Les apparentements entre partis sont décidés au cas par cas par les sections cantonales, avec les réalités qui leur sont propres. Pour ces élections, neuf sections PLR avaient accepté un apparentement avec l'UDC, contre seulement trois en 2019.
Pour en déterminer l'effet, l'ancien professeur de mathématique à la HES-SO Valais Grégoire Nicollier, passionné de la question, a été consulté par la RTS. Il estimait déjà avant les élections que le PLR faisait, sur le plan mathématique, un mauvais choix en s'alliant à l'UDC.
"Porteurs d'eau" pour l'UDC
Dans ces neuf même cantons, s’il s’était apparenté à sa gauche avec le Centre (et ses listes apparentées), le PLR aurait, au contraire, gagné deux sièges de plus. L'un dans le canton de Vaud, l'autre à Berne, et dans les deux cas au détriment de l’UDC.
Autre confirmation, le PLR a joué les "porteurs d'eau" pour l'UDC dans le Jura. C'est-à-dire que les libéraux-radicaux n'ont obtenu aucun siège, mais que ce sont leurs suffrages qui ont permis à l'UDC Thomas Stettler de passer la rampe au détriment du Centre.
Pour l'ancien conseiller national PLR Claude Ruey, invité dans l'émission Forum, les résultats de ces jeux d'alliance sont toujours plus ou moins incertains. "Cela dépend des élections. L'apparentement, c'est quelque chose de technique. Peut-être que quatre ans plus tard ou quatre ans plus tôt, on aurait eu le résultat inverse: cela dépend de l'évolution de chacun des partis", explique-t-il.
Résultats plus ou moins incertains
Mais les apparentements sont aussi et surtout politiques. A Zurich, la décision a été très serrée. Dans ce canton, comme dans huit autres, le PLR a finalement décidé de s'allier avec l'UDC, en rappelant que la gauche fait de même depuis très longtemps.
Claude Ruey doute néanmoins du choix trop unilatéral de s'allier plus avec l'UDC que les autres partis bourgeois. "On n'a pas réussi à avoir des apparentements avec tous les partis de droite et du centre-droit, contrairement à ce que nous faisions autrefois," regrette-t-il.
Philippe Nantermod, vice-président du PLR, s'est quant à lui réjoui du glissement à droite du Conseil national grâce aux progrès de l'UDC. Durant sa campagne, le PLR a d'ailleurs durci ses positions sur le thème phare de l'UDC, l'immigration.
Plus proche du Centre
Ces tendances posent forcément la question de la proximité idéologique entre ces deux partis. Au Conseil national, PLR et UDC sont d'accord sur 62% des votes. Ils se rejoignent par exemple en matière de politique économique ou fiscale, avec une ligne libérale. Ce n'est en revanche plus du tout le cas lorsqu'il est question - par exemple - des relations avec l'Union européenne, de la libre-circulation des personnes.
Au Parlement, l'allié le plus fréquent du PLR est Le Centre: les deux partis votent de façon identique près de 80% du temps au Conseil national. Et pourtant, il n'y a que cinq cantons où ces deux partis se sont alliés.
Claude Ruey regrette cet état de fait. "On peut se demander par exemple pourquoi, dans le canton de Vaud, Le Centre ne s'est pas apparenté avec nous. C'est peut-être Monsieur Pfister qui est là-derrière. C'est un grand stratège," suspecte-t-il.
Propos recueillis par Renaud Malik
Sujet radio: Julien Bangerter
Adaptation web: Julien Furrer