Alors que la chasse a débuté dans la plupart des cantons romands, Neuchâtel est le premier à imposer une limite d'alcool à ses chasseurs. La règle a beaucoup fait parler et s'applique donc pour la première fois. "C'est une loi qui fait un peu doublon avec la loi sur la circulation routière", relève Julien von Allmen, chasseur depuis ses 18 ans. Une manière de dire que cette limite s'applique déjà.
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Députée verte au Parlement neuchâtelois, Diane Skartsounis y voit une mesure de bon sens: "J'imagine que c'est une petite minorité qui devra se restreindre. Quand on a une arme dans la main, il va de soi qu'il faut vraiment la maîtriser à 100%".
Pour Julien von Allmen, la mesure pourrait être positive aussi pour sa corporation: "Les contrôles prouveront je pense que les chasseurs sont tout à fait honorables sur cette question".
Image à changer
Car l'enjeu pour les chasseurs, c'est aussi de changer l'image qui leur colle parfois à la peau: "Le chasseur alcoolique ou qui tire sur tout ce qui bouge, ce sont de fausses images", estime Julien von Allmen. "Il s'agit aujourd'hui de la déconstruire".
Pour lui, ces moments de chasse en pleine nature sont une véritable passion: "C'est une tradition vivante, un patrimoine, même si ça ne suffit pas à convaincre tout le monde". Il ressent une certaine pression autour de la chasse. Ses opposants se font entendre et il observe un durcissement ces derniers temps: "On aime bien taper sur le même clou".
Reste un élément sur lequel il sera difficile de convaincre les détracteurs de la chasse: le fait de tuer des animaux. "C'est quand même une passion qui se fait avec une arme à feu, du sang va couler, en tant que Verte je ne suis pas forcément très heureuse de tout ça", explique Diane Skartsounis.
Chasse en danger?
Neuchâtel s’érige comme un canton qui durcit le ton sur la chasse. Depuis plus de deux ans, les Verts et les Vert'libéraux profitent d’une majorité "environnementale" pour proposer de nouvelles règles. Le Grand Conseil doit bientôt débattre de la protection du lièvre et de la bécasse des bois, des espèces en danger. "Tant que ces animaux sont sur liste rouge, il serait interdit de les chasser", précise Diane Skartsounis.
"Cette proposition va trop loin", rétorque Julien von Allmen. Redoute-t-il à terme des attaques sur la pratique de la chasse elle-même? "Dans le contexte actuel, c'est une question qu'on peut se poser. Ou alors d'arriver à une chasse tellement vidée de sa substance que ce ne serait plus de la chasse".
Chez les écologistes, Diane Skartsounis relève qu'il y a plusieurs positions: "Certains prônent l'interdiction de la chasse. J'accepte pour ma part la chasse de régulation pour les sangliers, pour les chevreuils, parce qu'il n'y a pas de gros prédateurs pour ces animaux-là".
Cédric Guigon, Guillaume Rey