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Les initiatives se multiplient pour sauver les fruits et légumes "moches"

Les fruits et légumes "invendables" terminent souvent à la poubelle malgré leur goût délicieux
Les fruits et légumes "invendables" terminent souvent à la poubelle malgré leur goût délicieux / Couleurs locales / 2 min. / le 3 octobre 2023
Un tiers de la production alimentaire mondiale est perdu ou gaspillé. En Suisse, cela représente en moyenne 330 kg par habitant et par an. Parmi les causes figure l'élimination des fruits et légumes hors calibre ou porteurs de défauts visuels. Pour y remédier, plusieurs initiatives ont vu le jour, notamment des paniers de fruits et légumes "moches".

Les intempéries du printemps dernier n'ont pas épargné les fruits d'un producteur actif dans le bio. Dans un cageot, des pommes de petit calibre de variété Renora attendent leur sort. Bien que parfaitement propres à la consommation, elles sont endommagées et donc invendables en l'état dans les supermarchés.

Cette fois-ci, la cargaison est sauvée: le stock est cédé à un revendeur spécialisé dans les produits hors standards. La marchandise évitera donc la poubelle.

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Quelques tonnes sauvées par année

"A notre petite échelle, on essaie de sauver quelques tonnes de produits par année", témoigne dans Couleurs Locales l'acheteur de ce lot, le gérant de la plateforme UglyFruits.ch ("fruits moches" en français) Nicolas Tanner. Il s'est spécialisé dans la livraison à domicile de paniers de fruits et légumes qui sortent des standards. En temps normal, un paysan se voit refuser 30% de sa production non calibrée, avance-t-il sur son site internet. Ces produits "ugly" représentent d'ailleurs aussi le 30% de son assortiment en cartons, avec un objectif assumé de valorisation du moche.

"A l’origine, ces produits-là partiraient peut-être dans les déchets. Et les déchets, on les retrouve au niveau de la production, de la distribution, de la vente et jusqu'au consommateur. C'est 10% par maillon", détaille Nicolas Money, responsable de vente chez TerraViva, organisation qui commercialise les produits de plus de 80 producteurs de fruits et de légumes bio dans toute la Suisse.

"L'essentiel, c’est que ce soit frais"

Dans l’assortiment de Nicolas Tanner, le vilain côtoie le hors norme. "Typiquement, cette poire est moche, cette carotte est moche...", explique-t-il en montrant des produits tachés de brun. "Après, dans les autres critères, on a également des patates qui sont de calibre XXL, de grosses patates qui ne vont pas forcément passer dans les supermarchés. Et ces courgettes sont aussi XXL".

Ce type de fruits et légumes a ses adeptes. Des dizaines de clients sont livrés chaque jour, notamment à domicile. "J'ai reçu aujourd'hui des aubergines, des tomates grappe, des radis, du chou-fleur... L’essentiel, c’est que ce soit frais, bon. Et surtout, ça tient bien plus qu'une semaine!", se réjouit une mère de famille qui a passé commande à Corcelles (NE). L'aspect des fruits et légumes ne lui pose aucun problème.

Pour ces clients, qu'importe l’apparence, l’essentiel est ailleurs. Ces fruits et légumes sont peut-être moches, mais ils sont aussi sains et savoureux que leurs congénères.

>> Ecouter aussi la séquence "Parlons Cash" de La Matinale de la RTS aborder lundi dernier la question du gaspillage alimentaire :

Parlons Cash (vidéo) - Le fléau du gaspillage alimentaire
Parlons Cash (vidéo) - Le fléau du gaspillage alimentaire / La Matinale / 3 min. / le 2 octobre 2023

Sujet TV: Claude Olivier Volluz
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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D'autres solutions pour éviter la poubelle

Mieux déclarer la durée de conservation des produits, faire don des aliments invendus ou proposer aux clients des restaurants d'emporter les restes: la Confédération et le secteur alimentaire ont signé l'an dernier un accord pour lutter contre le gaspillage alimentaire.  Le but est de réduire de moitié les pertes alimentaires évitables d'ici 2030 par rapport à 2017.

>> Lire : Le gaspillage alimentaire doit être réduit de moitié d'ici 2030, estime le Conseil fédéral

Autre mesure, adoptée en 2023 cette fois: l'adaptation des normes de qualité pour les fruits et légumes. Depuis le mois de juin, des produits sont disponibles dans le commerce même s'ils présentent de petits défauts optiques.

>> Plus de détails dans notre article : Pour éviter le gaspillage, des légumes avec des petits défauts sont désormais vendus

Du côté des supermarchés, les lignes bougent également. Coop a lancé il y a quelques années son label "Ünique" et vend dans certains de ses magasins des fruits et légumes marqués ou hors-calibre à prix préférentiel. Chez Migros, on retrouve parfois des produits hors-calibre dans la gamme M-Budget.