Le mouvement ultra-catholique Civitas prospère en Suisse malgré son interdiction en France
Née en 2021 pendant la pandémie – contrairement à sa cousine française qui existe depuis 25 ans – la section suisse de Civitas était d'abord constituée d'une poignée de personnes. Elle peut désormais compter sur un millier de sympathisants, et le nombre va croissant, selon le responsable de Civitas suisse Alain Späth.
Le Valaisan ne semble d'ailleurs pas inquiet par l'interdiction française. "On ne dissout pas une école de pensée, on ne dissout pas un mouvement d’idées, on ne dissout pas une contre-révolution", affirme-t-il.
D'ailleurs, la section suisse de Civitas compte lancer une liste aux élections fédérales en 2027, a appris la RTS.
Contre l'immigration et l'avortement
Pour en savoir plus sur son programme, elle renvoie aux canaux d’information de la section française. Sur son site internet, on peut lire que le mouvement se positionne contre toute immigration extra-européenne, contre l'avortement et contre ce qui est nommé les diktats des lobbies LGBT. Le mouvement a également passablement dénoncé la "dictature sanitaire" lors de la pandémie.
Civitas Suisse, qui refuse le terme d'extrême droite, se dit avant tout catholique. Alain Späth affirme d'ailleurs que le catholicisme est la seule véritable religion, et il se dit proche de Résistance Helvétique, une organisation nationaliste. Civitas partage également certains combats aux côtés de la communauté religieuse intégriste valaisanne à Ecône.
Une conférence annulée
L'interdiction française a toutefois quelques répercussions sur le mouvement suisse. Civitas a notamment décidé d'annuler sa prochaine conférence, prévue samedi à Saxon, avec Pierre Hillard. Ce sont les propos jugés antisémites de cet essayiste proche de l’organisation catholique qui ont précipité l'interdiction française.
Plus de 130 personnes étaient attendues. Selon Alain Späth, la sécurité n'était pas assurée à cause de menaces reçues.
Ces événements ont lieu alors que la guerre entre Israël et le Hamas fait rage, exacerbant la tension autour des questions de religion.
Appel à l'interdiction
Le service de renseignement de la Confédération ne s'exprime pas sur ce cas particulier. Mais il rappelle qu'il ne surveille pas quelqu'un ou un groupe seulement pour ses idées. Le facteur décisif est la référence effective à la violence, c'est-à-dire le fait de commettre ou encourager l'utilisation de la violence par exemple.
Le Ministère public valaisan confirme de son côté qu'à ce jour aucune plainte pénale n'a été déposée.
Malgré cela, la Licra, la ligue contre le racisme et l'antisémitisme, et la LOS, l'organisation suisse des lesbiennes, appelle les autorités à prendre leurs responsabilités et agir face à ce genre de mouvements.
Philippe Kenel, président de la Licra, demande aux autorités de se pencher sur une interdiction de Civitas, une demande rare en Suisse. Pourtant, dans certains cas, les bases légales pourraient être suffisantes pour interdire une association en Suisse, même sans dénonciation pénale, estime-t-il. Car selon lui, dans tous les cas, l’idéologie portée par le mouvement fait le lit de l’antisémitisme et alimente les réflexes discriminatoires.
Diana-Alice Ramsauer/vkiss