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Baromètre électoral: bond de l'UDC et du PS, recul du PLR, chute des Verts

Dernier sondage avant les élections fédérales, l'UDC et le PS progressent alors que les Verts semblent en net recul.
Dernier sondage avant les élections fédérales, l'UDC et le PS progressent alors que les Verts semblent en net recul. / 19h30 / 2 min. / le 11 octobre 2023
A dix jours des élections fédérales, l'UDC et le PS sont bien partis pour améliorer leur score d'il y a quatre ans, indique mercredi le dernier baromètre électoral SSR. Le Centre confirme sa progression et pourrait damer le pion au PLR. Selon le sondage, les grands perdants du scrutin seraient les deux partis écologistes, et surtout Les Verts.

Tous les partis ont le nez dans le guidon, le sprint final est lancé, la ligne d'arrivée est en vue. Dans une dizaine de jours, la grande course électorale sera terminée et on connaîtra le nouveau classement des plus grandes forces politiques de Suisse. Les formations qui avaient perdu les élections en 2019 pourraient être les gagnantes de 2023, et inversement. C'est en tout cas ce que montre le dernier pointage en vue des élections fédérales du 22 octobre, réalisé par l'institut Sotomo pour le compte de la SSR.

En net recul il y a quatre ans puis mise en difficulté au début de la pandémie de Covid-19, l'UDC a trouvé son second souffle et fonce tête baissée vers la victoire. Depuis deux ans, porté par ses thématiques - l'immigration et l'asile -, le parti de la droite conservatrice ne cesse de gagner du terrain dans les enquêtes d'opinion. Il est aujourd'hui crédité de plus de 28% des intentions de vote et dispose de plusieurs longueurs d'avance sur son principal poursuivant, le PS (18,3%).

Les socialistes ont eux aussi le vent dans le dos, tout comme Le Centre qui dépasse désormais le PLR d'un boyau (14,3% contre 14,1%). L'écurie menée par Gerhard Pfister bénéficie apparemment de la fusion entre le PDC et le PBD, opérée en cours de législature, tandis que les libéraux-radicaux sont à la peine. La lutte pour la troisième place s'annonce acharnée. Derrière, les deux partis écologistes sont distancés: les Verts passent sous la barre des 10% et les Vert'libéraux (PVL) glissent à 6,8%.

Les partis écologistes en difficulté

La défaillance du tandem écologiste est l'un des principaux enseignements de ce dernier baromètre électoral. Après l'échappée historique d'il y a quatre ans, le contrecoup est manifeste. Les Vert'libéraux reculeraient un point par rapport à 2019. Les Verts, eux, déraillent carrément ; malgré une forte hausse de leur budget de campagne, ils lâcheraient pas moins de 3,5 points, soit plus de la moitié de leurs gains réalisés lors des dernières élections fédérales.

Des quatre formations gouvernementales, seul le PLR est aussi dans le rouge (-1 point). L'UDC, le PS et Le Centre abordent quant à eux la dernière ligne droite sous les meilleurs auspices. Donné en progression de 2,5 points, le premier parti de Suisse impose son rythme, emmenant dans son sillage les socialistes (+1,5 point) et les centristes (+0,5 point). Cette fin de campagne semble profiter aux grandes équipes: seuls l'UDC et le PS ont augmenté la cadence depuis le dernier sondage publié le mois dernier.

Hiérarchie bouleversée en Suisse romande

Si l'on ne regarde que la Suisse romande, l'équilibre des forces est quelque peu différent et les évolutions constatées au niveau national sont encore plus marquées. De ce côté-ci de la Sarine, ce sont les socialistes qui font la course en tête, selon le baromètre électoral. Le PS gagnerait 2,5 points et dépasserait les 20% de l'électorat. Derrière lui, on trouve l'UDC qui mène un train d'enfer (19,3%, +3 points) et pourrait bien dépasser les libéraux-radicaux en tant que deuxième force politique en Suisse romande.

En tête il y a quatre ans, le PLR pourrait donc ne plus être que le troisième parti en terres francophones. En pleine déroute avec une perte de cinq points, Les Verts, quant à eux, seraient éjectés du podium romand. En queue de peloton, on retrouve Le Centre - toujours très fortement implanté dans les cantons catholiques mais moins puissant à Neuchâtel et dans le canton de Vaud - et les Vert'libéraux. Ces deux formations seraient stables dans les intentions de vote, selon le sondage.

Le Centre va-t-il dépasser le PLR?

Au niveau national, la lutte acharnée pour la troisième place sera sans conteste l'un des grands enjeux de cette fin de campagne. En octobre 2022, le PLR était dans la roue du PS. Mais depuis, le parti a fortement décroché, au point de se voir dépassé par Le Centre dans les intentions de vote, comme le montre le graphique ci-dessous. L'écart entre les deux formations est toutefois minime, dans la marge d'erreur. Jamais depuis la création de l'Etat fédéral moderne en 1848 les prédécesseurs du Centre n'ont dépassé les radicaux*.

Loin devant, l'UDC semble elle inarrêtable. Sondage après sondage, elle ne cesse de grimper et se rapproche de plus en plus de son score historique de 2015 (29,4%). Aidée par la recrudescence de crises dans le monde, qui poussent de nombreuses personnes sur les chemins de l'exil, la formation de Marco Chiesa a su imposer dans la campagne son thème phare: l'immigration. Aujourd'hui, 35% de la population considère l'immigration comme l'un des trois principaux défis auxquels la Suisse est confrontée (voir ci-dessous).

Parallèlement à l'avancée de l'UDC, on constate également depuis une année une montée en puissance du PS, à la faveur des préoccupations sociales qui prennent de plus en plus d'importance. La nouvelle flambée des primes maladie pour 2024, annoncée en plein milieu de l'enquête, pourrait expliquer la forme des socialistes dans ce dernier baromètre, supposent les auteurs de l'étude. Un bon résultat le 22 octobre devrait réconforter le parti, qui doit défendre son deuxième siège au Conseil fédéral à la fin de l'année, à la suite du départ d'Alain Berset.

La fin du mois vs la fin du monde

L'ascension des Verts vers le sommet du pouvoir pourrait ainsi pâtir à la fois de leur probable contre-performance électorale et de la bonne tenue du PS. Depuis quatre ans, les écologistes ne cessent d'affirmer leur droit à un siège au Conseil fédéral. Tant qu'ils se maintenaient à haut niveau, ce rêve semblait pouvoir devenir réalité. Une lourde défaite le 22 octobre pourrait toutefois mettre un frein à leurs ambitions et consolider le statu quo. Et ce d'autant plus que les Vert'libéraux sont eux aussi sur la pente descendante.

Signe des temps, les primes maladie dépassent nettement le climat au premier rang des préoccupations. Elles constituent aujourd'hui l'un des principaux défis politiques pour plus de la moitié des Suissesses et des Suisses, en hausse de 20 points depuis octobre 2022. L'inquiétude est particulièrement marquée en Suisse romande (68%). Même s’il reste le deuxième sujet de préoccupation le plus important, le dérèglement climatique, quant à lui, n’est plus mentionné "que" par 36% des personnes sondées (-7 points en un an).

Pour résumer: la peur de la fin du mois l'emporte désormais sur la peur de la fin du monde. Aux primes maladie s'ajoutent d'ailleurs la flambée des prix de l'électricité, des loyers ou encore de la nourriture. Pas étonnant, donc, que la question de la sécurité sociale et du coût de la vie soit la quatrième crainte majeure de la population. Mais une autre thématique a également pris de l'ampleur depuis une année: l'immigration. En octobre 2022, seuls 20% des Suisses la citaient parmi les trois principaux défis, soit 15 points de moins qu'aujourd'hui.

Didier Kottelat

* En 2011, les voix cumulées du PDC et du PBD - aujourd'hui fusionnés mais à l'époque bien distincts - avaient dépassé celles du PLR. Il s'agissait des premières élections fédérales auxquelles participait le PBD, né quelques années plus tôt d'une scission avec l'UDC à la suite de l'élection d'Eveline Widmer-Schlumpf au Conseil fédéral à la place de Christoph Blocher. Cette formation avait réussi à recueillir plus de 5% des suffrages au niveau national, attirant une partie significative de l'électorat UDC.

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Mouvement de bascule de gauche à droite

Au niveau des équilibres entre les blocs, les élections du 22 octobre risquent d'être défavorables à la gauche. La poussée du Parti socialiste ne devrait en effet pas suffire à contrebalancer la déroute prévue des Verts.

Par effet de balancier, le scrutin devrait profiter à la droite, dopée par la performance de l'UDC. Pour les forces du centre, le résultat devrait être en demi-teinte, le regain du Centre étant plus que compensé par les pertes attendues des Vert'libéraux.

En 2019, on avait assisté à l'effet inverse: sous l'impulsion des Verts, la gauche avait réalisé son meilleur score depuis longtemps, tandis que la droite avait souffert de la défaillance de l'UDC. Quant au bloc du centre, il avait bénéficié de la montée des Vert'libéraux.

Quelle influence sur le Conseil fédéral?

L'une des premières grandes décisions du nouveau Parlement sera le renouvellement du Conseil fédéral, prévu lors de la première session de la législature en décembre. Les nouveaux élus devront notamment désigner le ou la remplaçante d'Alain Berset, qui ne rempile pas pour un nouveau mandat. La composition actuelle du gouvernement - deux UDC, deux PS, deux PLR et une représentante du Centre - sera-t-elle remise en cause?

Verts et Vert'libéraux ne font pas mystère de leurs ambitions gouvernementales. Mais si les résultats du sondage se confirment, les partis écologistes - tous deux en recul - ne seraient pas en position de force pour revendiquer une place au Conseil fédéral. Quant au Centre, même s'il venait à dépasser le PLR, il a d'ores et déjà exclu d'attaquer l'un des deux fauteuils libéraux-radicaux.

Reste que la majorité de la population (58%) souhaite une recomposition des forces au Conseil fédéral, montre le baromètre électoral. Sans surprise, les plus fervents défenseurs du changement sont les sympathisants des Verts (94%) et des Vert'libéraux (82%), suivis par l'électorat du PS (76%). Seuls les proches de l'UDC (55% de non) et, surtout, du PLR (75% de non) y sont majoritairement défavorables.

Méthode

La collecte des données a été réalisée en ligne pour le compte de la SSR par l'institut de sondage Sotomo entre le 22 septembre et le 5 octobre 2023.

Le recrutement des personnes interrogées a eu lieu d’une part par le biais des portails web de la SSR et d’autre part via le panel en ligne de Sotomo. Après apurement et contrôle des données, les réponses de 31'850 électeurs et électrices ont pu être exploitées pour l’évaluation.

La représentativité de ce sondage est comparable à celle d’un échantillonnage aléatoire avec une marge d'erreur de +/-1,2 point de pourcentage, note Sotomo.