Il y a huit ans, l'étude de l'Année politique suisse (APS) de l'Institut de sciences politiques de l'Université de Berne sur la campagne électorale avait recensé pas moins de 6003 annonces dans 52 publications lors des huit semaines précédant les élections.
Cette année, il n'y en a eu, en date du 12 octobre et sur une durée comparable, que 1746, annonce jeudi l'APS.
Entre 200 et 350 francs par post Instagram
En 2019, ce nombre s'élevait à 2441. La baisse entre 2019 et 2023 est moins violente que celles des quatre années précédentes mais demeure très marquée.
L'APS part de l'idée, sans présenter de chiffres, que les partis utilisent toujours plus les réseaux sociaux, en particulier la gauche et les écologistes. Le PLR et l'UDC sont les deux formations restées les plus fidèles aux médias imprimés.
Des raisons de coûts peuvent entrer en ligne de compte. Alors qu'un post sur Facebook ou Instagram coûte entre 200 et 350 francs, une annonce en première page du Tages-Anzeiger par exemple revient, selon sa taille, entre 2300 et 9000 francs.
Imprévisible
Les auteurs de l'étude estiment ne pas pouvoir, en l'état, prévoir l'impact qu'aura sur le résultat des élections l'utilisation accrue des canaux numériques ou autres. Les personnes intéressées par les élections n'ont "pratiquement pas" pour l'instant l'habitude de s'informer par les réseaux sociaux. Elles continuent, pour la politique, à privilégier les journaux ou les affiches dans la rue, note l'APS.
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La tendance nationale à s'éloigner des journaux a toutefois des exceptions. C'est le cas par exemple dans le Jura, où le nombre d'annonces a plus que doublé entre 2019 et 2023, sans doute en raison, selon les auteurs, de la bataille qui s'annonce plus serrée cette année. On parle cependant d'un volume très faible: 20 annonces en 2019 et 42 cette année au total.
Le Centre mise sur le numérique
Un coup d'oeil sur la plateforme politransparency.ch permet de constater que le parti à avoir le plus investi sur les réseaux sociaux entre le 27 août et le 1er octobre est le Centre: il a dépensé 103'800 francs pour sa pub sur Facebook et Instagram durant cette période. Suivent le PS (92'900 francs), le PLR (88'900 frs) et les Verts (71'400 frs). L'UDC n'a dépensé que 18'600 francs par ce biais. Ce parti mise davantage sur son propre canal en envoyant son propre journal en tout-ménage.
Autre enseignement, cette campagne 2023 n'est pas monothématique comme ont pu l'être les deux précédentes. En 2015, les sujets abordés dans la presse concernaient beaucoup la politique migratoire, tandis qu'en 2019, le climat figurait au premier plan.
Cette année, les thématiques sont beaucoup plus variées, de la politique de santé aux questions de logement en passant les sujets migratoires ou les banques. Autant de sujets pour lesquels, note l'APS, sur lesquels il est difficile d'anticiper quels partis peuvent le mieux se profiler.
ats/hkr