La "dating fatigue", ou quand les apps de rencontre nous épuisent

"Tinder, Bumble... J'ai tout supprimé. Parce que je n'y crois pas. Je n'y crois plus. Cela n'a été que des échecs." Mélanie*, 32 ans, a commencé il y a 8 ans à chercher "l'âme soeur" via une app de rencontre en ligne. Après des centaines de "matchs", elle déclare forfait.

"La plupart des hommes sont quand même intéressés par le sexe principalement, ce qui n'est pas mon cas tout de suite, en tout cas. Aussi, il y a souvent du 'ghosting' qui se met en place. Ils arrêtent de m'écrire soudainement", raconte la jeune femme.

>> Ecouter le reportage du magazine 15 Minutes sur la "dating fatigue" :

"Quand j'ai commencé, c'était le matin, aux pauses, à midi, le soir. Je supprimais après plusieurs mois parce que cela n'avait pas fonctionné. Ensuite je retéléchargeais, je gardais quelques jours. Je supprimais à nouveau, je retéléchargeais. Je gardais quelques heures".

Depuis le Covid, j'ai 30% de consultations supplémentaires liées au 'dating burnout'

Ce que décrit Mélanie, c'est typiquement le début de la "dating fatigue" ou "dating burnout", analyse Sandy Kaufmann, coach en amour. "On entretient une relation d'amour-haine avec l'application", explique-t-elle.

De son côté, la spécialiste observe de plus en plus de consultations de personnes lassées, épuisées, voire désespérées de ces rencontres virtuelles qui ne donnent rien et où tous les comportements semblent permis.

Une pause pour retrouver goût à la vie

Mais comment identifier ce mal? "Petit à petit, on se rend compte que chaque rejet devient de plus en plus pesant. On ressent une déception grandissante quand on n'a pas de succès. On se sent de plus en plus accro à l'application, et en même temps on voit notre dialogue intérieur devenir de plus en plus négatif, ce qui entraîne une baisse d'estime de soi", détaille la "love coach".

Selon Sandy Kaufmann, il est très important, si l'on ressent ces symptômes, de faire une pause de des apps de rencontre, "de prendre soin de sa santé mentale" pour "retrouver goût à la vie".

Cela nous permet de travailler sur notre confiance et arriver ainsi mieux équipé pour reprendre les applications de rencontre qui à ce jour restent, aux yeux de Sandy Kaufmann, un incontournable pour celles et ceux qui souhaitent faire des rencontres amoureuses.

Boom des soirées célibataires

De plus en plus de soirées se revendiquent comme une alternative aux rencontres en ligne. C'est l'exemple de 6minutes et Letsmat.ch, qui organisent régulièrement des évènements pour célibataires comme des soirées "speed dating" dans plusieurs villes romandes.

MacaronVanille, de son côté, propose notamment des soirées karaoké pour les célibataires. "Au début, nos sorties rassemblaient huit à dix personnes, une fois par mois", explique Christiane Link, organisatrice de ces soirées. "Aujourd'hui, je propose un évènement par semaine qui peut rassembler facilement jusqu'à 60 personnes".

"Personnellement, je préfère les rencontres vivantes", raconte Chris, participant à l'un de ces karaoké. "Il y a le feeling, la gestuelle, la voix, les odeurs... Je trouve cela beaucoup plus riche que d'aller sur internet, où je ne retrouve pas la qualité que je recherche", explique-t-il.

Des évènements pour tous les âges pour celles et ceux qui rêvent "d'un accident de chariot à la Migros", comme l'évoque une autre participante dans l'une de ces soirées à Cully (VD).

^{*Prénom d'emprunt}

Cédric Guigon, Juliane Roncoroni