Le loup reste une espèce protégée. Les cantons ne pourront autoriser de tirs proactifs que si la meute représente un danger ou a causé des dommages. Les mesures de protection mises en place telles que des clôtures et des chiens n'ont pas suffi à protéger les troupeaux. "Avant, il ne se passera rien", a déclaré le conseiller fédéral en charge de l'Environnement Albert Rösti.
Les tirs ne seront autorisés qu'entre le 1er septembre et le 31 janvier. Exceptionnellement, des tirs pourront être autorisés à certaines conditions en été pour préserver le bétail.
Tout tir devra au préalable être autorisé par l'Office fédéral de l'environnement. Le but de cette régulation est de permettre une coexistence durable entre les humains et le prédateur. Les canidés doivent redevenir craintifs face aux hommes et aux animaux de rente tout en maintenant une population adaptée.
Nombre minimal de meutes
Comme les meutes ne connaissent pas les frontières cantonales, le Conseil fédéral a déterminé cinq régions pour la régulation: le Jura, le nord-est de la Suisse, la Suisse centrale, l'ouest des Alpes et le sud-est des Alpes.
"Les meutes qui ne posent pas de problème ne peuvent pas être tirées", a précisé le Bernois. De plus, les cantons ne pourront pas exterminer des meutes entières sans justification.
Afin d'assurer la survie du loup, au moins trois meutes doivent subsister dans les grandes régions, et deux dans les petites régions. Seuls les gardes-faune ou du personnel formé pourront abattre un loup, a rappelé Albert Rösti.
Ce dernier dit avoir entendu la colère des défenseurs des animaux. Mais il assure qu'il n'y a pas de plan de massacre des loups en Suisse, comme certains ont pu l'affirmer.
"Les gens malheureusement ne se sont pas renseignés sur ce qu'on veut vraiment faire" explique-t-il au micro de Forum. Le loup ne disparaîtra pas de la Suisse. "On a une augmentation exponentielle du loup. Dans trois ans, leur nombre va tripler si on ne fait rien. Dans un pays aussi petit que la Suisse, il faut réagir. Mais seulement sur les meutes qui représentent un certain danger auprès du bétail et de la population. Concernant les meutes qui ne créent pas de dégâts, on ne va rien faire. Donc on ne peut pas parler de massacre."
Il en appelle maintenant au soutien des défenseurs du loup. "Je ne veux pas qu'un jour une initiative soit lancée pour casser la loi si les loups font trop de dégâts."
Augmentation exponentielle
Le Conseil fédéral explique l'entrée en vigueur rapide de la révision par l'augmentation exponentielle des meutes. En 2020, la Suisse comptait 11 meutes et un peu plus de 100 loups. Trois ans plus tard, la population a triplé et 32 meutes ont été observées sur le territoire.
Les attaques d'animaux de rente ont explosé, passant de 446 en 2019 à 1480 en 2022. "Cela continuera ainsi si on ne prend pas de mesures", a annoncé Albert Rösti.
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La loi sur la chasse et la protection des mammifères et des oiseaux sauvages date de 1986 et autorisait le tir des loups uniquement après les attaques. Elle a été élaborée alors qu'il n'y avait plus de loups en Suisse. Les premiers animaux isolés sont revenus sur le territoire en 1995. La première meute s'est formée en 2012.
Echec
En 2020, le peuple avait refusé du bout des lèvres une révision de la loi sur la chasse qui prévoyait déjà des tirs préventifs. Les organisations de protection de l'environnement et des animaux s'étaient opposées au projet. Selon elles, la réforme anéantit la protection des espèces menacées au lieu de la renforcer en permettant un tir alors que les animaux n'ont pas provoqué de débat.
La commission de l'environnement du Conseil des Etats avait remis la régulation des loups sur le tapis dès 2022.
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ats/edel