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Pour la directrice de La Mobilière, pas question que les dégâts naturels ne soient plus assurés

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Michèle Rodoni, directrice de l’assurance La Mobilière
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Michèle Rodoni, directrice de l’assurance La Mobilière / La Matinale / 10 min. / le 10 novembre 2023
Inondations, grêle, tempêtes: les dommages dus au dérèglement climatique sont en augmentation. La multiplication des catastrophes pose la question de l'assurabilité, mais pour Michèle Rodoni, directrice de La Mobilière, il n'est pas question de refuser d'assurer en raison du risque croissant de dégâts naturels.

"Un événement comme celui de La Chaux-de-Fonds (où une tempête a ravagé la ville au mois de juillet dernier, ndlr.) ne pourrait pas mettre en faillite un assureur en Suisse", assure Michèle Rodoni. Invitée dans La Matinale de la RTS vendredi, la directrice du deuxième assureur du pays explique que la Suisse possède "un système unique au monde" avec son pool de dommages naturels.

Ce partenariat entre l'Etat et les assureurs permet "de répartir ces dommages naturels quand ils surviennent". "C'est génial parce que ça permet de financer tous ces risques à travers une prime obligatoire", explique Michèle Rodoni. "Tout citoyen qui assure sa maison ou a une assurance ménage participe à une couverture de ces risques".

Un événement comme celui de La Chaux-de-Fonds ne pourrait pas mettre en faillite un assureur en Suisse

Michèle Rodoni, directrice de La Mobilière

Alors qu'aux Etats-Unis certaines compagnies d'assurance ont annoncé refuser de nouveaux clients en raison des risques croissants d'incendie, ce pool de dommages naturels signifie que la Suisse ne devrait pas avoir recours à de telles mesures, en tout cas pas "dans un futur proche", précise la responsable. "Aux Etats-Unis, c'est ceux qui ont un risque qui se couvrent, donc la situation est complètement différente", ajoute-t-elle.

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Source d'inquiétude

S'il n'est donc pas question pour La Mobilière d'arrêter d'assurer les dégâts naturels, la recrudescence de ces événements reste une source d'inquiétude pour les assureurs. Les situations extrêmes telle que la tempête ayant frappé La Chaux-de-Fonds le 24 juillet dernier ont un fort impact sur leurs comptes.

"Ça a généré plus de 1000 sinistres annoncés par nos clients pour La Mobilière, soit un total d'environ 30 millions de francs, dont 20 millions pour couvrir les dégâts causés aux voitures qui ont été largement endommagées", explique Michèle Rodoni.

>> Le suivi de la journée du 24 juillet, quand la tempête a dévasté La Chaux-de-Fonds : Appel à la prudence à La Chaux-de-Fonds après la tempête qui a fait un mort et une quarantaine de blessés

"Mais on est là pour ça", poursuit-elle, précisant que le problème aujourd'hui concerne l'augmentation de ces cas extrêmes. "Si je prends par exemple les cas de grêle sur les trois dernières années, il y en a eu plus en termes financiers que les 20 dernières années précédentes", explique-t-elle.

Evolution des primes

En conséquence, les primes sont régulièrement recalculées et évoluent en fonction des sinistres qui se sont déroulés, mais "pas encore" forcément à la hausse, précise Michèle Rodoni. "Ce sont des évolutions à long terme que nous étudions. Trois années ne suffisent pas pour prévoir les quinze ans à venir", relativise-t-elle.

Il y a eu plus de cas de grêle sur les trois dernières années que les 20 dernières années précédentes

Michèle Rodoni, directrice de La Mobilière

La directrice de La Mobilière précise cependant que les nombreux risques inclus dans le pool de dommages naturels n'arriveront pas tous simultanément, ce qui permettra de retrouver un équilibre. "Il y a la grêle, les tempêtes, les avalanches, les glissements de terrain", énumère-t-elle. "Ce sont (au total) neuf différents risques qui sont couverts, donc si l'un évolue négativement et l'autre un petit peu moins, ça permet d'avoir une balance".

Michèle Rodoni note toutefois une exception concernant les tremblements de terre, qui ne sont aujourd'hui pas couverts de manière obligatoire en Suisse. Elle estime qu'il serait envisageable qu'un assureur refuse de prendre en charge les dégâts liés à un séisme, "pour la simple et bonne raison qu'il y a pas de cadre légal autour de l'assurance tremblements de terre".

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: Emilie Délétroz

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