En Suisse, on estime qu'entre 3 et 5% des élèves sont concernés par la phobie scolaire, qui est aujourd'hui plus largement désignée sous le terme de refus scolaire.
Cependant, il semble que ce phénomène soit en augmentation, notamment dans certains cantons romands, où l'absentéisme a été multiplié par dix au cours des dernières années.
Stress et angoisse
Dans le podcast "Dingue", Bibou raconte son histoire, mettant en lumière les difficultés qu'il a rencontrées et les étapes de son parcours.
En 2017, il entame sa scolarité secondaire, une transition éprouvante pour lui qui passe d'une école primaire plus petite et familière à un établissement plus imposant. A son retour à la maison, après sa première journée, il demande à sa mère: "Pourquoi vous m’avez fait ça, pourquoi?"
Prendre le bus pour l'école ajoute une couche de stress à son expérience. Bibou aspire à se faire des amis, mais à l'âge de 12 ans, les relations sociales deviennent complexes et l'anxiété s'exprime physiquement sous forme de maux de ventre et de maux de tête.
La situation se détériore en mars, quand il devient incapable d'aller à l'école. Ses parents tentent de le motiver, mais son anxiété l'empêche de surmonter sa peur. Il vit dans un état constant de stress et d'angoisse.
En décembre 2018, Bibou rencontre sa petite amie, ce qui le soulage de l'isolement lié à son absence scolaire. Grâce à cette relation, il commence à se réintégrer dans le monde extérieur, à exprimer ses émotions et à partager ses pensées. Cependant, malgré ces progrès émotionnels, Bibou ne retourne pas à l'école.
Une prise en charge psychologique
L’école est obligatoire et, aux yeux de la loi, ce sont les parents qui sont responsables de la scolarisation de leurs enfants. Bibou étant domicilié dans le canton de Genève, le service de protection des mineurs évalue ses parents pour comprendre les raisons de son absence à l'école.
Il en ressort que ses parents font ce qu’ils peuvent mais que Bibou n’arrive pas à aller à l’école. Il raconte: "Physiquement, c'est insoutenable, je tremble, j'ai de la peine à parler, j'ai l'impression que je suis en train d'exploser."
Physiquement, c'est insoutenable, je tremble, j'ai de la peine à parler, j'ai l'impression que je suis en train d'exploser
Finalement, il est décidé qu’il doit être pris en charge psychologiquement et il rencontre une psychiatre qui prescrit des médicaments. Mais ceux-ci ne l'aident pas.
Hôpital de jour et classe spécialisée
Durant sa troisième année de cycle secondaire, Bibou intègre un hôpital de jour. Après des débuts difficiles, il réalise à quel point cet accueil et ces échanges avec des pairs et des soignants lui sont bénéfiques.
Cependant, c'est l'année suivante qui s'avère déterminante: l'adolescent est orienté vers le CFPP (Centre de Formation préprofessionnelle) dans un programme axé sur le "raccrochage" scolaire. C'est là qu'il fait la rencontre d'un enseignant qui le soutient et l'encourage à sortir de sa zone de confort. Bibou progresse et renoue avec sa confiance en lui.
Des aspects positifs
Dans le canton de Genève, la scolarité ou la formation sont obligatoires jusqu'à l'âge de 18 ans, l’âge de Bibou aujourd'hui. Il envisage de s'inscrire dans une école d'art, même s'il doute de sa capacité à la fréquenter à temps plein.
Sa thérapeute actuelle l'oriente vers des tests visant à déterminer s'il est atteint de troubles du spectre de l'autisme. Malgré ces défis, Bibou retire des aspects positifs de son expérience, notamment un renforcement de sa confiance en lui, la capacité à apprendre de manière autonome et une meilleure compréhension de ses propres limites.
Adrien Zerbini/boi