Pour l'instant, Mersel Kabashi, un apprenti de commerce, apprend à comptabiliser des factures, mais il a déjà un autre objectif: construire des bâtiments. Cet adolescent d’origine kosovare veut devenir architecte. C'est pourquoi, en plus de son apprentissage, il étudie en parallèle pour passer la maturité professionnelle.
Mais pour parvenir à son but, Mersel a besoin d'aide. Une fois par semaine, il se rend dans un cours d’appui destiné aux élèves issus de familles défavorisées, organisé par l’association ChagALL. Des coachs aident gratuitement les jeunes à préparer leurs examens.
"Tout seul, ce serait difficile de se lever le samedi matin pour étudier, cela me discipline, car ici des gens m'attendent, pour m'aider", indique Mersel samedi dans le 12h45 de la RTS.
L’école n’en fait pas assez
En Suisse alémanique, plusieurs associations, regroupées sous le nom de "Chance Plus", offrent de tels cours. Selon une étude, commandée par ces associations auprès du cabinet Oliver Wyman, quelque 14'000 jeunes - issus de l'immigration - pourraient chaque année accéder à des formations supérieures en Suisse s’ils bénéficiaient des soutiens appropriés.
Selon Dorothea Baumgartner, la responsable de ChagALL à Zurich, ces élèves n’arrivent souvent pas à déployer leur potentiel dans les cursus scolaires habituels. "Les écoles publiques devraient proposer des soutiens appropriés. Si on utilisait mieux ce potentiel, on devrait importer moins de travailleurs étrangers hautement qualifiés."
Ana Da Silva, une Portugaise arrivée en Suisse à 15 ans sans savoir un mot d'allemand, a réussi elle à accéder à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich grâce au programme de l’association ChagALL. Elle y étudie désormais les maths. "Je trouve que la société devrait donner à tous les mêmes chances de se développer. On perd aujourd'hui trop de jeunes qui, à cause de soucis personnels ou familiaux, n'arrivent pas à étudier sans aide", déclare-t-elle.
Jean-Marc Heuberger/jfe