Bain de foule et honneurs militaires pour Emmanuel Macron en visite d'Etat en Suisse

>> Retrouvez notre suivi du deuxième jour de la visite d'Etat d'Emmanuel Macron en Suisse : Frictions sur le campus de l'Unil avant l'arrivée d'Emmanuel Macron

Deux ans et demi après l’enterrement de l’accord cadre, la visite d’Emmanuel Macron en Suisse intervient au moment où le Conseil fédéral espère relancer les négociations avec l’Union européenne.

Pour débloquer le dossier, les acteurs envisagent un nouveau paquet d’accords bilatéraux plutôt qu’une solution institutionnelle. Les milieux économiques et europhiles applaudissent, mais la gauche syndicale et les souverainistes craignent pour la protection des travailleurs et l’indépendance de la Suisse.

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Jeudi, Emmanuel Macron visitera la Fondation Jean Monnet, l'un de pères de l'Europe, ainsi que le CERN à Geneve. Mais il se rendra surtout à l'Université de Lausanne où une rencontre très attendue, voire redoutée, avec les étudiantes et étudiants aura lieu. Un événement dans lequel s'inviteront les tensions liées au conflit au Proche-Orient.

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La Suisse a mis les petits plats dans les grands pour cette visite d'Emmanuel Macron. Mais du côté de la délégation française, les enjeux sont ailleurs, notamment du côté de la position de la France dans le conflit entre Israël et le Hamas. Les questions des journalistes français lors de la conférence de presse qui a suivi l'entretien entre les deux présidents tournaient d'ailleurs en majorité autour de ce thème.

Jeudi, par contre, il sera davantage question d'économie. Et là, la Suisse est un acteur de poids pour la France. Emmanuel Macron rencontrera d'ailleurs une brochette d'industriels et d'investisseurs suisses, pour une ambiance orientée plus business.

>> Les explications de Raphaël Grand dans le 19h30 :

La suite de la soirée a lieu au Bernerhof où Emmanuel Macron et Alain Berset sont attendus pour le Dîner d'Etat, point d'orgue de cette première journée de visite. Il aura d'ailleurs fallu des semaines de travail méticuleux pour que tout soit parfait le jour J.

>> Regarder le sujet du 19h30 sur les coulisses protocolaires de la visite d'Etat d'Emmanuel Macron :

La première communauté française à l'étranger se trouve en Suisse, avec près de 200'000 Françaises et Français vivant sur sol helvétique.

Pour cette raison, Emmanuel Macron est parti à la rencontre de cette communauté qui s'était donné rendez-vous ce mercredi en fin d'après-midi au centre Paul-Klee à Berne.

En marge de la visite du président français, Brigitte Macron s'est rendue mercredi à l'Ecole cantonale de langue française (ECLF) de Berne. Elle-même enseignante, elle a frappé professeurs et élèves par sa disponibilité et son intérêt pour les questions éducatives.

Le mercredi après-midi étant normalement congé, l’ECLF a chamboulé son programme. Environ 85% des quelque 320 élèves de l'établissement étaient présents.

Accessibilité de la Première dame

C'est avant tout l'accessibilité de la Première dame qui a surpris le directeur de l'école, Michel Clémençon, et son équipe. "Brigitte Macron a pris un bain de foule, elle a fait des selfies avec les élèves. Sa visite était très agréable", a-t-il déclaré à Keystone-ATS à l'issue de cette visite historique pour l'établissement.

L'idée de cette visite est venue de Muriel Zeender Berset, l'épouse du président de la Confédération, a précisé le directeur.

Avec les enseignants, Brigitte Macron a discuté d’intégration des élèves "à besoins particuliers" (à l'ECLF, des élèves trisomiques sont intégrés à des classes "normales") et de harcèlement scolaire.

Sur ce dernier sujet, elle a notamment présenté le concept "d'aide par les pairs" appliqué en France, où des élèves viennent en soutien à des camarades harcelés. "Une idée qui pourrait être reprise en Suisse", selon le directeur.

Concernant le dossier européen, Emmanuel Macron a dit espérer que les négociations avec la Commission européenne puissent être formellement lancées "sans attendre, dans l'intérêt de tous en respectant les préoccupations de chacun".

Sur le plan climatique, il a salué le premier sommet polaire organisé le 10 novembre dernier à Paris. Les glaciers et les zones alpines étant importants pour les deux pays.

Au niveau économique, Emmanuel Macron a rappelé les échanges de biens de 40 milliards d'euros "à peu près dans tous les secteurs". Une relation "très importante sur le plan géopolitique et extrêmement vivante et structurante pour nos deux pays, nos deux économies". Et de rappeler l'engagement commun dans le contexte des conflits en Ukraine ou au Proche-Orient.

>> Les dossiers franco-suisses en cours: débat entre Cyril Pellevat et Brigitte Crottaz dans Forum :

Eaux du Doubs et du Rhône, aéroport de Bâle-Mulhouse ou encore mobilité estudiantine: le président français Emmanuel Macron a insisté sur la collaboration bilatérale entre la France et la Suisse. Il a aussi évoqué l'engagement commun sur des sujets internationaux.

"Nous avons signé aujourd'hui une déclaration très importante qui va permettre d'améliorer la collaboration bilatérale pour promouvoir la mobilité étudiante", a déclaré mercredi Emmanuel Macron devant la presse à Berne. Et de citer plus de 700 partenariats universitaires entre la France et la Suisse. Ce pays est en outre la quatrième destination des étudiants français.

Dans d'autres domaines, "on a encore beaucoup de choses à accroître", a-t-il poursuivi. En matière de recherche et d'innovation, il a salué la visite jeudi au CERN, ce qui permettra non seulement "de célébrer ce formidable objet inédit de coopération scientifique et géopolitique, mais de lancer des programmes et une ambition nouvelle".

Il a fait part d'une "très bonne dynamique de discussion" concernant les eaux du Doubs et du Rhône, "des éléments très importants de la relation". Concernant l'aéroport de Bâle-Mulhouse, "on saura régler les dernières questions pendantes", a-t-il avancé.

>> L'analyse de Pierre Nebel dans le 19h30 :

"Vous ne le savez peut-être pas encore, mais vous êtes déjà européens", a glissé Emmanuel Macron face à la presse suisse, rappelant être un immense défenseur de l'Europe qui est une "invention philosophique et politique contemporaine inédite". "Notre continent a connu de nombreuses guerres. Mais depuis 70 ans, nous n'en connaissons plus grâce à cette invention européenne."

Avant de poursuivre: "L'Europe est dans les gènes de la Suisse." Les chiffres des échanges commerciaux et de personnes sont éloquents. "Tous les jours, par votre position géographique, par le fait que votre pays est ouvert, vous échangez avec le reste de l'Europe."

La conception européenne offre paix et sécurité, selon le président français. "Mais il y a une singularité suisse particulière, que nous aimons tous." On respecte le fait que la Suisse n'entre pas dans l'UE.

Interrogé sur le cas de l'Ukraine et des réexportations d'armes suisses, Emmanuel Macron a dit là aussi "respecter la neutralité de la Suisse". La Suisse a pris des décisions claires et courageuses sur la question des sanctions.

Le soutien à l'Ukraine ne doit pas faiblir. La Russie ne peut pas gagner cette guerre. "J'ai bon espoir que l'on parvienne à marier la neutralité suisse et la capacité à réexporter des armes", a ajouté le président Macron.

>> Regarder le sujet du 19h30 :

>> Regarder l'interview de François Cherix dans le 19h30 :

De nombreux sujets ont été abordés lors de l'entretien des délégations françaises et suisses, a poursuivi le président français. Notamment la guerre en Ukraine et le conflit au Proche-Orient.

Sur ce thème, la libération des otages, notamment français ou binationaux, est une priorité pour la France, a rappelé Emmanuel Macron en conférence de presse à Berne. Plus globalement, il n'y aura jamais de sécurité pour Israël s'il n'y a pas de règlement politique de la question palestinienne, a-t-il ajouté.

Des discussions impliquant entre autres le Qatar sont en cours pour la question des otages. Le ministre français des armées est en tournée dans la région. "Nous mettons tout notre poids pour libérer les otages."

Interrogés plus spécifiquement sur la situation autour de l'hôpital Al-Shifa à Gaza, où des civils sont présents et encerclés par l'armée israélienne, Emmanuel Macron et Alain Berset ont indiqué ne pas en avoir discuté mercredi.

La France doit avoir une position équilibrée, humaniste. Israël a le droit de se défendre, dans le cadre du droit humanitaire et le respect des populations civiles, a rappelé le président français. Les bombardements de structures civiles sont condamnables. Il faut un règlement politique et une solution à deux Etats.

La montée de l'antisémitisme en Europe est insupportable, a ajouté de son côté Alain Berset. "Nous ne devons pas permettre cette escalade." Et dénoncer cela, ce n'est pas fermer les yeux sur ce qui se passe à Gaza.

Après près d'une heure et demie d'entretien, le président de la Confédération Alain Berset et le président de la République française Emmanuel Macron ont donné rendez-vous aux médias pour une conférence de presse. Celle-ci a débuté à 17h30.

Dossier européen et multilatéralisme ont été au menu des discussions entre Emmanuel Macron et Alain Berset, a informé ce dernier mercredi devant la presse à Berne. Divers sujets bilatéraux ont aussi été abordés.

"La Suisse est profondément européenne, par sa position géographique mais aussi par ses valeurs et sa culture", a déclaré le Fribourgeois. "Cultiver une relation stable avec l'Union européenne est essentiel aux yeux de la Suisse. Nous avons pu faire le point sur la situation actuelle", a-t-il développé, rappelant la décision du Conseil fédéral la semaine passée d'adopter un mandat de négociation d'ici la fin de l'année. "C'est une étape importante dans notre stratégie qui vise à consolider et développer la voie bilatérale avec l'UE."

>> Revoir la conférence de presse :

Création de la communauté politique européenne saluée

Alain Berset a aussi salué la création de la communauté politique européenne sous l'impulsion de la France. Il a dit la volonté de la Suisse d'accueillir un futur sommet de cette communauté "parce que nous souhaitons aussi apporter notre contribution à cet effort de construction commune".

Il a encore indiqué que le multilatéralisme et la coopération entre les deux pays ont aussi été évoqués. "Les défis actuels requérant une coopération internationale exemplaire ne manquent pas", a-t-il relevé.

Et de citer "la guerre d'agression en Ukraine, l'explosion dramatique de la violence au Proche-Orient, le travail pas toujours facile en ces temps mouvementés au Conseil de sécurité de l'ONU, le respect du droit international et la protection des civils, et également tout ce qui concerne le changement climatique".

Comme lors de son discours officiel plus tôt dans l'après-midi, Alain Berset a insisté sur les liens qui unissent la Suisse et la France. Et de trouver important que "nos deux pays restent unis, que nos démocraties restent unies", dans un contexte "où les certitudes sont ébranlées, de multiplication des conflits et des crises, d'affaiblissement des démocraties, de résurgence des autoritarismes, de progression des inégalités, de montée de l'antisémitisme et du racisme en général".

>> Le sujet de Forum :

"Nous sommes plus que des voisins, nous sommes des amis", a déclaré mercredi le président français Emmanuel Macron lors d'un discours officiel dans la salle des pas perdus à Berne. "L'amitié entre nos deux pays a une histoire profonde."

Devant le Conseil fédéral in corpore ainsi que Brigitte Macron et Muriel Berset entre autres, le président français a fait référence à l'histoire, rappelant le traité de Fribourg de 1516, la "paix perpétuelle", "ce texte qui a amené près de trois siècles de paix" en Europe après la bataille de Marignan.

Les "600 kilomètres de frontière" entre la France et la Suisse ne sont "au fond qu'une coupure administrative", a relevé le président français, soulignant le nombre de Français travaillant en Suisse ainsi que la grande communauté d'expatriés suisses en France. Et de citer les citoyens, les entreprises, les artistes ou encore les scientifiques.

"Essayer de faire aboutir les négociations"

Emmanuel Macron a aussi évoqué le dossier européen, s'engageant pour faire avancer les négociations entre Berne et Bruxelles: "Il faut redéfinir une relation fondée sur une forte volonté politique entre la Suisse et l'Union européenne. Car l'UE a besoin de la Suisse et la Suisse, je le crois profondément, a besoin de l'UE. La devise européenne 'Unis dans la diversité' a une résonance particulière dans un pays comme le vôtre."

Et de poursuivre: "Nous vivons un moment-charnière pour la relation entre la Suisse et l'UE." Emmanuel Macron a indiqué être venu apporter "un message de confiance et d'action". Il a dit vouloir s'engager pour "essayer de faire aboutir les négociations avec Bruxelles ouvertes il y a 15 ans".

>> Le discours du président Emmanuel Macron :

La Suisse n'est pas si isolée au milieu de l'Europe, car on trouve en elle beaucoup de la France, a dit Alain Berset. Le président de la Confédération a salué les liens historiques entre les deux pays dans un discours officiel en présence d'Emmanuel Macron.

La Suisse doit à la France d'être devenue en 50 ans un Etat moderne. "Nous ne l'avons pas oublié, nous avons une dette politique", a souligné Alain Berset dans la salle des pas perdus du Parlement. Et de rappeler le rôle historique de Napoléon et de son Acte de médiation, qui amena deux notions en Suisse: l'égalité et la République.

Les deux pays partagent une langue et une culture. Il y a des liens très anciens de cousinage et d'amitié.

"L'heure est grave", a poursuivi Alain Berset, citant Blaise Cendrars, artiste engagé dans les deux pays et qui a perdu sa main pour la France lors de la Première Guerre mondiale. Le monde a été affaibli par la pandémie, et désormais la guerre en Ukraine, au Haut-Karabakh, au Proche-Orient fait rage, l'antisémitisme et le racisme montent.

Après l'accueil officiel et les deux hymnes nationaux, les deux couples présidentiels ont pris un bain de foule, accompagnés par la fanfare de l'armée et leur personnel de sécurité. Ils ont échangé avec les personnes présentes, serré de nombreuses mains et même pris la pose pour des selfies.

Le président français a visiblement apprécié l'exercice.

Alors qu'Alain Berset lui signale le retard sur le programme officiel, il lance à la foule pressée derrière les barrières de sécurité: "Il faut qu'on y aille, le Conseil fédéral nous attend".

>> La rencontre avec le public sur la Place fédérale :

Aucun débordement n'a été constaté.

>> Le sujet de Forum :

Tous les conseillers fédéraux ont été présentés au président Emmanuel Macron. Chacun a pu rappeler les contacts qu'il a eus dernièrement avec le grand voisin français.

>> L'arrivée du président Emmanuel Macron à Berne :

Environ un millier de curieux s'étaient rassemblés pour pouvoir apercevoir le couple présidentiel, a constaté un journaliste de Keystone-ATS. Certains avaient apporté de petits drapeaux tricolores.

Le président français Emmanuel Macron est arrivé mercredi en Suisse pour une visite d'Etat de deux jours. Il a été accueilli à l'aéroport de Berne-Belp par le président de la Confédération Alain Berset.

Le locataire de l'Elysée était accompagné notamment de son épouse Brigitte. Il doit se rendre à Berne, où il sera reçu avec les honneurs militaires par le Conseil fédéral in corpore sur la Place fédérale. Les discours officiels seront ensuite prononcés dans la Salle des pas perdus du Palais fédéral, avant les entretiens politiques.

Les relations diplomatiques entre les deux pays et d'importants dossiers bilatéraux seront au menu des discussions, selon le Département fédéral de l'intérieur (DFI). Les objectifs de la Suisse en vue de la stabilisation et du développement de la voie bilatérale avec l'Union européenne seront également abordés.

Les mesures de sécurité sont renforcées à l'aéroport de Berne-Belp, où doit atterrir l'avion d'Emmanuel Macron.

Sur la place fédérale, le président français sera reçu avec les honneurs. Un événement prestigieux pour l'armée suisse qui s'y prépare avec assiduité. Depuis deux jours, une centaine de soldats, répartis sur deux rangs, rejouent la cérémonie dans une caserne miliaire de Berne.

Contrairement aux armées étrangères, la Suisse ne dispose pas d'une formation d'honneur permanente.

>> Voir l'intégralité du sujet du 12h45  :

A Berne, les préparatifs vont bon train. Sur la Place fédérale, entièrement bouclée, les drapeaux européens et français ont été hissés. "On ressent une certaine tension", constate dans le 12h30 Philéas Authier, correspondant de la RTS à Berne.

"Un peu partout, des policiers surveillent les lieux. Impossible de savoir le nombre de personnes mobilisées pour la manifestation. Car pour des raisons de sécurité, la police fédérale ne veut pas communiquer ce chiffre", explique-t-il.

Le coeur de la capitale est très calme, presque désert. On y croise seulement quelques policiers, quelques journalistes ou des techniciens en train de mettre en place les derniers préparatifs.

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AP/Keystone

Du côté de l'hôtel Bellevue, on déroule également le tapis rouge. C'est dans cet établissement que se fera l'échange de cadeaux officiels et qu'Emmanuel Macron signera le livre d'or du Conseil fédéral.

A Berne, les habitants et le monde politique se réjouissent de la venue du président français.

"Nous sommes voisins et nous avons des relations de très longues dates. Maintenant, c'est l'occasion de les approfondir et de les améliorer, notamment après les différends que nous avons eues dans le temps passé", affirme Fabian Mollina, conseiller national PS zurichois.

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Avant Emmanuel Macron, de nombreux présidents français ont visité notre pays. La dernière fois, c'était en 2015, l'occasion pour François Hollande de vanter le succès de l'économie suisse.

"La Suisse est une économie qui est à l'échelle du monde, avec une industrie particulièrement brillante", avait-il déclaré.

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Le président français est en visite d'Etat à Berne à l'invitation de son homologue suisse Alain Berset. Cette visite rare couronne le réchauffement des relations diplomatiques entre les deux pays, même si du côté des parlementaires, on n'attend pas de grandes avancées.

"En soi, c'est un très bon signe pour nos relations bilatérales entre la Suisse et la France", affirme mercredi dans La Matinale Simone de Montmollin, conseillère nationale et vice-présidente de la délégation pour les relations avec le Parlement français.

>> Ecouter l'intégralité de l'interview de Simone de Montmollin dans la Matinale :

Keystone - Peter Klaunzer

"Après, avec ce genre de visites, on ne peut pas s'attendre à de grandes décisions. Elles sont là surtout pour montrer nos points communs, pour réaffirmer notre volonté de collaboration", explique Simone de Montmollin.

La plupart des observateurs ne s'attendent pas à des annonces fracassantes. De l'avis général, c'est d'abord une visite symbolique et un message d’amitié.

>> Ecouter l'intégralité des explications sur les enjeux de cette journée dans La Matinale :

Keystone - Alastair Grant

>> Les enjeux de la visite dans le 12h45 :

Genève espère attirer l'attention de Paris

Du côté du Grand Genève, région d'un million d'habitants et à cheval sur les deux pays, cette visite, c'est l'occasion d'attirer l'attention de l'administration française. Ses problématiques sont principalement liées aux transports, à l'aménagement du territoire ou au développement économique.

Selon Christian Dupessey, maire d'Annemasse, l'équilibre est un enjeu crucial. "On est aujourd'hui dans une situation où le développement économique de Genève ne peut pas se faire uniquement en se disant, les gens habiteront de l'autre côté de la frontière".

>> Ecouter l'intégralité des explications des attentes du Grand Genève dans La Matinale :

Keystone - Leandre Duggan

Analyse de Paris

Cette visite ne fait pas les grands titres des journaux français. Même s'il sera "beaucoup question d'Europe au sens large, c'est-à-dire au niveau du continent, face aux crises internationales", selon Raphaël Grand, correspondant de la RTS à Paris.

"Vu de Paris, la Suisse qui ne fait pas partie de l'Union européenne a son rôle à jouer. Elle est définie comme un carrefour industriel et technologique au centre de l'Europe", analyse-t-il.

>> Voir les explications de Raphaël Grand, correspondant de la RTS à Paris, dans le 19h30 :

Emmanuel Macron et sa femme Brigitte arrive mercredi en Suisse pour une visite d'Etat d'une durée de deux jours. Le président français sera reçu dès 14 heures à Berne avec les honneurs militaires sur la Place fédérale, en présence des sept Sages. Les discours officiels seront ensuite prononcés à l'intérieur du Palais fédéral, dans la salle des pas perdus. Ils seront suivis par des discussions au Bernerhof, siège du Département fédéral des finances.

Au menu des discussions: économie, recherche, énergie, environnement, santé, mobilité, ou encore diplomatie scientifique. Le fil rouge se concentrera toutefois sur les relations avec l'Union européenne.

Emmanuel Macron va plaider pour une "accélération" de l'accord avec l'UE. L'Elysée estime que ce déplacement sera "l'occasion d'échanger" sur "le renforcement de la coopération" face aux crises géopolitiques actuelles, mais aussi de la relation bilatérale, marquée par des liens économiques et commerciaux très intenses. Le président Macron veut encore "échanger sur la place de la Suisse sur le continent européen".

Lausanne et Genève jeudi

Jeudi, Alain Berset et Emmanuel Macron visiteront la Fondation Jean Monnet, à Lausanne, où sont conservées les archives du précurseur de l'Union européenne. Le président de la Confédération et son homologue français participeront ensuite à un événement à l'Université de Lausanne, où Emmanuel Macron doit effectuer un exposé sur les défis du continent européen.

Le président de la République se rendra aussi à Genève pour une visite du CERN, l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire, symbole de la coopération transfrontalière. Ce voyage au bout du Léman sera aussi l'occasion pour les acteurs du Grand Genève - un million d'habitants - d'essayer d'attirer l'attention de Paris sur les problématiques propres à la région.

>> Lire aussi : Emmanuel Macron viendra parler d'Europe avec Alain Berset à l'Université de Lausanne

Invité mardi dans La Matinale, Roberto Balzaretti, ambassadeur de Suisse en France, décrypte les relations entre la Suisse et la France avant la visite d'Emmanuel Macron cette semaine. Avec près de 600 kilomètres de frontières communes, les deux pays "n'ont pas vraiment le choix de coopérer", commente le diplomate dans La Matinale.

Dans ses négociations avec la Suisse, la France a trois priorités en ce moment, estime Roberto Balzaretti, qui évoque les dossiers liés à l'eau (Rhône, Léman, Doubs), mais aussi au droit du travail à l'aéroport de Bâle-Mulhouse et à la question du manque de personnel qualifié.

Selon le diplomate, le président français et Alain Berset ont une affinité, non seulement linguistique, mais aussi culturelle. Les deux présidents ont une certaine affinité, "ce qui permet de faire remonter les dossiers au plus haut niveau".

>> Lire : Selon Roberto Balzaretti, la Suisse et la France "n'ont pas vraiment le choix et doivent coopérer"

>> Voir l'interview de Roberto Balzaretti dans La Matinale :

Faut-il s'attendre à un changement dans les relations franco-suisses, rendues ombrageuses ces dernières années par l'achat d'avions de combat américains plutôt que français, et une réticence de la Suisse à collaborer avec l'Union européenne? La question a été posée mardi à Marc Ferracci, député des Français de Suisse, dans l'émission Forum.

"Je pense que le changement est déjà à l'oeuvre. Depuis un certain nombre de mois, on assiste à une forme de réchauffement de la relation bilatérale qui s'est traduit par des contacts entre Emmanuel Macron et successivement les présidents Ignazio Cassis et Alain Berset, mais aussi par des visites ministérielles en Suisse qui n'avaient pas eu lieu depuis un certain temps", détaille-t-il.

Sur la question du dossier européen et notamment le mandat de négociation demandé récemment par le Conseil fédéral, Marc Ferracci estime "qu'on gagne tous à ce que ces négociations aillent le plus vite possible et qu'elles s'accélèrent."

Mobilité et santé

Concernant les relations purement franco-suisses, le député s'interroge surtout sur les questions de mobilité transfrontalière, comme la ligne ferroviaire entre Belfort et Bienne.

"Il y a aussi beaucoup de dossiers qui intéressent les élus français, notamment autour des questions de santé. La Suisse est très attractive pour la main-d'oeuvre du domaine médical, ce qui peut participer, parfois, à la création de phénomènes comme les déserts médicaux", explique-t-il.

>> Voir l'interview de Marc Ferracci dans Forum :

La visite d'Emmanuel Macron jeudi à l'Université de Lausanne pour débattre de l'Europe chahute l'alma mater à cause des propos pro-israéliens du président français au début de la guerre contre le Hamas.

Une partie des étudiants reproche à l’université d’avoir interdit plusieurs actions de soutien aux victimes palestiniennes, dont un match de football. Et en revanche d’avoir accepté la venue du président français qui a apporté son soutien à Israël dans ce conflit.

Le collectif Lausanne-Palestine avait ainsi lancé une pétition contre la visite d'Emmanuel Macron, avant de la retirer après obtenu certaines garanties, comme le droit d'aborder lors de la rencontre le conflit entre le Hamas et Israël.

Pour déminer le terrain, l'Université de Lausanne a publié lundi un communiqué afin d'exprimer sa solidarité avec toutes les populations du Proche-Orient, une prise de position demandée par le collectif Lausanne-Palestine vendredi passé lors d'un échange avec le rectorat.

Ce message de solidarité est similaire à celui apporté par l'institution le 13 octobre aux populations israéliennes. Sur son site, l'Université de Lausanne a exprimé sa consternation face aux violences dont sont victimes les habitants de Gaza et a réclamé le respect de la vie de toutes et tous.

>> Plus d'informations : L'Université de Lausanne joue l'apaisement avant la venue d'Emmanuel Macron