L'ambition de Swiss Olympic est de faire de la Suisse un premier "pays hôte" des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver pour 2030, voire 2034. Des "jeux décentralisés, sur des installations existantes, dans les quatre régions linguistiques", affirme son communiqué, qui s'appuie sur une étude de faisabilité.
Selon ce projet, Crans-Montana, déjà hôte des Mondiaux de ski en 2027, accueillerait les épreuves olympiques de ski alpin. "Au niveau des infrastructures fixes, normalement, il y aura ce qu'il faut", assure Didier Défago, qui a repris la direction de ces Mondiaux.
"L'avantage de 2030, c'est que cela permettrait de garder le comité d'organisation de 2027", ajoute le champion olympique de descente en 2010.
Entre enthousiasme et réserves
Dans la station, on se rappelle des retombées provoquées par l'organisation des Championnats du monde de 1987. "La station a vécu au moins 30 ans sur ce développement", souligne Jean-Daniel Clivaz, hôtelier et président de Crans-Montana Tourisme. "L'impact est vraiment à long terme."
En 2018, le Valais a pourtant refusé à 54% une candidature pour les Jeux de 2026. Philippe Cina, l'actuel co-président des Verts valaisans, faisait partie des opposants: "Je pense qu'au fil des candidatures, les dossiers sont devenus plus raisonnables. L'idée qui émerge maintenant au niveau national est la plus raisonnable: on répartit les risques, on répartit aussi les activités pour toute la Suisse."
Dans son parti, plusieurs franges existent: "On a chez nous des gens qui trouveront par principe les JO déraisonnables. Moi, je pense que si on a un projet intelligent, alors il ne faut pas commencer par dire non, il faut d'abord discuter." Philippe Cina attend toutefois davantage de précisions sur la durabilité du projet.
Faudrait-il voter?
Le projet actuel serait "largement financé par le secteur privé", ce qui pourrait éviter une votation populaire. Dans un sondage réalisé par l'institut gfs.bern, "point central de l'étude" selon les termes de Swiss Olympic, 67% des personnes interrogées indiquent être favorables au principe de Jeux olympiques en Suisse.
"J'aimerais bien qu'il y ait une validation du peuple, pas dans l'espoir que ce soit refusé, mais plutôt pour donner la chance à ce projet d'être adoubé par la population", confie Philippe Cina.
Sidney Kamerzin, impliqué dans le comité d'organisation des Mondiaux de 2027 à Crans-Montana, n'est pas du même avis: "On peut mener le débat démocratique et médiatique aussi, informer, sans devoir passer par une consultation générale qui va coûter aussi beaucoup." Le conseiller national valaisan du Centre assène: "On a reçu l'Euro de football sans voter sur cela. Il n'est pas non plus prévu de voter sur l'Expo nationale de 2027."
La candidature suisse doit être approuvée formellement par le Parlement du sport le 24 novembre à Ittigen. Le CIO devrait lui déterminer l'été prochain qui organisera les Jeux olympiques de 2030 et 2034.
Guillaume Rey, Cédric Guigon avec ats
Les organisations environnementales dans l'attente
"De manière générale, des grands événements tels que les Jeux olympiques peuvent difficilement être durables", estime Pro Natura, qui n'a pas encore pris de position officielle. La nouvelle approche décentralisée est jugée intéressante. Mais l'organisation sera attentive à la durabilité. Selon elle, l'étude de faisabilité ne mentionne pas assez l'environnement.
Le WWF Suisse n'a pas non plus pris de position officielle. Il juge "encourageante l’idée de rechercher de nouvelles conditions cadres, dans le but de ramener la durabilité d’une telle manifestation au centre du concept". Pour l'organisation, "il est cependant central que ces principes soient pris très au sérieux par Swiss Olympic et soient fermement défendus auprès du CIO".