Selon Roberto Balzaretti, la Suisse et la France "n'ont pas vraiment le choix et doivent coopérer"
Emmanuel Macron sera accueilli mercredi à Berne par le président de la Confédération Alain Berset. Selon Roberto Balzaretti, ambassadeur de Suisse en France, les vexations françaises vis-à-vis de la Suisse, notamment à cause de l'achat d'avions américains au détriment du Rafale français, sont "derrière".
"Avec près de 600 kilomètres de frontières communes, on n'a pas vraiment le choix, on doit coopérer", commente le diplomate dans La Matinale.
Les quelques difficultés politiques sont une chose, la réalité quotidienne de la coopération en est une autre
Selon lui, il y a quelques mois, plusieurs questions importantes ont été réglées entre les deux pays. Il cite, entre autres, l'accord de coopération de police qui permet des poursuites transfrontalières et l'accord de coopération militaire entre les forces de l'air.
Par ailleurs, l'économie n'a pas attendu les diplomates pour poursuivre la collaboration entre les deux pays: au total, "1300 entreprises suisses sont actives en France et elles emploient plus de 300'000 personnes. (...) Le nombre de frontaliers français ne cesse d'augmenter, on en est à presque 220'000", explique Roberto Balzaretti.
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La Suisse a démontré sa fiabilité
"Les quelques difficultés aux très hauts étages de la politique sont une chose, la réalité quotidienne de la coopération en est une autre. Et maintenant, ces deux choses convergent", commente l'ambassadeur.
Au-delà des difficultés, la Suisse a démontré sa fiabilité. Le plan de rachat de Credit Suisse était très attendu par la France et l'action du Conseil fédéral pour stabiliser la place financière mondiale a été appréciée à Paris.
Entre Emmanuel Macron et Alain Berset, il y a une certaine affinité
Depuis une semaine, les rencontres ministérielles s'enchaînent notamment avec la visite d'Alain Berset au forum pour la Paix à Paris. La participation active de la Suisse a été très appréciée par la présidence française. Selon l'ambassadeur, les deux présidents, Alain Berset et Emmanuel Macron, ont une certaine affinité, "ce qui permet de faire remonter les dossiers au plus haut niveau".
Les priorités françaises
Dans ses négociations avec la Suisse, la France a trois priorités en ce moment, estime Roberto Balzaretti, qui évoque les dossiers liés à l'eau (Rhône, Léman, Doubs), mais aussi au droit du travail à l'aéroport de Bâle-Mulhouse et à la question du manque de personnel qualifié.
Il y a une nécessité de ne pas créer des distorsions de part et d'autre
Dans le secteur de la santé, la France reproche à la Suisse de lui "piquer" de la main d'œuvre et d'aggraver par conséquent ses déserts médicaux. "Il y a une nécessité de tenir compte d'un intérêt global de la région, de ne pas créer des distorsions de part et d'autre parce qu'à moyen et long terme, ce n'est pas bon", selon le diplomate. A ses yeux, il existe dans ce dossier des pistes de discussion, dont un accès possible aux centres hospitaliers suisses pour les habitants des deux côtés de la frontière.
Les accords Suisse-UE, aussi une priorité
Sur le plan mondial, la France attend de la Suisse une coopération en matière d'accueil de réfugiés ukrainiens ou encore le blocage de fonds liés à la guerre en Ukraine ou au Moyen-Orient.
Il y a aussi l'éternel dossier européen. La semaine passée, la Confédération avait fait savoir que les discussions techniques entre Berne et Bruxelles sur un nouveau paquet d'accords étaient terminées et que le Conseil fédéral prévoyait un mandat de négociation avant la fin de l'année.
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Lundi, la France a réagi en déclarant qu'elle souhaitait une accélération des négociations. Roberto Balzaretti, ancien Monsieur Europe avant l'abandon de l'accord-cadre, explique qu'il faut surtout aller sur la voie qui mène à un résultat concret: "La vitesse est parfois téméraire et la lenteur est très intelligente. (...) Après, je pense que ça peut aussi aller un peu plus rapidement, mais, par expérience, je sais que le diable se trouve souvent dans le détail et qu'il faut s'occuper du détail pour que l'ensemble tienne debout."
Dans certains milieux français, on sait que la Suisse est le pays le plus innovant du monde
Selon l'ambassadeur, les clichés suisses sont encore très présents en France, mais dès que l'on parle avec les milieux économiques ou actifs dans les nouvelles technologies, "on sait qu'on est le pays le plus innovant du monde. On est très compétitif, on a des écoles de très haute qualité", affirme-t-il.
Propos recueillis par: Pietro Bugnon
Adaptation web: Miroslav Mares