poursuit sa lutte
Le comité est aussi revenu sur la création de différents groupes de travail, mis en place par le diocèse, pour combattre et prévenir les abus sexuels. Les dossiers des agents pastoraux sont analysés préalablement et en détail, avant toute nomination. Il s'agit de pouvoir "mieux cerner les personnalités problématiques dans notre Eglise", affirme le diocèse.
"Il vaut mieux aujourd'hui un manque de prêtres, plutôt que des places mal occupées", a relevé Jean-Baptiste Henry de Diesbach.
"Il n'est plus question pour l'Eglise de se réfugier derrière le droit canonique, comme cela s'est fait dans le passé. Quand il y a le moindre doute sur un cas, on le confie à la justice", a-t-il ajouté.
Mari Carmen Avila, représentante pour la prévention au diocèse, a quant à elle souligné que "dans certains cas, une personne n'est punissable qu'avec le droit canonique". C'est notamment le cas pour certains faits prescrits par la justice, lorsque des prêtres peuvent tout de même recevoir une suspension par un diocèse.
En crise
L'Eglise catholique suisse rencontre actuellement d'importantes secousses sur la question des abus sexuels. Dans une étude-pilote publiée le 12 septembre, des chercheuses de l'Université de Zurich ont recensé plus de 1000 cas d'abus sexuels commis par des membres du clergé et des religieux catholiques depuis 1950. Selon elles, il ne s'agit que de la pointe de l'iceberg, car la plupart des cas n'ont pas été signalés et les documents détruits.
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"Nous continuons notre collaboration avec les chercheuses de l'Université de Zurich que l'Eglise a mandatée, de manière à ce que leur travail puisse nous aider à poursuivre un changement de culture", a conclu le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg.
cab avec ats