L'afflux de manifestants était tel que la Place fédérale était trop petite pour les contenir tous. Un grand nombre de participants ont été déviés sur des places ou dans des ruelles adjacentes.
Selon les organisateurs de l'Alliance climatique suisse, plus de 60'000 personnes sont venues à Berne réclamer la justice climatique, une revendication placée au centre de la manifestation. La crise climatique aggrave les inégalités déjà existantes à l'échelle mondiale, ont-ils dénoncé. Or, ce sont les pays du Nord qui sont à l'origine de cette crise, dont les conséquences les plus graves touchent avant tout les populations du Sud.
"La forêt brûle, l'Arctique fond, la politique roupille", pouvait-on lire sur l'une des nombreuses banderoles brandies par les manifestants. "Si le climat était une banque, nous l'aurions déjà sauvée", ironisait une autre.
"Prendre la crise climatique au sérieux"
Les élections fédérales se sont bien évidemment également invitées dans la rhétorique. Selon l'alliance, "l'échec total" du Conseil des Etats cette semaine sur la révision de la loi CO2 montre que de nouvelles élections sont plus que nécessaires. "Il faut un Parlement qui prenne la crise climatique au sérieux", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Le cortège, inhabituellement long, a démarré près de la gare. Une heure après le coup d'envoi, alors que les premiers manifestants avaient déjà parcouru les 1,3 kilomètre les séparant de la Place fédérale, les derniers ne s'étaient pas encore mis en mouvement.
Les participants ont défilé en formant des blocs sur des thèmes tels que la santé, l'agriculture et les loisirs en plein-air afin de souligner que les effets de la crise climatique touchent tous les domaines de la société.
Jeunes et vieux
La jeunesse a emmené le cortège bariolé et bruyant à travers les rues de la capitale, au rythme de chants exprimant la solidarité. Mais les plus âgés étaient également présents, ainsi que de nombreuses familles.
Les manifestants sont venus des quatre coins de la Suisse, notamment à bord de six trains spéciaux affrétés pour l'occasion. Des trajets communs à vélo ont également eu lieu. Le trafic a été temporairement paralysé dans le centre-ville de Berne.
Alliance hybride
La manifestation était organisée par l'Alliance climatique suisse qui, selon ses propres dires, regroupe plus de 140 organisations actives dans les domaines de l'environnement, du développement, des églises, de la jeunesse, des syndicats et de la protection des consommateurs.
Ce rassemblement s'est tenu 22 jours avant les prochaines élections fédérales. C'était la dernière date possible pour une grande manifestation sur la Place fédérale. En octobre, les autorités municipales n'autorisent plus la tenue de tels rassemblements, une pratique également suivie par le passé.
La mobilisation pour le climat qui avait eu lieu à Berne en septembre 2019, avant les dernières élections fédérales, avait aussi réuni 60'000 personnes, selon les organisateurs.
ats/lan/ebz
Des manifestations qui ont un impact
Interrogée dans le 12h30 sur une étude menée avec des chercheurs de l'EPFL auprès de 1200 Suissesses et Suisses qui n'avaient pas pris part à des grèves du climat, Livia Fritz a relevé qu''"environ 30% des personnes interrogées avaient indiqué avoir en partie changé leur mode de vie, leur comportement" depuis les grèves.
"Ce sont surtout des changements dans les habitudes personnelles, par exemple l'adoption d'un régime végétarien, un changement lié aux pratiques de consommation, ou de mobilité comme renoncer à la voiture pour aller au travail, ou une attention accrue portée à l'élimination des déchets", précise encore la chercheuse.