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Pour faire baisser les primes, les frontaliers vont passer à la caisse

Faut-il faire payer davantage les frontaliers assurés en Suisse ?
Faut-il faire payer davantage les frontaliers assurés en Suisse ? / Forum / 5 min. / le 17 novembre 2023
Parce qu'il vont être intégrés dans un savant calcul, les frontaliers assurés en Suisse verront leurs primes bondir. Une mesure qui touche particulièrement les Genevois et leurs voisins français.

Il est temps de participer à l'effort de guerre: c'est en substance le message que vient de lancer le Conseil national aux quelque 141'000 frontaliers assurés en Suisse.

Comme le souhaitait le Conseil fédéral, les affiliés à la LAMal qui traversent la frontière quotidiennement seront prochainement intégrés dans la compensation des risques, un savant calcul chargé d'empêcher les assureurs de ne s'attacher que des clients en bonne santé et donc moins chers.

Conséquence: la prise en compte dans les statistiques de ces actifs majoritairement jeunes et présentant peu de risques (moyenne d'âge: 38 ans) va permettre de faire baisser les primes des résidents suisses (moyenne d'âge: 54 ans). Principaux bénéficiaires: les assurés qui vivent dans les cantons de Genève et Bâle-Ville, où officient beaucoup de frontaliers. Ces résidents verraient leurs primes baisser de respectivement 14 et 13 francs par mois, soit un peu plus de 2%.

Hausse de 65%?

En revanche, la pilule solidaire risque de passer moins bien chez les frontaliers: leurs primes pourraient bondir de près de 65%. Helsana, le principal assureur des travailleurs frontaliers, précise que selon les estimations du Département fédéral de l'intérieur, la prime moyenne des assurés qui résident en France augmenterait de 129 francs environ, elle se monte actuellement à 207 francs, sans accident.

Une augmentation conséquente, mais qui reste loin de la moyenne suisse mensuelle de 554 francs, à franchise égale (300 francs).

"C'est une mesure juste, en faveur de laquelle le Canton de Genève s'est positionné", analyse Patrick Mazzaferri, directeur du Service de l'assurance maladie genevois.

"La compensation des risques est un système de solidarité entre assureurs qui vise, entre autres, à ce que la différence entre les primes soit la plus faible possible, et qu'ainsi les assurés de la même région ne paient pas des sommes trop différentes les unes des autres. Au fil des ans, l'offre de certains assureurs LAMal pour les frontaliers, parce que leurs assurés n'étaient pas inclus dans la compensation des risques, a été toujours plus attractive, séduisant des assurés jeunes et en bonne santé. Il est juste qu'un souci d'équité prédomine, et que ces assurés soient pris en compte dans le calcul général cantonal. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans un système social et pas un système privé", développe-t-il.

Interviewée vendredi dans l'émission Forum, Céline Amaudruz, conseillère nationale UDC genevoise, se réjouit de son côté de la fin d'une "inégalité de traitement" au sein "d'une même assurance sociale", estimant qu'une "lacune dans la loi" est désormais corrigée.

Celle qui est également présidente de la Commission de la Santé juge par ailleurs que le risque de rendre la Suisse moins attractive est nul. "Le salaire moyen suisse est bien supérieur au salaire moyen de la France par exemple. Le pouvoir d'achat des frontaliers est souvent bien supérieur à ceux des Suisses, donc non je ne crois pas qu'on va rendre moins attractif la Suisse", analyse-t-elle.

Une population qui génère peu de coûts

"Nous reviendrions à des tarifs proches de 2013, tempère Yoann Tairraz, responsable de l'agence genevoise Helsana. Cette réforme de la LAMal est avantageuse pour les résidents de Genève et Bâle-Ville, moins pour les frontaliers. Elle n'aura toutefois aucun impact sur les coûts de la santé en Suisse, seulement sur les primes. Les frontaliers assurés à la LAMal représentent une population qui génère peu de coûts, en partie parce qu'ils se soignent le plus souvent en France."

En effet, un assuré français à la LAMaL conserve la possibilité de se soigner sur le sol français, où le prix des consultations et des médicaments est moins élevé. Une visite chez un médecin en Suisse coûte entre 100 et 150 francs tandis que le même acte de l'autre côté de la frontière sera facturé 25 à 50 euros.

"Nous avons donc à faire à une population active et assurée en Suisse, mais qui est non seulement en meilleure santé, car jeune, et qui en plus paye moins cher ses consultations", résume Pierre Loïc Faury, président du Groupement Transfrontalier.

"Environ 90% des frais remboursés ont été effectués sur le territoire français. Dans ce contexte, il est logique qu'il reste un écart mathématique entre les primes d'un frontaliers et d'un résident. On ne peut pas être contre le principe d'équité, mais il doit rester une différence d'au moins 30 ou 40%", ajoute-t-il.

Quant à la crainte que les frontaliers désertent en masse la LAMal au bénéfice de la sécurité sociale française, elle est nulle: depuis juin 2014, un frontalier doit choisir dès son arrivée sur le sol helvétique s'il opte pour la Sécurité sociale française ou son homologue suisse. Ce choix est définitif. Les 44'350 frontaliers genevois assurés actuellement à la LAMal n'auront d'autre choix que de passer à la caisse, aussi amère la pilule soit-elle.

Cécile Denayrouse

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