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Attention aux méthodes abusives de certains courtiers en assurance

Les courtiers en assurances n'informent pas suffisamment leurs clients. [12foto.de / fotolia]
Enquête sur les abus des courtiers en assurance / La Matinale / 4 min. / le 20 octobre 2023
Avec la forte hausse des primes annoncée pour l'année prochaine, les courtiers en assurance maladie sont très actifs. Problème: certains mentent allégrement pour toucher la commission versée par les assureurs. La RTS en a fait l’expérience.

Comme de nombreuses personnes en Suisse, un journaliste de la RTS a été récemment démarché par un call center de façon illégale. L’employée derrière le numéro masqué lui a promis des économies substantielles sur ses primes d’assurance maladie et a insisté pour fixer un rendez-vous à domicile avec un courtier. Pour vérifier si cet intermédiaire présenterait la meilleure assurance ou s’il raconterait des salades, le rendez-vous a été accepté.

Résultat: pratiquement tout ce que le courtier a dit n'était pas correct, confirme la Fédération romande des consommateurs, à qui la RTS a fait entendre l’enregistrement audio réalisé à l’insu du courtier, dans l’objectif de mettre en garde le public contre certains discours erronés.

Fausses déclarations

Le courtier a prétendu être mandaté par le canton du Valais dans le cadre des augmentations tarifaires de l’assurance de base, ce qui est totalement faux. Aucun canton ne mandate de courtiers.

L’intermédiaire a ensuite affirmé à tort qu’il était en mesure d'accorder un rabais de 5% sur les primes et que l’assurance la moins chère était un produit du Groupe Mutuel. Concernant les assurances complémentaires, le courtier a, entre autres, incité à mentir sur le questionnaire de santé. Il a poussé à ne pas mentionner des séquelles d’un accident qui étaient prétextées par le journaliste, qui a dû beaucoup insister pour conserver une copie des documents amenés par le courtier.

>> Lire aussi : Le démarchage téléphonique abusif s'amplifie avec la hausse des primes maladie

Courtier licencié

Contacté après sa visite, le courtier n’a pas souhaité commenter ses agissements, qui lui ont valu une rupture de contrat avec la société qui l’employait. L’entreprise précise que le courtier, formé très récemment, a reconnu ne pas avoir suivi les instructions. Elle avait déjà dû se séparer de moutons noirs par le passé.

Plainte pénale envisagée

Le Groupe Mutuel va procéder à des contrôles et se réserve le droit de dénoncer la convention qui le lie à cette entreprise et de porter plainte contre son ex-courtier. Le canton du Valais portera également plainte, s’il découvre son identité.

Mais mis à part ces procédures pénales à l’issue incertaine, les courtiers qui agissent hors du cadre ne risquent rien depuis le 1er septembre: c’est à cette date que les assureurs ont dénoncé un précédent accord de branche plus contraignant, comme le regrette Yannis Papadaniel, responsable santé à la Fédération romande des consommateurs. "Malheureusement, ils ne risquent rien, parce que la commission de surveillance qui prévoyait des sanctions contre les assureurs et les courtiers n’existe plus. C'est donc 'open bar!'"

>> L'interview de Loïc Dubost, président de l'association des courtiers en assurances, dans Forum :

En Suisse, les méthodes de courtiers en assurance maladie posent problème: interview de Loïc Dubost
En Suisse, les méthodes de courtiers en assurance maladie posent problème: interview de Loïc Dubost / Forum / 5 min. / le 20 octobre 2023

Système dépassé

Ce constat fait dire à Mathias Reynard, le conseiller d'Etat valaisan chargé de la Santé, qu'une réforme est urgente. "On a un système qui est malade et qui ne fonctionne pas; on espère que le Parlement fédéral qui sera élu empoignera ce problème et se laissera un petit peu moins dicter ses votes par les lobbies".

Tous les courtiers ne sont bien sûr pas malhonnêtes. Malgré tout, les cas d'abus pourraient remettre en question l'existence même du courtage en Suisse. Des assureurs imaginent déjà la fin de ce système auquel tous les assureurs recourent, vu les millions de francs en jeu. C’est alors un marché lucratif qui pourrait disparaître à cause de courtiers et d'assureurs qui n'auront pas su s'autoréguler en empêchant des abus qui, d’après nos interlocuteurs, se multiplieraient ces derniers temps.

>> Lire aussi : Des sites tentent de se faire passer pour le comparateur de primes de l'OFSP

Romain Carrupt

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Comment savoir si on peut faire confiance à son courtier ?

  • Vérifier s’il figure sur la base de données en ligne CICERO (https://www.cicero.ch/fr/recherche-de-conseillers-et-conseilleres) Ce site recense les courtiers qui disposent d’une formation reconnue et qui se perfectionnent.

  • Vérifier que le courtier inscrive son nom sur les formulaires

  • Ne pas devoir insister pour que le courtier vous laisse le temps de tout lire ce qu’il veut vous faire signer

  • Se méfier d’offres qui paraissent trop belles (rabais, prestations, etc.)

  • Confronter le produit pour les primes de l’assurance de base présenté par le courtier au site officiel de la Confédération Priminfo https://www.priminfo.admin.ch/fr/praemien