La Suisse est-elle dans son bon droit en autorisant le tir préventif du loup, alors que le canidé fait partie des espèces "strictement protégées"? C'est au Conseil de l'Europe de trancher la question.
Plusieurs associations pro-loup suisses, dont CHWOLF et Avenir Loup Lynx Jura (ALLJ), ont déposé une plainte auprès de l'organisation intergouvernementale . Elles veulent prouver que la Suisse viole ses obligations liées à la Convention de Berne, dont elle est signataire, en tuant des loups qui n'ont pas commis de dégâts.
Plainte recevable
La plainte déposée le 16 novembre a été jugée recevable par le Conseil de l'Europe qui va maintenant enquêter. La Suisse pourrait recevoir uniquement un blâme, l'instance européenne n'ayant pas le pouvoir d'imposer des sanctions.
Le calendrier n'est pas connu, mais la décision ne devrait pas tomber avant des mois. Elle pourrait même prendre plus d'une année, a indiqué le président de l'ALLJ, Eric Jaquet. Il reconnaît que la mesure intervient trop tard pour avoir un quelconque effet sur l'autorisation des tirs préventifs qui entre en vigueur le 1er décembre.
Le Valais et les Grisons ont déjà une soixantaine d'individus dans le viseur.
Espèce "strictement protégée"
La Convention de Berne est un accord juridiquement contraignant qui vise la protection de la flore et de la faune sauvages en Europe ainsi que la conservation de leurs habitats naturels.
Selon Eric Jaquet, le gouvernement agit à la limite de la loi en décidant d'autoriser les tirs préventifs, soulignant que le peuple a refusé en 2020 une révision de la loi sur la chasse prévoyant ce type de tirs. Il dénonce aussi le fait que la phase de consultation était trop courte.
Les tirs préventifs sont possibles uniquement du 1er décembre au 31 janvier 2024. Malgré cela, le président de l'association de protection du loup et du lynx souligne que l'autorisation pourrait être renouvelée l'année prochaine. Il espère donc que le Conseil de l'Europe prendra une décision d'ici-là.
ats/doe