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Qui sont les six candidats qui visent la succession d'Alain Berset au Conseil fédéral?

Les candidats socialistes à la succession d'Alain Berset. [Keystone]
Les candidats socialistes à la succession d'Alain Berset. - [Keystone]
Le prochain conseiller fédéral sera sauf surprise zurichois, bâlois, bernois, grison ou vaudois. Cinq candidats et une candidate socialistes se sont déclarés pour remplacer Alain Berset au gouvernement, dont le Vaudois Roger Nordmann. Qui sont-ils et quels sont leurs points forts et leurs points faibles?

MATTHIAS AEBISCHER -  L'ancien journaliste qui construit des ponts

Matthias Aebischer, candidat bernois au Conseil fédéral. [Keystone - Alessandro della Valle]
Matthias Aebischer, candidat bernois au Conseil fédéral. [Keystone - Alessandro della Valle]

En bref: né le 18 octobre 1967 à Schwarzenburg (BE), divorcé et en couple, quatre enfants.

Carrière professionnelle: journaliste à la radio DRS, rédacteur et modérateur chez SRF (Tagesschau, Kassensturz), chargé de cours à l'Université de Fribourg dans le domaine des médias. Président de Pro Vélo depuis 2017.

Parcours politique: élu au Conseil national depuis 2011, réélu en 2015, 2019 et 2023.

Points forts: très connu en Suisse alémanique comme ancien journaliste, notamment de l'émission de défense des consommateurs Kassensturz, Matthias Aebischer est à l'aise dans la communication et s'exprime bien en français. Il est bien ancré au Palais fédéral et a été facilement réélu au National le 22 octobre. On dit de ce social-démocrate qu'il est capable de construire des ponts.

J'ai envie de trouver des solutions pour les grands dossiers comme la santé, l'énergie et les relations avec l'UE

Matthias Aebischer

Points faibles: un autre Bernois, Albert Rösti, vient d'être élu au Conseil fédéral et si rien ne s'oppose à ce qu'un second accède au gouvernement, cela peut être un frein pour certains. On le positionne par ailleurs sur l'aile droite du parti, ce qui pourrait faire peur aux tenants d'une politique plus à gauche. Il n'a également aucune expérience dans un exécutif.

Anecdote: Matthias Aebischer est marié à la conseillère nationale vert'libérale zurichoise Tiana Angelina Moser avec laquelle il forme une famille recomposée avec sept enfants, trois chacun et une fille commune. Cette relation ne l'empêche en rien de devenir conseiller fédéral: la loi dit qu'un couple peut travailler l'un à l'exécutif et l'autre au législatif. Seule restriction, Tiana Angelina Moser ne pourrait pas siéger dans une commission de surveillance.

>> Lire aussi : Le Bernois Matthias Aebischer se lance dans la course à la succession d'Alain Berset

EVI ALLEMANN - La plus jeune députée devenue conseillère d'Etat

Evi Allemann, candidate bernoise au Conseil fédéral. [Keystone - Peter Klaunzer]
Evi Allemann, candidate bernoise au Conseil fédéral. [Keystone - Peter Klaunzer]

En bref: née le 16 juillet 1978 à Berne, en couple, deux enfants.

Carrière professionnelle: juriste, chargée de cours en droit et indépendante auprès de plusieurs ONG. Ex-présidente de l'Association transports et environnement et de la section bernoise de l'Asloca.

Parcours politique: élue en 1998 au Grand Conseil bernois, elle est la plus jeune députée du législatif. Elue en 2003 au Conseil national, elle est la plus jeune parlementaire. Elle est réélue en 2007, 2011 et 2015. Elle accède en 2018 au gouvernement et prend la direction de la Justice. Elle siège toujours dans l'exécutif.

Points forts: au bénéfice d'une longue expérience politique au niveau cantonal et fédéral, Evi Allemann dit être habituée à siéger en minorité, mais savoir trouver des compromis. Le fait de siéger depuis cinq ans dans un exécutif lui fait dire qu'elle sait prendre des décisions et les assumer.

Je suis prête, mon esprit dit oui, mon coeur dit oui, j'aimerais contribuer à façonner la Suisse de demain au sein du Conseil fédéral

Evi Allemann

Points faibles: seule femme dans la course, Evi Allemann pourrait pâtir du fait que l'autre siège socialiste est occupée par une femme, Elisabeth Baume-Schneider. De plus, comme Matthias Aebischer, elle est Bernoise alors qu'un autre Bernois vient d'être élu au gouvernement. Et elle a quitté le Palais fédéral et ses discussions de couloir depuis cinq ans.

Anecdote: l'an passé, la Bernoise n'avait pas réussi à convaincre le comité de son parti pour figurer sur le ticket présenté pour succéder à Simonetta Sommaruga. Malgré cet échec, elle assure que sa motivation est intacte et que ses chances "ne sont ni meilleures, ni moins bonnes".

>> Lire aussi : Evi Allemann est candidate à la succession d'Alain Berset au Conseil fédéral

BEAT JANS - L'ancien agriculteur qui veut ramener Bâle-Ville au Conseil fédéral

Beat Jans, candidat bâlois au Conseil fédéral. [Keystone - Anthony Anex]
Beat Jans, candidat bâlois au Conseil fédéral. [Keystone - Anthony Anex]

En bref: né le 12 juillet 1964 à Bâle, marié, deux enfants.

Carrière professionnelle: apprentissage d'agriculteur, diplôme en agrotechnique et en science de l'environnement, employé chez Helvetas dans la coopération au développement, membre de la direction de Pro Natura, conseiller indépendant dans le développement durable et la communication, enseignant à l'Université de Bâle.

Parcours politique: député de Bâle-Ville de 2001 à 2011, il est élu au Conseil national en 2010 et est réélu en 2011, 2015 et 2019. Il est vice-président du PS suisse entre 2015 et 2020, quand il est élu au Conseil d'Etat de Bâle-Ville, occupant la direction du Département présidentiel.

Points forts: Beat Jans fait valoir son expérience au sein d'un exécutif cantonal, "particulièrement précieuse" pour la fonction de conseiller fédéral. Paysan de formation, il a aussi de quoi séduire le puissant lobby du secteur aux Chambres.

La Suisse m'a donné beaucoup, elle a l'un des meilleurs systèmes politiques du monde et j'aimerais servir ce pays et ses citoyens

Beat Jans

Points faibles: à 59 ans, Beat Jans est le plus âgé des candidats, mais il assure ne pas être trop vieux pour la fonction et être "en pleine forme." En outre, ne pas siéger au Parlement fédéral lors d'une élection au Conseil fédéral est parfois un désavantage. On dit aussi qu'il suit une ligne très à gauche et écologique, ce qui pourrait déplaire à certains.

Anecdote: est-ce l'heure de la revanche de Bâle-Ville? Le demi-canton attend un conseiller fédéral depuis 50 ans et il a échoué de peu l'an dernier, quand Eva Herzog s'est vu brûler la politesse par Elisabeth Baume-Schneider.

DANIEL JOSITSCH - Le sénateur expérimenté qui combat sa réputation de "lady killer"

Daniel Jositsch, candidat zurichois au Conseil fédéral. [Keystone - Ennio Leanza]
Daniel Jositsch, candidat zurichois au Conseil fédéral. [Keystone - Ennio Leanza]

En bref: né le 25 mars 1965 à Zurich, divorcé, un enfant.

Carrière professionnelle: juriste, il est directeur de la Chambre de commerce Suisse-Colombie avant de devenir avocat à Zurich. Il est aussi professeur de droit à l'Université de Zurich et président de la Société suisse des employés de commerce.

Parcours politique: élu en 2007 au Parlement zurichois, il en démissionne la même année quand il est élu au Conseil national. Il est réélu en 2011, puis est élu en 2015 au Conseil des Etats. Il est reconduit à ce poste en 2019 et en 2023.

Points forts: au Parlement fédéral depuis 16 ans, Daniel Jositsch a longuement siégé dans les deux Chambres et connaît bien la maison. Réélu dès le 1er tour le 22 octobre, il a su conquérir des voix hors de son parti notamment grâce à son positionnement à son aile droite. Beaucoup disent de lui qu'il a l'étoffe d'un conseiller fédéral. Le fait que Zurich n'ait plus de ministre depuis le départ d'Ueli Maurer en 2022 pourrait jouer en sa faveur.

Je fais de la politique pour changer des choses et j'aimerais être au Conseil fédéral pour aider à résoudre les grands défis que la Suisse doit affronter

Daniel Jositsch

Points faibles: comme d'autres, il n'a jamais siégé dans un exécutif. Mais surtout, sa tentative de coup de force lors de la succession de Simonetta Sommaruga pourrait jouer contre lui. Daniel Jositsch avait rejeté l'idée d'un ticket 100% féminin et avait présenté sa candidature, finalement écartée par le comité du parti. Il assure cette fois qu'il respectera le choix du parti.

Anecdote: alors que certains et surtout certaines le voient comme un "lady killer", Daniel Jositsch a passé l'été en tournée d'excuses, disant comprendre que des femmes se soient senties offensées quand il avait parlé de discrimination à son encontre. La presse alémanique avait ironisé sur cet "Entschuldigungstour" et d'aucuns ont assuré que sa candidature n'était plus crédible.

>> Lire aussi : Le Zurichois Daniel Jositsch candidat à la succession d'Alain Berset

ROGER NORDMANN - Le stratège romand à la candidature surprise

Roger Nordmann, candidat vaudois au Conseil fédéral. [Keystone - Marcel Bieri]
Roger Nordmann, candidat vaudois au Conseil fédéral. [Keystone - Marcel Bieri]

En bref: né le 23 mars 1973, marié, deux enfants.

Carrière professionnelle: licencié en économie et science politique, aide-assistant dans la chaire d'économétrie à Berne, membre du bureau de conseil Approche économique et politique.

Parcours politique: conseiller communal à Lausanne puis élu au Parlement vaudois en 2004, poste qu'il quitte la même année quand il est élu au National. Réélu en 2007, 2011, 2015, 2019 et 2023. Président du groupe parlementaire PS entre 2015 et 2023.

Points forts: à 50 ans, il est le plus expérimenté des candidats, lui qui siège au National depuis 19 ans. En tant que chef du groupe parlementaire, il est devenu l'un des stratèges du parti, lui qui manie très bien l'allemand. Il se dit aussi ouvert au dialogue et aux compromis, y compris avec les autres partis.

Je veux m'engager pour mon pays et je m'engagerai pour tout le pays, par-delà les frontières linguistiques

Roger Nordmann

Points faibles: l'ouest de la Suisse est actuellement surreprésenté au Conseil fédéral et un autre Vaudois, Guy Parmelin, y siège déjà. En outre, l'autre siège socialiste est déjà dans les mains d'une Romande, donc beaucoup pensent que le second doit revenir à un Alémanique. La candidature de Roger Nordmann a donc été vue comme une surprise.

Anecdote: Roger Nordmann vit dans la politique depuis son enfance. Ses parents étaient membres du PS, tout comme son épouse Florence Germond, conseillère municipale en ville de Lausanne en charge des Finances depuis 2011.

>> Lire aussi : Le socialiste vaudois Roger Nordmann se présente à la succession d'Alain Berset

JON PULT - L'étoile montante qui veut rajeunir le gouvernement

Jon Pult, candidat grison au Conseil fédéral. [Keystone - Mayk Wendt]
Jon Pult, candidat grison au Conseil fédéral. [Keystone - Mayk Wendt]

En bref: né le 12 octobre 1984 à Scuol (GR), marié, sans enfants.

Carrière professionnelle: licence en histoire et philosophie, conseiller en stratégie auprès d'une agence zurichoise, président de l'Initiative des Alpes.

Parcours politique: membre du législatif de la Ville de Coire à 19 ans, député au Parlement grison de 2010 à 2018, élu au National en 2019 et réélu en 2023, vice-président du PS suisse depuis 2020.

Points forts: l'est de la Suisse est sous-représenté au Conseil fédéral et les Grisons n'y ont plus de représentant depuis le départ d'Eveline Widmer-Schlumpf en 2015. Arrivée sous la Coupole à 35 ans, cette étoile montante du parti estime qu'il est important qu'une perspective plus jeune soit représentée au gouvernement pour toucher les jeunes générations, alors que la moyenne d'âge y est de 59 ans.

Je suis devenu politicien parce que je veux contribuer à une politique au service de toutes les personnes qui habitent ce pays

Jon Pult

Points faibles: certains avancent son âge comme obstacle, mais Alain Berset avait aussi 39 ans en arrivant au Conseil fédéral. Encore peu connu sous la Coupole et inconnu en Suisse romande, Jon Pult n'a pas d'expérience dans un exécutif cantonal et son profil marqué à gauche, pro-européen et écologiste, pourrait faire peur à la droite.

Anecdote: Jon Pult est double-national suisse et italien. De père grison et de mère italienne, il a grandi en Basse-Engadine et en Italie. A son arrivée à l'école enfantine dans les Grisons, il ne parlait pas un mot d'allemand. Il est aujourd'hui trilingue, allemand, italien et romanche, et manie bien le français. Il met d'ailleurs en avant cette diversité dans sa candidature.

>> Lire aussi : Le socialiste grison Jon Pult est candidat à la succession d'Alain Berset

Frédéric Boillat

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Les candidats connus le 25 novembre

Les candidats socialistes intéressés à succéder à Alain Berset au Conseil fédéral avaient jusqu'au 29 octobre à midi pour s'annoncer. Le groupe parlementaire PS n'avait pas établi de critères autres que présenter "une sélection de candidat-es" pour l'élection du 13 décembre.

Une commission évaluera les cinq candidats et la candidate le 4 novembre. Le groupe parlementaire rendra ensuite son verdict le 25 novembre.

Les candidats devront se présenter au parti et à la population lors de quatre auditions publiques. Celles-ci auront lieu le 6 novembre à Genève, le 8 novembre à Bienne (BE), le 9 novembre à Olten (SO) et le 14 novembre à Schaffhouse.

L'élection du remplaçant ou de la remplaçante d'Alain Berset se tiendra le 13 décembre.