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La fronde s'organise contre les grands projets solaires et éoliens en montagne

La grande réforme sur l'énergie est attaquée par référendum. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
La grande réforme sur l'énergie en Suisse est attaquée par un référendum / Le 12h30 / 2 min. / le 10 octobre 2023
L'Union pour la nature et le paysage suisse, une nouvelle organisation qui se dit apolitique, a annoncé mardi le lancement d'un référendum contre la réforme de l'énergie adoptée en septembre dernier. Elle s'oppose en particulier à la priorité donnée à la production d'électricité renouvelable par rapport à la protection de la nature.

Adoptée par le Parlement lors de la session d'automne, la Loi fédérale relative à un approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables constitue l'un des gros projets énergétiques de la législature. Un consensus avait été trouvé, les grandes organisations environnementales comme Birdlife ou WWF Suisse ayant annoncé ne pas lancer de référendum.

>> Plus de détails dans notre article : La grande réforme de l'énergie bouclée par le Parlement

Pour la nouvelle Union pour la nature et le paysage suisse (UNP), toutefois, organisations environnementales et politiques ont été mises sous d'énormes pressions pour accepter la destruction de la nature, alors que cette réforme représente un réel danger pour cette dernière. Ils critiquent vivement le fait que la priorité soit donnée à la production de l'électricité, sans garantie pour la protection de la nature. Ils craignent notamment l'apparition massive de panneaux photovoltaïques en montagne, la loi prévoyant notamment de multiplier par 10 environ la production solaire et éolienne.

Le texte est en outre en contradiction avec la Constitution, ce qui justifie un référendum, selon son analyse. L'UNP a jusqu'au 18 janvier 2024 pour réunir les 50'000 signatures nécessaires pour qu'un vote populaire soit organisé.

Défenseurs "authentiques" de la nature

La loi urgente "Solar-Express" adoptée en 2022 n'accordait déjà - pour une période limitée - plus aucune valeur au paysage. Même entre deux projets fournissant la même production hivernale d'électricité, aucun critère n’exige de choisir celui qui nuit le moins au paysage, dénoncent les représentants de la nouvelle organisation.

L’adoption de ces deux lois signale que la plupart des organisations environnementales acceptent que la nature et le paysage suisses soient sacrifiés. L'UNP invite ceux qui ne se sentent plus représentés par ces organisations ou partis à la rejoindre pour contribuer "à une défense authentique", ce qui leur permettra de mieux résister, ont plaidé ses représentants.

Priorité au solaire sur les bâtiments

L’UNP entend inscrire son engagement dans la durée. Elle soutiendra aussi une future initiative populaire fédérale "Photovoltaïque: sur les bâtiments et les infrastructures d'abord" visant à interdire de "saccager la nature avec des parcs solaires tant qu'il existe une alternative sur les bâtiments et les infrastructures".

Ce texte est distinct et complémentaire à celui lancé par les Vert-e-s, précise l'UNP. L'initiative sera lancée quand le texte de la modification constitutionnelle sera définitif et que le comité d’initiative aura été finalisé.

>> Lire aussi : Les Vert-e-s veulent voir briller les panneaux solaires sur tous les toits du pays

"Susciter une prise de conscience"

Pour l'heure, comme aucune organisation de défense de la nature ne soutient ce texte, les chances de succès des référendaires sont faibles. Mais ceux-ci espèrent encore convaincre, notamment la fondation Franz Weber. Pierre-Alain Bruchez, l'instigateur de ce projet, souhaite aussi que le lancement de cette association permette de sensibiliser la population. "Même dans le pire des cas, on espère susciter une prise de conscience, créer une structure qui permette de réagir à cette dérive", a-t-il plaidé mardi dans le 12h30 de la RTS.

Ce nouveau groupement de défense du paysage se dit aussi porté par le résultat de la votation valaisanne de septembre dernier. Le canton avait en effet refusé un décret permettant d'accélérer les procédures d'autorisation des grands projets solaires alpins.

>> Lire à ce sujet : Rejet du décret sur les grands parcs solaires alpins en Valais

vic avec ats/gc

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En hiver, les panneaux solaires produisent plus en montagne

Les installations solaires dans les Alpes peuvent produire en hiver davantage d'électricité que les installations sur le Plateau, montre une étude sur la production d'une installation expérimentale à 2500 mètres d'altitude à Davos (GR).

Les chercheurs de la Haute école zurichoise pour les sciences appliquées (ZHAW) ont comparé les données de l'installation expérimentale de Davos avec celles d'une installation sur un toit à Wädenswil (ZH). D'octobre à mars, le rendement électrique des panneaux à Davos était trois à quatre fois plus élevé que ceux de Wädenswil. Ce résultat s'explique notamment par le fait que le rayonnement solaire est plus élevé dans les Alpes que sur le Plateau.

La neige renvoie la lumière

Le rayonnement solaire indirect provenant de la neige joue aussi un rôle, car la neige renvoie la lumière vers les installations solaires, qui peuvent ainsi produire plus d'électricité. De plus, la puissance des installations dépend aussi de la température: plus il fait froid, plus la puissance est élevée.

Un autre élément contribue toutefois à la différence plaine-montagne observée: l'installation expérimentale de Davos est bifaciale. Elle peut donc capter la lumière non seulement sur la face avant, mais aussi sur la face arrière des cellules solaires. Sur l'installation de Wädenswil, en revanche, on trouve des modules solaires traditionnels qui ne captent la lumière solaire que sur une face.

La comparaison entre les deux installations est malgré tout judicieuse, selon le chercheur Jürg Rohrer, car la majorité des panneaux solaires disposés sur les toits ont un côté collé ou proche de la toiture, qui ne pourrait pas produire d'électricité.