Les dernières élections fédérales ont encore renforcé le lobby paysan. Dès le mois de décembre, la part des agriculteurs au Conseil national passera ainsi de 7,5 à 10%, alors que la branche représente à peine 2,5% des emplois en Suisse.
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Cette force du monde paysan en politique est toute helvétique, selon Andrea Pilotti, politologue à l'Université de Lausanne. "Le Parlement de milice a favorisé la présence à Berne de professions indépendantes qui étaient plus facilement capables de concilier leurs exigences professionnelles avec les exigences du mandat politique", explique-t-il lundi dans La Matinale de la RTS. Et les agriculteurs font justement partie de ces professions indépendantes.
D'autre part, il existe une véritable culture de la mobilisation paysanne depuis la création de l'Union suisse des paysans (USP) à la fin du 19e siècle, "qui a permis de légitimer le monde de la paysannerie sur le plan politique".
Andrea Pilotti estime également que l'élection en 1929 de Rudolf Minger, le premier conseiller fédéral issu du Parti agrarien - qui deviendra plus tard l'UDC - a donné une plus grande force politique aux paysans suisses.
Des agriculteurs très engagés
La force de ce groupe d’intérêt ne surprend pas le président de l'USP Markus Ritter. "Les paysannes et les paysans sont très engagés dans les communes et dans les cantons, car nous sommes très touchés par beaucoup de thèmes politiques", explique-t-il.
Par ailleurs, les sondages annuels de l'USP démontrent que l'agriculture est une branche qui jouit d'une grande crédibilité auprès de la population, affirme Markus Ritter. "Ces sondages montrent toujours que la confiance dans le travail des paysannes et des paysans est très grande", ajoute le président de l'USP.
Des alliances importantes
La faîtière sait également tisser de larges alliances pour atteindre ses objectifs. La dernière en date, avec economiesuisse et l'Union suisse des arts et métiers (USAM), a porté ses fruits.
Selon l'USP, l'agriculture pourra compter sur une quinzaine de défenseurs supplémentaires au Parlement pendant la prochaine législature. "Nous avons des députés dans plusieurs partis", rappelle Markus Ritter.
Ces élus n'exploitent pas tous un domaine. Certains sont simplement proches du monde agricole ou sensibles à ses problématiques. Mais ils consolideront un lobby déjà très puissant et bien décidé à mener le combat contre les coupes prévues dans le budget de l’agriculture, sujet qui sera abordé lors de la session d'hiver des Chambres.
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Marielle Savoy/edel