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La chambre à deux lits dans les EMS, une promiscuité souvent forcée, rarement appréciée

Les chambres à deux lits en EMS diminuent en Suisse romande
Les chambres à deux lits en EMS diminuent en Suisse romande / 19h30 / 2 min. / le 26 octobre 2023
Les cantons romands s'efforcent de réduire le nombre de chambres doubles au sein des EMS, car bon nombre de résidents, mais aussi de familles et de soignants, supportent de moins en moins une telle promiscuité. Un défi de taille alors que les places manquent dans de nombreuses régions.

Rosa Castella vit dans un EMS depuis 7 mois. A son grand désarroi, elle partage sa chambre avec une autre dame dans l'établissement médico-social Les Lys, à Prilly (VD).

"On est toujours ensemble, on n'a rien qui sépare l'espace", a-t-elle témoigné jeudi dans le 19h30 de la RTS, montrant sa chambre avec deux lits en vis-à-vis sur deux côtés de la pièce. "J'essaie de fermer mon coin avec le rideau, mais c'est difficile. C'est trop étroit, trop petit", complète-t-elle.

Dans le canton de Vaud, la différence de prix entre une chambre simple ou partagée n'est pas énorme. Mais face à l'ampleur des listes d'attente, Rosa Castella a accepté la première place qui se libérait.

Une formule vouée à disparaître?

Pour le personnel aussi, ces chambres rendent difficile un accompagnement idéal. Quand une des locataires souhaite dormir, impossible par exemple pour un animateur d'avoir une activité avec l'autre personne qui réside dans la chambre.

Directeur de la Fondation Primeroche, Christian Weiler ne souhaite plus ce type d'hébergement pour les personnes âgées. Il ne construit désormais plus que des établissements avec des chambres simples, comme à Cheseaux-sur-Lausanne.

"Je pense qu'on peut parfois parler de maltraitance dans les chambres à deux lits! Quand vous avez une fin de vie difficile pour quelqu'un, une fin de vie que la famille souhaite accompagner, c'est très compliqué pour l'autre personne. Je ne pense pas que c'est du luxe, c'est un confort qu'on doit offrir à des gens qui sont gravement malades", plaide-t-il.

Une baisse déjà en cours

Sur sol vaudois, 2000 résidents vivent encore "en colocation" dans les EMS, mais la part des chambres à deux lits a déjà diminué. Elles représentaient 23,5% du total en 2016 contre 14% désormais, une baisse voulue par les autorités.

"Au final, qu'on ait des chambres à un ou deux lits, c'est de toute façon des investissements extrêmement importants. Pour la planification de cette législature, on vise 2300 nouveaux lits et on parle d'un ordre de grandeur de 100 millions de francs. Donc oui, la collectivité doit évidemment investir dans cette prise en charge", juge Rebecca Ruiz, conseillère d'Etat vaudoise en charge de la Santé.

Même combat dans les cantons de Neuchâtel (de 24% de chambres à deux lits en 2015 à 19,6% en 2023), du Jura (49% en 2012, 19% en 2023) ou encore de Genève (18% en 2012, 7,5% en 2023). Partout, les agrandissements et nouvelles constructions réduisent la part des chambres partagées. Même s'il convient d'en conserver quelques-unes, notamment pour les couples, ou dans certains cas d'anxiété chez les résidents ou résidentes.

Reportage TV: Pascale de France
Adaptation web: ther

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