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Un rapport met en évidence le manque d'efficacité de la lutte contre le hooliganisme

Des hooligans lors d'un match à Bâle en 2004. Image d'illustration. [Keystone - Patrick Straub]
En Suisse, les mesures contre le hooliganisme dans le football se révèlent peu efficaces / La Matinale / 2 min. / le 18 octobre 2023
En Suisse, les mesures de lutte contre le hooliganisme dans le football se révèlent peu efficaces. Telle est la conclusion d’un rapport de l’Université de Berne, publié mardi, sur le concordat en vigueur depuis 2012.

Ce concordat, présenté comme un puissant remède contre la violence des supporters, permet notamment d’interdire de périmètre certains fans et limite la vente d’alcool dans les stades lors de matchs à haut risque.

Toutefois, les chiffres sont clairs, selon l'étude: la violence n’a pas diminué dans le football suisse, mais s’est déplacée hors des stades. Seuls 13% des événements les plus violents se sont déroulés dans les gradins. Le reste a eu lieu aux abords du stade et lors des trajets des supporters extérieurs. Les gares sont des zones particulièrement sensibles.

Sans proposer une solution miracle, les auteurs du rapport invitent à un grand débat au niveau national sur la question du déplacement des supporters.

Dialogue difficile

Autre constat de l’étude, le concordat a détérioré les relations entre police et supporters, les seconds considérant certaines mesures comme illégitimes, ce qui les encouragerait même à réagir plus violemment.

Les auteurs préconisent donc de miser sur la prévention et surtout le dialogue. Ils appellent même à faire un geste en direction des supporters, en ne considérant plus comme de la violence les "engins pyrotechniques stylistiques", c'est-à-dire les torches qui colorent et animent les tribunes.

"Le concordat contre le hooliganisme se concentrerait ainsi plus clairement sur les comportements agressifs et délibérément préjudiciables, ce qui devrait accroître sa légitimité auprès des supporters", soutiennent les auteurs de l’étude.

Autre recommandation: en finir avec l’interdiction de la vente d’alcool, une mesure jugée inefficace.

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Billets nominatifs

Le conseiller d'Etat valaisan en charge de la sécurité Frédéric Favre n'est pas surpris par le fait que le concordat n’ait pas enrayé la violence. "Regardez ce qu'il s'est passé ces derniers mois dans les stades suisses: on est quasiment la honte de l'Europe en termes de débordements de hooligans", a-t-il lancé dans La Matinale de la RTS mercredi.

"Il faut maintenant prendre ses responsabilités et avancer sur des pistes nouvelles que nous n'avons pas étudiées en Suisse. Les billets nominatifs ont fait leurs preuves ailleurs. Il n'y a pas de raison qu'ils ne puissent pas fonctionner chez nous", argumente l'élu.

Des propos en partie contredits par l’étude. Selon l’Université de Berne, "il y a un manque de preuves empiriques à ce sujet. La majorité des événements violents se déroulent en dehors du stade, donc la contribution du billet nominatif serait limitée".

A cela s’ajoutent les coûts financiers élevés pour le contrôle et le stockage des données. "Cette mesure semble quelque peu discutable", concluent les auteurs de l’étude, qui estiment nécessaire une analyse approfondie du billet nominatif pour clarifier son éventuelle valeur ajoutée.

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Sujet radio: Valentin Emery
Propos de Frédéric Favre recueillis par Mathieu Henderson
Adaptation web: ami

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