L'entreprise Moderna s'est fait connaître il y a trois ans avec son vaccin à ARN messager quand le Covid-19 battait son plein. Depuis, l'entreprise de biotechnologies a enregistré une perte de plus d'1 milliard de francs.
"Je crois que le vaccin Covid-19 pour Moderna a joué en quelque sorte le rôle de l'iPhone pour Apple", a relevé dans La Matinale Dan Staner, son directeur suisse. "Cela nous a permis tout d'abord d'aider à gérer la pandémie, mais cela nous a aussi permis d'investir et de pousser non seulement un vaccin, mais une quarantaine d'autres qui sont en développement en ce moment."
Dans les chiffres rouges
L'entreprise est actuellement dans les chiffres rouges parce que l'analyse porte sur le 2e trimestre "où évidemment il n'y a pas de vaccination Covid, alors que toutes les charges salariales, les charges opérationnelles et les charges de recherche et de développement continuent". Dès que les vaccinations auront lieu "à partir du mois de septembre et jusqu'au mois de décembre-janvier, nous espérons terminer l'année avec un chiffre d'affaires entre 6 et 8 milliards de dollars".
"Même si heureusement nous sommes sortis de la phase pandémique pour entrer dans une phase endémique, il faut continuer de surveiller le virus et ses mutations", a-t-il encore exliqué. "Les gouvernements, en fonction de l'évolution épidémiologique, décident chaque année de leurs commandes, notamment pour être prêts à protéger les personnes vulnérables."
Sur les cinq prochaines années, nous espérons lancer quinze nouveaux produits
Développement d'autres vaccins
Mais il est vrai que les volumes de commande ont été diminués par 3 ou 4, a reconnu Dan Staner, "ce qui ne nous a pas empêché de recruter dans le monde 3000 personnes dans les 6 derniers mois, car nous sommes très confiants dans notre technologie. Pour rappel les prix Nobel de médecine 2023 ont été attribués à deux chercheurs pionniers dans l'ARN messager".
Le vaccin contre le Covid est un produit phare, "mais nous avons déjà soumis l'été dernier auprès de Swissmedic un vaccin pour un virus respiratoire. Nous avons 40 programmes en développement, dont un certain nombre qui sont en phase trois, qui est la dernière phase avant la mise sur le marché. Aujourd'hui nous avons quatre vaccins: le Covid, le VRS (virus respiratoire syncytial humain), la grippe et surtout le vaccin combiné des trois. Vous le faites une fois par année et vous êtes protégé de l'ensemble des pathologies. Sur les cinq prochaines années, nous espérons lancer quinze nouveaux produits", s'est réjoui le directeur.
Quelle suite pour Lonza?
Moderna a annoncé en septembre qu'elle allait progressivement arrêter la production d'ARN messager sur le site de Lonza à Viège (VS).
>> Relire : Moderna va arrêter progressivement sa production de vaccins contre le Covid sur le site de Lonza à Viège
Mais "nous gardons un partenariat stratégique sur le long terme avec Lonza qui est un partenaire de qualité". De plus, des discussions ont lieu avec le gouvernement suisse, selon Dan Staner. "Berne doit se positionner: est-ce qu'il y a un certain intérêt stratégique à avoir une usine de production de vaccins en Suisse? Il n'y en a plus depuis que Novartis a délocalisé sa production".
"Je ne peux pas en dire davantage sur ces discussions, mais l'avantage c'est qu'on se connaît. On a déjà fait la guerre ensemble, c'est un avantage énorme", conclut le patron suisse de Moderna.
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adaptation web: France-Anne Landry