Pour ce trentenaire, tout a commencé au début de cette année 2023. Après l'héritage d'une somme importante, il a été attiré par des investissements aux rendements alléchants. "J'étais dans une bonne période, j'avais une femme, deux enfants, une maison, un chien et un bon job, le tableau était parfait. Alors, tu te demandes, comment tu peux sécuriser tout cela?", témoigne-t-il anonymement.
En faisant des recherches, il se forme dans l'investissement en ligne, avant de tomber sur une publicité publiée sur Facebook qui lui propose d'investir dans le vignoble, "les grands crus". Evidemment, il se renseigne et découvre que la société basée en France existe avec un vrai numéro de TVA. Au téléphone, avec professionnalisme, une personne lui explique le fonctionnement, tout est fait pour le mettre en confiance.
Au départ, il mise un peu, puis chaque fois plus, "tu te dis, mais qu'est-ce que j'ai à perdre?", explique-t-il. Rapidement, son investissement lui rapporte, alors la société lui propose de le récupérer. Lui décide d'investir encore davantage, "parce que tu as été mis en confiance et que tu récupères un peu, mais au final, tu perds tout".
Etat des lieux en Suisse romande
Chaque année, ils sont de plus en plus nombreux à se faire piéger par ces arnaques à l'investissement. En moyenne, les victimes sont âgées d'une cinquantaine d'années, mais certaines ont à peine 25 ans. Si les escroqueries pour des grands vins, des tonneaux de whisky restent plutôt rares, celles pour les cryptomonnaies sont en hausse.
A Genève, trois millions de francs ont déjà été perdus cette année. En Valais, c'est plusieurs dizaines de cas qui ont été annoncés pour un total de deux millions de francs de perdus. Alors que dans le canton de Vaud, les chiffres ont triplé depuis 2020, la police cantonale a reçu 119 plaintes pour environ 14 millions de francs de préjudice en 2022.
Selon Olivia Cutruzzolà, cheffe de la Section Prévention criminalité à la Police cantonale vaudoise, il n'y a pas forcément beaucoup de victimes. En revanche, les préjudices financiers sont très importants. Certaines personnes n'hésitent pas à investir toutes leurs économies.
L'impact sur la vie des victimes
Face à ces réseaux étrangers qui sont très bien organisés, la marge de manoeuvre de la justice suisse est limitée. Pour les victimes, il est difficile de garder le cap, "si tu vas demander de l'aide à la police, on te répond que c'est compliqué puisqu'on est à l'international", explique le jeune Vaudois de trente ans. Selon son expérience, les assurances ne couvrent pas ces arnaques.
"Ils nous ont pris plus que de l'argent, bien plus", conclut le témoin de La Matinale.
>> Lire aussi : Les escroqueries touchant les seniors s'élèvent à 675 millions de francs par année
Sujet radio: Robin Baudraz
Adaptation web: Miroslav Mares