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De plus en plus de personnes en Suisse renoncent aux soins dentaires

De plus en plus de Suisses renoncent aux soins dentaires.
De plus en plus de Suisses renoncent aux soins dentaires. / 19h30 / 3 min. / le 13 octobre 2023
Selon une récente étude, plus de 26% des Suisses et des Suissesses renonceraient aux soins dentaires pour des raisons financières. Une tendance qui risque d'augmenter avec la récente augmentation des primes d’assurance maladie. Témoignages.

Environ 26% de la population suisse a renoncé à un soin ou à un examen dentaire pour des raisons de coûts en 2020, selon une étude de l'International Health Policy Survey. Une augmentation qui représenterait près d’un tiers par rapport à 2016.

En Suisse, les soins dentaires ne sont pas remboursés dans l’assurance maladie obligatoire de base. En comparaison internationale, le renoncement aux soins est plus important dans notre pays qu’en France (18,5%) ou en Allemagne, mais moins important qu’aux États-Unis (36,2%).

Une facture salée

Jeanne fait partie de ces Suisses qui ont renoncé pendant plusieurs années aux soins dentaires. Une peur qui remonte à l’enfance. "Petite, j’ai eu plusieurs caries. Le dentiste chez qui je me suis rendue m’a arraché les dents, sans anesthésie", témoigne-t-elle.

Traumatisée, Jeanne évite les visites chez le dentiste jusqu'au jour où elle n’a plus le choix: elle souffre d’une maladie auto-immune. "Mes dents ont commencé à tomber. Je me suis rendue dans plusieurs cabinets qui m’ont annoncé que le coût du traitement variait entre 6000 et 8000 francs. Retraitée, il était impossible pour moi de payer cette somme", poursuit-elle.

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Jeanne est contrainte de se rendre au Point d’eau, une fondation lausannoise qui propose des soins dentaires à faibles coûts aux populations précaires. "Je suis Suisse, j’ai travaillé toute ma vie et je n’arrive pas à me payer des soins dentaires. C’est vraiment une honte", ajoute-t-elle.

Migrants, retraités, étudiants ou familles monoparentales… Pour les patients de la fondation Point d’eau, les soins dentaires restent un luxe. "Nous avons deux cabinets mais nous n’arrivons pas à répondre à la demande. Nous sommes complètement saturés", détaille son directeur François Chéraz. "C’est la douleur qui pousse les gens à venir nous consulter. Tant qu’elle est supportable, les gens ne vont pas chez le dentiste", ajoute-t-il.

Soins moins chers

Nombreux sont les patients qui se tournent vers des solutions alternatives afin de trouver des soins à prix abordables.

A Genève, la Clinique universitaire de médecine dentaire forme les futurs médecins dentistes. En 2022, l’établissement a modifié son système tarifaire pour attirer davantage de patients et patientes. Auparavant, les rabais étaient de 25% pour tous les traitements sans prothèse et de 40% pour les traitements prothétiques. Ils sont désormais fixés en fonction du niveau de formation: 70% pour les soins effectués par les étudiantes ou étudiants non diplômés et 25% pour les traitements par des dentistes en formation de spécialisation.

Quelque 10’000 personnes par année sont suivies à la clinique. "Si on a un problème dentaire et qu’on tarde à le soigner, les conséquences peuvent être graves et amener des complications. Cela impacte notre santé générale", détaille Serge Borgis, directeur opérationnel de la clinique de médecine dentaire.

En Suisse romande, les cantons de Vaud, Genève et Neuchâtel ont déjà voté sur une assurance cantonale pour des soins dentaires. Toutes les propositions ont été balayées.

Sujet TV: Marion Tinguely

Adaptation web: saje

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