"Je suis ici pour annoncer ma candidature au Conseil fédéral", a déclaré Roger Nordmann depuis le Salon Rose du Casino de Berne. Il a justifié sa motivation par deux mots-clés, sa "marque de fabrique": "Des ponts et des solutions", s'exprimant en français, en allemand et en italien durant sa conférence de presse.
Il a avancé quatre défis "particulièrement importants" à ses yeux: le renforcement du système de formation, la transition énergétique et climatique, le financement de la santé et l'accès aux soins ainsi que les relations de la Suisse avec l'Europe et le monde, évoquant la nécessité d'"une rénovation" des liens avec l'Union européenne.
Mercredi, invité dans l'émission Forum de la RTS, le socialiste déclare n'avoir pensé à cette candidature que depuis le mois de septembre. "Le groupe des Chambres fédérales a décidé qu'il voulait des candidats de toute la Suisse. Là, le processus s'est enclenché, je me suis dit, au fond pourquoi pas?" Selon lui, sa candidature est celle de quelqu'un qui a envie de servir son pays.
Engagé pour tous les Suisses
"Je ne suis pas simplement candidat pour devenir un troisième Romand au Conseil fédéral. Je me sens avant tout Suisse. Je veux m'engager pour mon pays et je m'engagerai pour tout le pays, par-delà les frontières linguistiques", a affirmé Roger Nordmann, 50 ans. "C'est donc une candidature de rassemblement pour toute la Suisse", a-t-il insisté.
Invité mercredi dans le 19h30 de la RTS, il indique que la surreprésentation des Romands ne l'inquiète pas, "il faut s'affranchir de ce cantonalisme étroit et avoir des conseillers fédéraux qui voient l'entier du pays. En tous les cas, c'est ma conception de la tâche", explique-t-il.
"Je suis toujours ouvert au dialogue avec tout le monde et j'ai cette capacité d'aller vers les autres (...) J'aime les négociations, j'aime les compromis, j'aime trouver des solutions avec les autres partis", a-t-il encore souligné.
Le socialiste n'a pas indiqué de préférence pour un département ou un autre au gouvernement. "Je donnerai tout ce que je peux quel que soit le département", a-t-il répondu.
Déjà cinq législatures
Très engagé sur les questions énergétiques et sociales, le conseiller national a quitté en juin dernier la présidence du groupe socialiste au Parlement fédéral après huit ans passés à cette fonction. Une décision prise pour rejoindre la commission d'enquête parlementaire (CEP) sur le Credit Suisse et y consacrer suffisamment de temps.
Le Lausannois siège depuis 2004 à la Chambre du peuple. Il a déjà obtenu deux dérogations de son parti pour prolonger son mandat, dont la dernière en 2022, à la suite d'un accord laissant le champ libre à Pierre-Yves Maillard pour le Conseil des Etats, pour lequel il était aussi partant. S'il est réélu le 22 octobre au National, Roger Nordmann entamerait ainsi sa sixième législature.
Il fait actuellement partie de la Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et de l'énergie (CEATE). Il a aussi siégé dans deux autres commissions, celle des transports et de la télécommunication (2011-2015) et celle de la politique de sécurité (2017-2018). Il dit volontiers que les valeurs qui l'animent le plus sont la solidarité, l'environnement, les savoirs et l'ouverture.
Etudes et vie politique
En avril 2019, il avait déjà dû s'incliner pour une candidature socialiste à la Chambre des cantons, cette fois-ci face à Ada Marra, afin de remplacer la sénatrice Géraldine Savary. Il avait été battu à l'interne pour sept petites voix.
Tout juste avant sa carrière à Berne, il a été brièvement député au Grand Conseil vaudois d'août à novembre 2004, quittant le Parlement cantonal après son élection au Conseil national. Il a également été conseiller communal à Lausanne de 1998 à 1999 puis membre de l'Assemblée constituante vaudoise jusqu'en 2022.
Né le 23 mars 1973 à Lausanne, Roger Nordmann a effectué sa scolarité obligatoire entre Mézières et Moudon. Il a obtenu une maturité de type latin-grec-mathématiques. Il est licencié en sciences politiques et économie politique de l'Université de Berne. Il est marié à la municipale lausannoise des finances Florence Germond. Ils ont deux enfants.
Quatre candidats en lice
Jusqu'à présent, quatre autres candidats ont déclaré leur candidature à la candidature socialiste au gouvernement. Il s'agit du conseiller aux Etats zurichois Daniel Jositsch, des conseillers nationaux Matthias Aebischer (BE) et Jon Pult (GR) ainsi que du président du gouvernement de Bâle-Ville Beat Jans (BS).
Les candidats socialistes intéressés à succéder à Alain Berset au Conseil fédéral ont jusqu'au 29 octobre à midi pour s'annoncer. Le groupe parlementaire PS n'a pas établi de critères autres que présenter "une sélection de candidat-es" pour l'élection du 13 décembre. Le PS Vaud entérinera, lui, la candidature de M. Nordmann le 23 octobre lors d'un congrès, a indiqué la section cantonale.
Les candidats devront se présenter au parti et à la population lors de quatre auditions publiques. Celles-ci auront lieu le 6 novembre à Genève, le 8 novembre à Bienne (BE), le 9 novembre à Olten (SO) et le 14 novembre à Schaffhouse.
ats/juma