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Stefan Blättler: le MPC traite "une septantaine de cas" liés au djihadisme

L'invité de La Matinale (vidéo) - Stefan Blättler, procureur général de la Confédération
L'invité de La Matinale (vidéo) - Stefan Blättler, procureur général de la Confédération / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 13 min. / le 20 octobre 2023
Interrogé vendredi dans La Matinale de la RTS, le procureur général Stefan Blättler a révélé que le Ministère public de la Confédération (MPC) traitait actuellement "une septantaine de cas" liés au djihadisme.

Après des attentats aux motifs présumés islamistes ces derniers jours en France et en Belgique, la question est brûlante: de tels actes pourraient-ils également être commis en Suisse?

Stefan Blättler déclare ne pas vouloir "faire de l'alarmisme", mais rappelle que "cela fait des mois que le Service de renseignement de la Confédération dit que le risque d'un attentat terroriste reste élevé".

"Nous devons être vigilants. Et quand je dis 'nous', je parle de toutes les autorités ayant la responsabilité de la sécurité publique", prévient le procureur général de la Confédération.

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"Les cas ne diminuent pas"

Le procureur général indique que le MPC, qu'il dirige depuis janvier 2022, traite pour sa part de nombreux dossiers en lien avec le terrorisme et le djihadisme.

"Au niveau du Ministère public, nous avons beaucoup de cas en suspens, que nous analysons. Ces cas touchent au terrorisme et font l'objet de différentes enquêtes. Celles-ci aboutissent au Tribunal pénal fédéral, qui a condamné cette semaine un djihadiste", déclare-t-il.

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"Actuellement, nous travaillons sur une septantaine de cas de différentes nature et gravité. Nous sommes bien occupés et les cas ne diminuent pas. Il s'agit notamment de poursuites de personnes qui se sont radicalisées, qui font de la propagande pour le [groupe] Etat islamique ou Al-Qaïda, les deux seules organisations interdites par la loi", précise-t-il. Le magistrat ajoute que le financement du terrorisme ou le recrutement sont également des motifs d'enquête.

Pas assez de policiers

Le procureur général souligne cependant que le MPC n'est pas un organe de sécurité stricto sensu. Il a vocation à instruire des affaires judiciaires. "Le Ministère public est chargé de porter devant les tribunaux des cas dont nous estimons qu'ils doivent être jugés", explique le successeur de Michael Lauber, qui avait démissionné en juillet 2020.

Les questions de sécurité, concernant par exemple le suivi des djihadistes sortis de prison, ne relèvent pas de sa responsabilité, mais de celle de la police. "S'il faut surveiller quelqu'un, même s'il a purgé sa peine, parce qu'il continue d'être un risque, c'est du ressort des autorités de police", souligne l'ancien chef de la police cantonale bernoise.

Et à ce niveau, le bât blesse, estime Stefan Blättler. "Il nous manque des moyens de police, surtout au niveau de la Confédération", lance-t-il.

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Propos recueillis par Delphine Gendre

Adaptation web: Antoine Michel

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Les autorités suisses discrètes sur les activités antiterroristes

Après plusieurs attentats à l'étranger, la menace du terrorisme tient également la Suisse en haleine. Si les autorités de sécurité se montrent relativement discrètes en apparence, sans doute aussi pour éviter l'alarmisme, de nombreuses activités non visibles se déroulent en arrière-plan.

Un tour d'horizon effectué par Keystone-ATS auprès d'une douzaine de services administratifs montre que nombre d'entre eux restent discrets. Les questions concernant des décisions concrètes prises en lien avec le danger terroriste sont généralement restées sans réponse.

C'est la ministre de la justice Elisabeth Baume-Schneider qui en a le plus dit jeudi, en marge de la réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE à Luxembourg. Compte tenu du conflit au Proche-Orient, le niveau de sécurité et de vigilance pour la Suisse a été fixé au maximum, a-t-elle indiqué. Sans donner d'exemples concrets, la conseillère fédérale a confirmé que diverses ambassades et infrastructures en Suisse ont été placées sous protection.

L'administration fédérale n'a pas donné beaucoup plus d'informations. Le porte-parole du Conseil fédéral André Simonazzi a toutefois annoncé que la Délégation pour la sécurité du Conseil fédéral s'était penchée sur les événements au Moyen-Orient lors d'une séance extraordinaire le 10 octobre. Le Conseil fédéral a également abordé le sujet lors d'une de ses séances ordinaires, mais sans communiquer d'informations sur le contenu des discussions.

"Pas de situation extraordinaire"

"L'ambiance est tendue", a reconnu un représentant des cantons interrogé à ce sujet. "Mais nous ne sommes pas encore dans une situation extrême." La position officielle de la Conférence des commandants des polices cantonales de Suisse (CCPCS) le confirme: "Une situation extraordinaire qui demande la coordination des moyens policiers n'existe pour le moment pas", peut-on lire.

La réponse du Service de renseignements de la Confédération (SRC) contenait plus de substance: l'évaluation de la menace terroriste n'a pas changé au cours des derniers jours, a écrit le service de presse. "Le SRC estime que la menace terroriste pour la Suisse est élevée."

Le scénario terroriste le plus plausible pour la Suisse serait actuellement un acte de violence perpétré par un individu d'inspiration djihadiste avec un modus operandi simple. Le service de renseignements ne dispose toutefois d'aucune indication sur des projets concrets d'attentats en Suisse.

L'Office fédéral de la police (Fedpol) s'est lui montré réservé: "Nous ne nous prononçons pas sur les mesures concrètes existantes ou possibles afin de ne pas en influencer l'effet." Toutes les mesures de sécurité ne sont toutefois pas visibles.