La presse alémanique avait révélé dimanche dernier que le directeur de l'Office fédéral des transports (OFT) avait envoyé en mars une lettre aux entreprises de transports publics, aux offices cantonaux compétents ainsi qu'aux communautés tarifaires afin de les inciter à prendre des "mesures tarifaires" en 2024.
Concrètement, le haut fonctionnaire a donc mis la pression à la branche pour augmenter les prix, alors que selon la loi, ceux-ci doivent être fixés de manière indépendante par les entreprises du secteur réunies au sein de l'Alliance SwissPass.
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"Pas de droit légal à des subventions"
Dans un entretien publié vendredi par les journaux du groupe Tamedia, Peter Füglistaler confirme l'envoi de ce courrier. "Certaines entreprises ne voulaient qu'une hausse modérée, voire aucune", justifie-t-il. "C'est pourquoi nous sommes intervenus [...] Sans une augmentation sensible, le système des transports publics ne pourra plus être financé en 2024".
Selon le responsable fédéral, "c'est la première fois que nous avons dû rappeler aussi clairement aux entreprises qu'elles ont une responsabilité entrepreneuriale lorsqu'elles fixent leurs tarifs". Il estime que "de nombreuses entreprises de transports publics ne sont pas conscientes qu'elles n'ont pas de droit légal à des subventions" et qu'elles sont "tenues de gérer l'argent du contribuable avec parcimonie".
Selon lui, le fait de recevoir des subventions impose aux entreprises de tout mettre en oeuvre pour minimiser leurs coûts et "générer un maximum de revenus".
Hausse des prix "défendable"
"Au lieu de cela, exiger toujours plus de subventions fait désormais partie de l'ADN du secteur des transports publics. Et malheureusement les CFF, en tant que plus grande entreprise appartenant à l'Etat, montrent le mauvais exemple", poursuit-il, en particulier "depuis le Covid-19".
Pour le directeur de l'OFT, l'augmentation est donc défendable même dans un contexte de crise du pouvoir d'achat et alors qu'elle va à l'encontre des objectifs climatiques. La hausse est inférieure à 4% et la dernière augmentation date de 2016, argue-t-il. "Les usagers doivent participer de manière appropriée aux coûts des transports publics".
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Peter Füglistaler estime par ailleurs que le rail suisse souffre d'un "manque de concurrence", notamment la concurrence étrangère. "On ne laisse aucune chance aux solutions low-cost" comme les lignes Flixtrain, déplore-t-il. Il cite en exemple les réseaux italiens, français ou autrichiens qui se développent à l'international, alors que les CFF "se concentrent sur le marché domestique". "J'ai peur que les CFF ne ratent le train du futur."
Pour rappel, les prix des transports publics augmenteront en moyenne de 3,7% le 10 décembre.
jop avec ats