Suite aux abus dans la gymnastique rythmique, la conseillère Viola Amherd créait début 2022 une plateforme centralisée pour dénoncer des manquements éthiques dans le sport.
Cette fondation, Swiss Sport Integrity, recense les signalements, parfois anonymisés. Les atteintes présumées à l'intégrité psychique représentent plus de 30% des témoignages. Et 15% des cas concernent des atteintes à l'intégrité sexuelle.
Les enquêtes sont plus nombreuses et plus complexes que prévu. Les heures supplémentaires s'accumulent, explique dans La Matinale Markus Pfisterer, qui dirige cette institution.
"On a reçu beaucoup plus de rapports que prévu. On reçoit ces signalements des parents, mais aussi des sportifs et des fonctionnaires de fédérations. Près de 50 sports différents sont concernés. On a plus de dix cas qui sont à la chambre disciplinaire."
Deux affaires jugées
La chambre disciplinaire du sport est l'organe qui rend le verdict face aux accusés. Ceux-ci peuvent être des entraîneurs, des dirigeants de clubs ou de fédérations, parfois bénévoles.
A ce jour, seules deux affaires ont été jugées, et une seule rendue publique. Il s'agit du cas de l'ex-entraîneur du club de foot féminin d'Affoltern, dans le canton de Zurich. Il a été condamné l’été dernier pour atteinte à l'intégrité sexuelle. Ce sexagénaire n'a plus le droit d'entraîner jusqu'en décembre 2024, et doit suivre une thérapie chez un psychiatre.
Autre instruction terminée, en attente de verdict: celle de l'ex-entraîneur du club de volley neuchâtelois de Val-de-Travers, accusé notamment de harcèlement psychologique.
Selon leur degré de gravité, ces manquements éthiques peuvent aussi conduire à des peines pécuniaires et une exclusion à vie du droit d’exercer une activité dans le monde sportif. Certaines infractions peuvent également avoir des conséquences pénales, un volet alors traité par les juridictions étatiques.
Accélérer le rythme des enquêtes
Seules onze autres affaires sont aujourd’hui en attente d’un jugement de la Chambre disciplinaire du sport. Afin d'accélérer le rythme des enquêtes, la fondation pour l'intégrité sportive devrait voir prochainement son budget doubler, grâce au financement conjoint de Swiss Olympic et de l’Office fédéral du sport.
"Notre objectif avec cet argent est d'un côté de développer davantage de personnel, et avec ces postes supplémentaires d'obtenir plus de capacités et de savoir-faire. Mais le but final est bien sûr de raccourcir les enquêtes, raccourcir les procédures afin d'arriver plus rapidement à une décision et donc réduire cette période de temps éprouvante pour les personnes concernées", précise Markus Pfisterer.
La section de la fondation en charge de l'éthique ne compte aujourd'hui que huit collaborateurs. Son directeur s'attend à ce que le nombre de signalements augmente encore dans les prochains mois.
Julien Bangerter/asch