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Après avoir perdu deux fauteuils, l'avenir des Vert-e-s aux Etats est fragilisé

Lisa Mazzone et Raphaël Mahaim. [Keystone]
Suite aux élections fédérales, les Vert-e-s perdent leur influence au parlement / La Matinale / 4 min. / le 13 novembre 2023
Après avoir perdu cinq sièges au Conseil national le 22 octobre, les Vert-e-s doivent également lâcher deux fauteuils au Conseil des Etats suite à la non-réélection dimanche de la Genevoise Lisa Mazzone et à la défaite du Vaudois Raphaël Mahaim. L'influence du parti au sein de la Chambre des cantons sera ainsi réduite.

A l'issue de ces élections fédérales, les Vert-e-s ne vont certainement compter que trois élus au Conseil des Etats, la Neuchâteloise Céline Vara, la Bâloise Maya Graf et le Glaronais Mathias Zopfi.

La Verte Greta Gysin pourrait encore être élue dimanche prochain au Tessin, mais cela constituerait une surprise majeure et il n'y aurait au mieux que quatre élus écologistes, contre cinq durant la dernière législature.

Céline Vara sera désormais la seule Romande à défendre les couleurs du parti écologiste dans la Chambre des cantons. "Le groupe des Vert-e-s s'est donné à fond, et notamment Lisa Mazzone, qui abat une masse de travail énorme. Son départ est une grande déception", a regretté la Neuchâteloise lundi au micro de La Matinale.

>> Ecouter l'interview de Robert Cramer dans La Matinale :

L'invité de la Matinale (vidéo) - Robert Cramer, ancien conseiller aux États et fondateur des Vert-e-s suisses
L'invité de la Matinale (vidéo) - Robert Cramer, ancien conseiller aux États et fondateur des Vert-e-s suisses / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 11 min. / le 13 novembre 2023

>> Lire aussi : Robert Cramer: "Le problème des Verts, c'est de trouver des solutions autres que des interdictions"

Moins de places dans les commissions

Pour les Vert-e-s, se retrouver à moins de cinq va restreindre leur accès au bureau du Conseil des Etats. Lisa Mazzone devait présider la chambre en 2025 et comme elle n'a pas été réélue, il n'en sera rien.

Et puis les siège dans les commissions sont répartis en fonction de la force des partis. Avec trois élus, les écologistes ne pourront pas être dans l’intégralité des commissions. Or, y siéger reste indispensable, car c’est là que se fait une bonne partie du travail parlementaire.

"C'est là que se font les décisions et c'est extrêmement important. Si on veut peser dans le débat, c'est là que ça se joue, car ce sont 13 personnes qu'il faut convaincre, et non pas 46", a expliqué Céline Vara.

A gauche, par exemple, les Vert-e-s ont été un acteur clé durant cette dernière législature pour trouver un compromis autour de la réforme du droit pénal sexuel ou sur la stratégie énergétique.

Selon toute vraisemblance les écologistes vont rejoindre les socialistes et ils pourront ainsi collaborer et s’entendre sur les commissions dans lesquelles ils souhaitent pouvoir siéger. Les Vert-e-s confiaient vouloir conserver notamment les commissions de l'environnement, de l'aménagement du territoire et de l'énergie.

>> L'analyse de Pierre Nebel dans le 12h45 :

Pierre Nebel analyse les conséquences politiques du nouvel échec électoral des Vert-e-s
Pierre Nebel analyse les conséquences politiques du nouvel échec électoral des Vert-e-s / 12h45 / 1 min. / le 13 novembre 2023

Entretenir la mobilisation

Moins visible et avec un effectif réduit, les Vert-e-s devront certainement forger des alliances pour espérer continuer de compter à Berne. "En tant que petit parti, ce n'est qu'en faisant des coalitions avec la droite que l'on peut arriver à quelque chose", estime Pascal Sciarini, professeur de sciences politiques à l'Université de Genève.

Pour continuer de mobiliser, les Vert-e-s pourraient, avec encore plus de vigueur, activer les leviers que sont les référendums et les initiatives populaires, car les attentes de la population sur la question climatique restent toujours très élevées.

"En septembre, on était 60'000 sur la Place fédérale, signe que les gens ont des attentes. Il va falloir continuer à se mobiliser, car on ne va pas attendre quatre ans de politique inefficace de Berne. Le climat n'attend pas", affirme Simon Berthoud, porte-parole de l'Alliance climatique.

L'un des premiers tests pour les écologistes sera la probable votation populaire sur le développement du réseau autoroutier et la création d'autoroutes à six voies. Le référendum est lancé et la votation pourrait avoir lieu durant la première moitié de cette législature.

>> Revoir l'interview de conseiller national vert vaudois Raphaël Mahaim dans La Matinale :

A l'issue du scrutin, Raphaël Mahaim n'a pas été élu au Conseil des Etats. [Keystone - Valentin Flauraud]Keystone - Valentin Flauraud
Elections fédérales, les Verts reculent, dans le canton de Vaud Raphael Mahaim a été battu par Pascal Broulis / La Matinale / 34 sec. / le 13 novembre 2023

Sujet radio: Céline Fontannaz

Adaptation web: Raphaël Dubois

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"Débâcle" des Vert-e-s, selon la presse alémanique

Pour la NZZ, les élections de dimanche plombent définitivement le bilan des Vert-e-s lors de ces fédérales 2023. Dans les cantons de Genève et Vaud, les espoirs du parti écologiste ont été brisés. Le TagesAnzeiger parle carrément d'une "débâcle".

Pour le quotidien zurichois, les défaites de Lisa Mazzone et Raphaël Mahaim reflètent un glissement "tectonique" au sein de la gauche. Alors qu'en 2019, on pouvait imaginer les Vert-e-s rattraper le PS, ce dernier a repris aujourd'hui du poil de la bête et le parti écologiste est ramené à des années en arrière.

Les deux journaux alémaniques soulignent aussi la perte d'influence qu'ils encaissent en ne pouvant plus former un groupe parlementaire à part entière au Conseil des Etats. Et les Vert-e-s perdent une jeune femme que certains voyaient peut-être un jour au Conseil fédéral, conclut le TagesAnzeiger.

"Basculement" à Genève

A Genève, relèvent la Tribune de Genève et Le Courrier, le canton assiste à des "basculements", "et pas des moindres": de la gauche vers la droite et de la droite traditionnelle vers le duo MCG-UDC.

Le scrutin confirme le constat du premier tour des Etats, voire celui des élections cantonales, observe la Tribune de Genève: la droite profite du recul des Vert-e-s. "Mais pas n'importe quelle droite: un courant nouveau, ou populiste, comme on voudra, qui relègue dans l'ombre le tandem PLR-Le Centre".

La victoire de Mauro Poggia sur la sortante Lisa Mazzone s'explique arithmétiquement, écrit Le Courrier. Le fait que "les deux sièges [étaient] occupés par l'alliance rose-verte, était lié à la division de la droite entre Entente bourgeoise (PLR et Le Centre) et bloc populiste (UDC et MCG). A partir du moment où ces quatre formations se sont mises dans une maison commune, le maintien des deux sièges progressistes devenait compliqué".

Dans le canton de Vaud, les écologistes sont aussi battus et on assiste à la reformation du duo entre des anciens conseillers d'Etat, le PLR Pascal Broulis et le socialiste Pierre-Yves Maillard, à la Chambre des cantons ne signifie pas sa duplication, avertit le journal 24 heures. "Il y aura probablement moins de Brouillard et Malice dans une Chambre haute plus conservatrice que jamais."

Pierre-Yves Maillard "joue dans une ligue où il est la fois la cible privilégiée d'une certaine droite économique sur le dossier européen et l'allié d'une autre, plus souverainiste", observe le quotidien vaudois. (ats)